Depuis des mois, avant l’arrivée de la maladie du Coronavirus ou Covid- au Mali, les plus hautes autorités du pays, étaient au four et aux moulins, pour que la pandémie ne fasse son entrée au Mali. Des mesures avaient été prises quand l’étau commençait à se resserrer sur notre pays, avec l’apparition des cas confirmés dans tous les pays limitrophes du Mali: l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et la Guinée Conakry. Mais hélas, elles n’ont pas suffi pour épargner notre pays qui est déjà fragilisé par des multiples crises.
Pour accompagner les autorités dans la lutte contre le Covid-19, les acteurs des services publics, privés, d’associations de jeunes et des femmes, des leaders religieux, coutumiers, traditionnels, des transporteurs, d’acteurs du secteur informel, de sport, chefs de famille, ont décidé d’apporter leurs pierres à la sensibilisation afin que soit respectées à la lettre les mesures d’hygiène et de protection annoncées.
On voit clairement une mobilisation générale des Maliens du côté des autorités pour que l’épidémie soit vite stoppée dans notre pays. En plus des six milliards de Fcfa débloqués par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, avant l’arrivée du Covid-19 au Mali, pour lutter contre la pandémie, les soutiens tombent de la part des Maliens pour soutenir l’Etat dans la lutte. L’on note des gestes de l’opérateur économique Tidjani Ben Al Houssein (100 millions) de Fcfa, de la Banque UBA Mali (58,6 millions de Fcfa), de la Fédération Malienne de Football (5 millions de Fcfa), du PMU Mali (100 millions de Fcfa), des 1,6 milliards de Fcfa des Nations Unis, des 500 millions de Fcfa du secteur privé, etc.
Ce soutien collectif des maliens aux autorités, ce réveil citoyen des uns et des autres pour respecter les consignes de couvre-feu et les mesures édictées par les autorités, est à salué fortement. Car, en respectant ces mesures, c’est sauver notre pays, c’est se sauver et sauver les autres. C’est pour que l’Etat malien existe.
Ces idées de prévention, de couvre feu pour protéger le pays et ses fils, n’est pas venu du néant. C’est parce que les responsables actuels du pays ont été à l’école, ont été soutenus par l’Etat malien pour qu’ils deviennent ce qu’ils sont aujourd’hui. Parce que l’Ecole a fait d’eux des têtes bien pensantes. En d’autres termes, si ce n’était l’éducation, la formation, notre pays aura manqué de matière crise pour faire face à la situation. L’importance de l’éducation est donc bien évidente à ce niveau.
Mais le comble est que cette éducation est laissée à elle-même par l’Etat depuis belles lurettes. Grèves des syndicats d’enseignants ou d’étudiants, effectifs pléthoriques dans les salles de classes, manques d’infrastructures digne de ce nom, années tronquées, facultatives, blanches, insuffisances de laboratoires crédibles de recherches pour les enseignants, mauvaises gestions des heures supplémentaires, des frais de corrections ou de surveillances, déficit de professeurs, sont entre autres le quotidien des élèves, étudiants, enseignants, administrateurs de l’école malienne. Visiblement, l’on sent l’Etat absent aux côtés de l’école et l’on aperçoit l’indifférence des populations aux grèves, aux cessations de travail dans les écoles. L’on s’assoit à côté des problèmes pour chercher à les colmater à la dernière minute. C’était le cas de l’année scolaire 2018-2019. Autre exemple frappant est la grève des Syndicats de l’éducation signataires du 15 Octobre 2016. Depuis la rentrée scolaire 2019-2020, c’est des grèves sans cesse, c’est des marches pacifiques incalculables des enseignants signataires du 15 Octobre 2016. Des marches souvent réprimées par les forces de l’ordre.
Pourquoi, malgré les forums, colloques sur l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, notre école qui a guidé les premiers pas de la plupart d’entre nous, ne connait-elle pas une telle mobilisation autour d’elle? Pourquoi les engagements pris ne sont pas respectés? Pour quoi on n’accorde pas d’importance à cette école pour que prennent fin les grèves en son sein? Pourquoi une mobilisation générale n’est pas faite autour d’elle sachant bien qu’on est unanime de l’assertion de feu Nelson Mandela «L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde». Sans mobilisation autour de notre école, notre pays pourra-t-il avoir cette arme pour faire parti des nations qui changent le Monde ? Ne doit-on pas se mobiliser comme un seul homme autour d’elle pour la faire sortir des dizaines d’années de coma et la permettre de retrouver son aura d’antan dans les concerts des nations?
Hadama B. Fofana
Source: Lerepublicainmali