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Mise en œuvre intégrale et « risque de partition » du Mali au profit d’une minorité : La colère des communautés sédentaires à culture songhaï contre l’État malien !

A travers un point de presse tenu à la Maison de la presse, le samedi 6 février 2021, le collectif « Songhay Chaawara Batoo » composé des associations, collectifs, fédérations, populations sédentaires, a dénoncé la « marginalisation » par l’État malien, des communautés sédentaires de culture songhaï dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ledit collectif a également invité l’ensemble des Maliens et la communauté internationale à se mobiliser « pour dénoncer et s’opposer par tous les moyens légaux contre le risque de la partition du Mali ».

Si les éléments de la CMA et de la plateforme se réjouissent de la volonté des autorités transitoires à aller vers la mise en œuvre intégrale et diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, ce n’est pas le cas chez les communautés sédentaires à culture songhaï. Celles-ci crient déjà à une injustice et dénoncent ce qu’elles qualifient d’une tentative de partition du Mali. « Depuis des décennies, la réalité de tous les jours, ne nous donne pas d’autre choix que de sortir pour dire un non obligé aux tentatives inavouées de partage de notre terroir, à travers des actions unilatérales qui excluent la majorité silencieuse de la population : les communautés sédentaires de culture songhaï », a-t-on lu dans le manifeste du collectif Songhay Chaawara Batoo.

Après avoir rappelé les combats héroïques de la jeunesse de Gao contre l’insécurité, pour l’unité du Mali et la cohésion entre les Maliens, les conférenciers ont déploré une injustice à l’encontre des populations sédentaires à culture songhaï. « Après le vote d’une loi relative au découpage territorial, un décret a été fait expressément pour satisfaire aux exigences de l’Accord en ce qui concerne les régions sous-peuplées à dominante ethnique connue. Ils furent contestés par les Maliens à cette époque parce qu’ils consacrent artificiellement la domination politique de minorités sur une majorité. Les populations du nord de notre pays, les sédentaires de culture songhay, y voyaient là un clair partie pris en faveur de ceux-là qui ont pris les armes contre la République et qui réclamaient une cessession », ont rappelé les conférenciers, très remontés. Pour ces ressortissants du nord, la relecture de l’Accord d’Alger est une nécessité, ne serait est-ce que pour l’unité du Mali.

Les sédentaires de la culture songhay qui déplorent ne pas être écoutés par les autorités maliennes, promettent de prendre leurs responsabilités « en s’opposant, par tous les moyens légaux, à toutes les velléités qui excluraient les communautés sédentaires de culture songhaï de la gestion concernée de leurs terroirs ». 

La colère des membres du collectif Songhoy Chaawara Batoo suite à la création du Conseil consultatif interrégional de la zone de développement des régions du nord du Mali

Pour les sédentaires du nord Mali, la création de ZODERN-Mali « en dit long sur les vraies intentions des autorités quant découpage territorial des régions du nord ». Avec cette décision, les sédentaires qui sont majoritaires, seront mis en minorité, selon les conférenciers. « Nous le rappelons si besoin est que, ces intentions longtemps cachées, dévoilées sous formes de mesures iniques et injustes n’ont qu’une finalité : fabriquer une majorité territoriale, administrative et politique pour une minorité ethnique, au détriment des populations sédentaires de culture songhay des régions concernées », a-t-on indiqué dans le manifeste.

L’appel du collectif Songhoy Chaawara Batoo

Les communautés sédentaires de culture songhay disent ne plus croiser le bras face au risque de partition du Mali. Elles disent prendre acte « de la marginalisation des communautés des cultures songhay par notre État, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord ». Elles dénoncent « les termes qui portent des germes discriminatoires, à l’opinion nationale et à la communauté internationale ». A en croire leur manifeste, les populations sédentaires de culture songhay ne sont jamais mêlées ou impliquées dans toutes ces séries de rebellions de 1963, 1990, 2006 et 2012 « initiées par une partie minoritaire des Arabo-Touaregs contre l’État malien ».  

Les communautés sédentaires de la culture songhay réunies au sein du collectif Songhoy Chaawara Batoo ont profité de cette sortie médiatique pour demander « la préservation de la cohésion sociale et du vivre ensemble, un traitement équitable, objectif et non discriminatoire du découpage territorial dans le cadre de la politique de décentralisation ». Elles demandent également, entre autres : la relecture de l’Accord pour la paix et la réconciliation pour prendre en compte sur le même pied d’égalité tous les Maliens, et particulièrement, toutes les communautés vivant au nord ; une enquête indépendante sur les tueries perpétrées sur les jeunes et femmes des mouvements de résistance civile de Gao et de Tombouctou ; l’intégration des personnes auxquelles promesse avait été faite au retour de l’armée nationale à Gao.

Le collectif Songhay Chaawara Batoo a, enfin, invité l’ensemble des Maliens et la communauté internationale à se mobiliser pour dénoncer et s’opposer par tous les moyens légaux contre ce qu’il qualifie d’« injustice » et de « risque de partition » du Mali.

Boureima Guindo 

Source: Journal le Pays- Mali

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