L’Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA -Association) a tenu, le samedi 27 octobre 2018, sa 6eme Assemblée Générale à l’occasion de la célébration de ses 28 années d’existence. A cette occasion, la présidente de l’Association, Mme Sy Kadiatou Sow, a rappelé que notre pays fait face à une crise multidimensionnelle dont la crise sécuritaire, la crise postélectorale et sociale. « Notre pays va très mal et nos concitoyens perdent de plus en plus espoir en l’avenir », a-t-elle dit.
La présente Assemblée Générale a permis de passer en revue les activités réalisées au cours de la période allant de Juin 2016 à septembre 2018 d’une part et de formaliser les nouvelles adhésions d’autre part. Dans son discours, la présidente de l’Association, Mme Sy Kadiatou Sow a indiqué que son association, en décidant en Février 2009 de relancer ses activités, s’est fixée comme objectifs : la sauvegarde des libertés publiques fondamentales, la consolidation d’une société démocratique et pluraliste. Pour elle, cette Assemblée Générale se tient à un moment extrêmement difficile pour notre Pays et particulièrement éprouvant pour la communauté nationale et pour les amis du Mali. En effet, dira-t-elle, chaque semaine apporte hélas son lot de morts, de blessés, de victimes innocentes de la barbarie. « Le constat que nous avons fait lors de notre dernière Assemblée Générale de 2016 reste hélas d’actualité et la situation s’est même dégradée. Nous faisons face à une crise multidimensionnelle. A la crise sécuritaire, s’est ajoutée une crise postélectorale et sociale. Oui, notre pays va très mal et nos concitoyens perdent de plus en plus espoir en l’avenir. », a-t- elle indiqué.
Sur le plan sécuritaire
Malgré la signature de l’Accord pour la Paix et de réconciliation nationale issu du processus d’Alger en Mai 2015, selon elle, les multiples arrangements entre groupes armés rebelles aussitôt violés, les accointances entre les dits groupes armés et les terroristes dits djihadistes dénoncées d’abord par les populations victimes et reconnues ensuite par la communauté internationale, les menaces de sanctions, l’insécurité s’est installée de façon quasi permanente et générale non seulement dans les régions dites du Nord et celles du Centre (Mopti et Ségou) mais aussi à des degrés divers sur l’ensemble du territoire malien.
« Notre Association continue de croire et avec une profonde angoisse que l’Accord pour la Paix et de réconciliation nationale issu du processus d’Alger renferme les germes de la discorde. L’Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA-ASSOCIATION) assimile cet Accord pour la Paix et de réconciliation nationale à une constitution type rédigée à Alger comparable à ce qu’est pour le Burundi la Charte d’Arusha, dont le Mali est obligé de s’inspirer pour rédiger la constitution de la IVème République, instaurant un statut fédéral déguisé de l’État malien. », a dit Mme Sy.
La crise postélectorale
A la suite de la proclamation définitive des résultats de l’élection présidentielle, a-t-elle indiqué, nous avons donné notre avis sur le déroulement du processus électoral et avons invité « ceux qui détiennent de fait le pouvoir d’Etat, à prendre la pleine et juste mesure des contestations (à l’intérieur comme à l’extérieur au sein de la diaspora) et engager sans délai une concertation avec tous les protagonistes du processus électoral autour des conditions préalables à la tenue des prochaines élections législatives et au-delà de l’agenda électoral, à initier un véritable et sincère dialogue national autour des questions majeures pour la Nation. Toute stratégie basée sur le «laisser faire, laisser pourrir» ne ferait que conforter l’escalade et nous éloigner de l’apaisement et la stabilité, que tous les Maliens et amis du Mali appellent de leurs vœux. ». Les résultats de l’élection présidentielle sont toujours contestés par une large partie de l’opposition et de la société civile de l’intérieur comme de la Diaspora.
Menace sur les acquis démocratiques
Selon la présidente de l’A.DE.MA Association, Mme Sy Kadiatou Sow, la liberté d’expression et de manifestation sont des acquis démocratiques qui sont en train d’être menacés, aujourd’hui. « Notre association renouvelle sa vive préoccupation face aux graves atteintes aux droits humains : arrestations arbitraires, enlèvements musclés de citoyens (singulièrement les hommes de médias) et confiscation de leurs biens en dehors de toute procédure légale. Notre association à la suite de nombreuses autres dénonce ces pratiques inadmissibles dans un Etat de droit et réclame le respect strict des procédures légales. », a-t-elle expliquée.
Le front social lui aussi reste en ébullition
De l’avis de la première responsable de l’association, « on constate une rupture de confiance entre les citoyens et les pouvoirs publics suite aux nombreux engagements non tenus, à une absence de véritable dialogue social. » Les frustrations qui découlent de cette gouvernance désastreuse, selon elle, alimentent de vives tensions dans les différents secteurs d’activités du Pays. « Des citoyens se rebiffent contre des injustices flagrantes, la répartition inégale des ressources publiques, le favoritisme, la gestion clanique, l’impunité, le laisser aller, l’arrogance et le mépris de la part de certains cercles privilégiés du pouvoir. Il est difficile pour ceux qui revendiquent à tort ou à raison de meilleures conditions de vie et de travail, de comprendre que ceux qui doivent donner l’exemple d’une gestion rationnelle, rigoureuse des deniers publics en diminuant par exemple le train de vie de l’Etat, ne se privent pas de largesses et autres avantages et demandent aux autres de consentir des sacrifices pour le Pays. Bien au contraire les dénonciations de nombreux scandales liés à la mauvaise gouvernance, semblent laisser les pouvoirs publics totalement indifférents. », a-t-elle soutenu.
Moussa Dagnoko
Source: Le Républicain