Après deux mois d’agitation et d’instrumentalisation de l’opinion, à des fins séditieuses, les adversaires du Président sont-ils désormais contraints de laisser tomber le masque ? Les divergences de stratégies et de modes d’action qui se font de plus en plus jour au sein de la Plateforme, ont fait, en effet, fait apparaître deux tendances : ceux (plus nombreux) qui sont par conviction ou par suivisme contre le référendum et ne veulent que le retrait du projet et ceux qui voient en la Plateforme un tremplin pour assouvir leur ambition pouvoiriste pour ne pas dire putschiste, à savoir faire partir le Président IBK pour mettre en place une transition.
Comment concilier les objectifs stratégiques des deux camps ? Sans aller à la rupture, au sein de la Plateforme ‘’An Tè A Bana’’, on tente difficilement de maintenir un semblant d’unité et de détermination dans une certaine cacophonie sur fond de démobilisation larvée.
Une reculade peu glorieuse
Après avoir brandi des haches et des machettes, et menacé de « rendre ingouvernable Bamako » à l’expiration d’un ultimatum lancé à la hussarde, se sentant lâchés par la troupe qui reste cramponnée au seul et unique objectif (Non au référendum), les faucons de mouvement se résignent à une reculade peu glorieuse derrière le paravent des notabilités traditionnelles et religieuses.
De la désobéissance civile saucissonnée par leurs éminences grises, que nenni ! Motus et bouche cousue ! Trop d’implications et de complications judiciaires pouvant amener les organisateurs au cachot… Or, ces ‘’petits messieurs’’ de grands discoureurs ne sont pas tous disposés et candidats volontaires pour un séjour tous frais payés au « gnouff ». Contrairement aux jeunes leaders (comme Rasta) qui ont fait preuve de détermination, de sacrifice, mais aussi de clairvoyance.
Aussi, pour faire ingurgiter à l’opinion la couleuvre de leur capitulation, ils tentent de brandir comme alibi et faits justificatifs les respectables notabilités traditionnelles et religieuses.
On aurait pu croire et prendre au sérieux cette Plateforme-là, si après sa rencontre ce lundi avec ces notabilités, elle avait dit : vous êtes les plus hautes autorités morales de notre pays, nous acceptons sans condition votre intercession.
Mais au lieu de cela, se bombant de suffisance et affichant une insolente arrogance, n’a-t-elle pas, dans un communiqué rendu public ce même lundi 14 août,
-maintenu ‘’sa revendication de voir le projet retiré et le référendum annulé en attendant la satisfaction des conditions préalables indispensables sur les plans sécuritaire, technique, matériel et de consensus’’.
– indiqué à ces mêmes notabilités ‘’que la décision de lever le mot d’ordre de marche du 16 Août dépend de l’Assemblée générale prévue le Mardi 15 Août à 16h, conformément à son fonctionnement’’.
-avant de leur rappeler ‘’que la simple déclaration verbale promettant de mettre un terme au projet de révision constitutionnelle ne peut suffire à convaincre les Maliens sur la sincérité de cette promesse (…). Que seule peut faire foi une adresse officielle du Président de la République ».
L’injure au statut moral
Derrière le ‘’refus poli’’, manifeste est l’injure au statut moral de leurs hôtes. Alors, de grâce, qu’on arrête de prendre les Maliens pour ceux qu’ils ne sont pas.
Les véritables raisons de la reculade de la Plateforme sont à rechercher ailleurs, en tout cas, pas dans le vestibule des familles fondatrices. Elle a reculé parce qu’il y a divergence dans ses rangs quant à la stratégie, l’orientation et les ambitions de plus en plus politiciennes du mouvement. Et par-dessus tout, elle se rend compte d’un basculement du rapport de forces qui lui faisait craindre un fiasco certain dans l’hypothèse du maintien de la marche. «…Pourquoi on s’empresse de marcher demain… Reportons la marche de demain pour pouvoir bien organiser la prochaine », balancé par une responsable politique de la Plateforme, sonne comme un constat de démobilisation dans les rangs, si ce n’est de lâchage des troupes comme indiqué ci-dessus. Tout au moins, une stratégie de reculer pour mieux sauter.
Rien, absolument, n’aurait conduit ces irascibles adversaires de ne pas mettre en œuvre leur plan, quitte à voir les rues inondées de sang et jonchées de cadavres (comme l’avait noté B. Mariko à la veille du 22 Mars 1992) s’ils étaient en position de force.
Mais, voilà, Dieu aime le Mali, et tous les opposants au référendum ne détestent pas le Président IBK… Surtout à cette extrémité-là !
A court d’arguments et de souffle, usés par deux mois d’agitation, de manipulation et instrumentalisation improductives, les adversaires du Président IBK, engouffrés dans la Plateforme, tentent un dernier baroud d’honneur. Contrée au dedans de la Plateforme par la mouvance citoyenne qui rejette l’extrémisme et le putsch projeté et au dehors par l’écrasante majorité de la population et tous les politiques républicains qui ne souhaitent plus des troubles politiques (fanga kelè), la Plateforme d’opposition se dévoile et tente de revêtir son putsch projeté du manteau de la légalité.
Changement ou accélération de stratégie ?
Sentant les rangs se desserrer, les faucons annoncent samedi dernier qu’à l’expiration de leur ultimatum exigeant du Président IBK le retrait pur et simple de son projet de révision constitutionnelle le MARDI 15 AOÛT à minuit, la Plateforme ‘’An te a banna’’, qui se réserve le droit d’exiger la démission immédiate et sans condition du Président de la République de toutes ses fonctions, marchera sur l’Assemblée Nationale pour remettre une lettre au Président du Parlement en vue d’exiger la mise en accusation du Président de la République pour violation de la Constitution et parjure… pour haute trahison.
Ainsi, est abandonné le scenario à la burkinabé, à savoir prendre d’assaut l’Assemblée nationale, molester les députés qui ont osé voter la loi, incendier le Parlement, provoquer des émeutes pour demander la destitution du Président par la rue. Changement de stratégie ? En fait, il ne s’agit que d’un changement du mode opératoire, l’objectif étant et restant le même : obtenir le départ du Président IBK du pouvoir.
Par Bertin DAKOUO