Au cours de sa visite de 48 heures, la délégation des Nations unies s’est bien imprégnée de la situation difficile et complexe que notre pays traverse depuis 2012
La délégation onusienne a rencontré les autorités de la Transition, la société civile, les signataires de l’Accord pour la paix. Le clou de cette mission était la rencontre avec les autorités de la Transition. À cet effet, la délégation a été reçue, dimanche, à la Primature par le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, entouré à l’occasion de plusieurs membres du gouvernement.
À l’attention de ses hôtes, le chef du gouvernement a indiqué que cette visite intervenait à un moment crucial de la vie de notre nation, marquée depuis quatre mois par la rectification de la trajectoire de la Transition, intervenue le 24 mai 2021.
Le Premier ministre a expliqué à ses hôtes, les quatre axes du Plan d’action de son gouvernement. Il insistera ensuite sur le besoin de sécurité, de justice, de réforme voire de refondation, tout en soulignant que la transition politique en cours au Mali est le fruit de cette aspiration populaire.
Dr Choguel Kokalla Maïga a rappelé que la décision de la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections et de la tenue des Assises nationales de la refondation découle de l’impératif du changement pour éviter de retomber dans une crise post-électorale, du genre de celles de 2018 et de 2020.
Pour le chef du gouvernement, le changement de paradigme doit concerner aussi le domaine de la sécurité. Ce changement, qui doit aboutir à l’amélioration de la situation très préoccupante sur le terrain, interpelle les partenaires parmi lesquels la Minusma dont la posture et le mandat doivent tenir compte de son environnement d’évolution, a ajouté le Premier ministre Maïga qui a invité les membres du Conseil de sécurité et l’ensemble des partenaires à apporter leur soutien à la réussite de la transition.
LANGAGE DE VÉRITÉ- À l’issue des échanges ayant duré plus de deux heures, le Premier ministre a remercié les émissaires de l’Onu pour les questions pertinentes évoquées sur le calendrier de la Transition, le bien-fondé des Assises nationales de la refondation, la lutte contre l’impunité, etc. « Ce que nous souhaitons, c’est que la communauté internationale nous accompagne, nous soutienne pour rétablir la securité au Mali, pour permettre de faire les réformes nécessaires, refonder l’État conformément au souhait des Maliens…», a indiqué Dr Choguel Kokalla Maïga.
L’ambassadeur du Niger aux Nations unies s’est dit heureux d’avoir entendu un certain nombre de vérités et d’explications de la bouche du Premier ministre. Le diplomate a précisé que la question du calendrier électoral et de la tenue des Assises nationales de la refondation a été évoquée.
« Nous partons rassurés, impressionnés par les arguments du Premier ministre. Je pense que dans l’examen de la situation du Mali, le fait que l’ensemble des membres soient venus portera un impact positif lorsque l’on discutera de cette question au Conseil de sécurité », a souligné le diplomate nigérien.
Après la Primature, la délégation du Conseil de sécurité a été reçue à Koulouba par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. À l’issue de cette rencontre, elle a rendu hommage aux casques bleus tombés pour la paix au Mali au Quartier général de la Minusma dans le cadre de la Journée des Nations unies.
Au cours de la conférence de presse organisée pour faire le point des discussions, les ambassadeurs du Kenya, du Niger et de France ont expliqué qu’ils étaient venus transmettre aux autorités maliennes un message de solidarité et de soutien.
« Nous avons écouté les autorités de la Transition. Nous avons rappelé la nécessité d’avancer sur la voie de la transition telle que prévu dans le respect des aspirations et des besoins de la population », a souligné l’ambassadeur kenyan Martin Kimani. Abondant dans le même sens, celui du Niger dira que c’est une mission de solidarité et d’écoute pour le Mali et pour l’ensemble de la région du Sahel confrontés aux défis du terrorisme, aux impacts du changement climatique, à la dégradation de la situation humanitaire et aux problèmes de développement.
Selon Abdou Abarry, les autorités de la Transition leur ont parlé des Assises nationales de la refondation comme un préalable à la tenue des élections. « On ne peut pas avoir d’objections pour des réformes parce que le pays a connu pas mal de difficultés », a-t-il indiqué. Toutefois, le diplomate nigérien dira qu’il ne faudrait pas retarder de façon prolongée la fin de la Transition et la possibilité de donner aux Maliens de choisir les personnes qui vont prendre en charge la destinée du pays.
Quant à l’ambassadeur de France, Nicolas de Rivière, il a indiqué que cette mission a été utile car elle a permis d’avoir des échanges avec les différents acteurs. Des échanges qui ont permis à la délégation d’apprendre beaucoup de choses. Il a invité les autorités maliennes à respecter leurs propres engagements en mettant un terme à la Transition dès que cela sera possible. C’est donc une délégation du Conseil de securité bien imprégnée de la situation du pays qui a quitté le Mali.
Dieudonné DIAMA
Source : L’ESSOR