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Michel Sidibé, ministre de la Santé et de l’Action sociale, hier, sur RFI : «La couverture médiatique sur le coronavirus est devenue anxiogène et participe à l’affolement de chacun… »

Nous avons la chance que le Président de la République considère que cette pandémie est une priorité, même si nous sommes dans une situation de guerre avec des difficultés au niveau humanitaire. Il a décidé de présider une réunion extraordinaire du Conseil Supérieur de la Défense au cours de laquelle les mesures importantes ont été prises : la suspension jusqu’à nouvel ordre des vols commerciaux en provenance des pays touchés à l’exception des vols cargos, la fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles, la suspension jusqu’à nouvel ordre de tous les regroupements publiques y compris les ateliers, les colloques, les séminaires, les meetings populaires et l’interdiction jusqu’à nouvel ordre des regroupements à caractère social, sportif, culturel et politique…

Rfi : Est-ce que vous avez engagé des consultations avec les dirigeants des différentes confessions religieuses pour organiser ces rassemblements à caractère religieux ?

Oui, le gouvernement a déjà engagé des consultations avec les responsables religieux et nous sommes en train de mettre en place avec ces religieux un plan d’action ; lequel plan d’action va certainement être énoncé sous peu.

Au niveau du continent : hier, on recensait 450 cas confirmés ! Ce qui veut dire que ce sont uniquement des personnes testées dans 30 pays d’Afrique. Pour l’instant, aucun cas officiellement recensé au Mali… Est-ce qu’il y a eu des cas suspects de testés ?

Oui, je peux dire que jusqu’à présent aucun cas confirmé. Nous avons eu 62 tests et ces tests se sont révélés négatifs. Mais, il faut être prudent. Comme je l’ai dit : il ne faut surtout pas de l’arrogance. Il faut de l’humilité. On n’a aucune visibilité sur la fin de cette pandémie. Je pense que c’est une question de temps. Dans différents pays, la tempête se produira à différents moments.

Au niveau de la surveillance, nous avons réactivé le cordon sanitaire existant durant la lutte Ebola, que ça soit au niveau aérien ou terrestre. Mais nous avons surtout mis en place un mécanisme de coordination très fort qui nous permet d’avoir en temps réel d’avoir l’information stratégique et nous aide à aller vers des actions ciblées pour faire en sorte qu’on évite le cas.

Pour l’instant, on a développé un plan qui est robuste qui, d’ailleurs, ressemble un peu au plan de la France. Ce n’est pas la peine de réinventer le fil à couper le beurre. La première phase, c’est vraiment d’empêcher l’entrée du virus. Nous avons anticipé et c’est pour cela que nous avons pris ces mesures fortes comme si on avait le virus. Donc, nous essayons de limiter la propagation.

En matière de capacité de test, de quoi dispose le Mali ? Est-ce que vous avez ces tests ?

Je crois qu’il faut être réaliste… la plupart des pays ont un problème énorme au niveau des équipements : que ça soit les respirateurs, les extracteurs, les nappes, les gels. Donc, aujourd’hui, les tests posent un problème très sérieux… nous avons à l’heure actuelle au maximum 2000 tests. Vous vous imaginez ce qui s’e passe en Italie, ce qui se passe aujourd’hui en France. Si nous avons une explosion même sur le continent de façon exponentielle, nous aurons vraiment des problèmes majeurs.

Bien évidemment l’heure n’est pas à la langue de bois Michel Sidibé, on ne va pas faire comme vous le disiez ‘’fanfaronner’’ en disant : ‘’nous pourrons faire face à tout’’. On connaît la fragilité du système de santé dans la sous-région, on en parle tous les jours dans ‘’Priorité santé’’, on ne va pas faire semblant. Si quelque chose arrive à grande échelle, c’est vraiment quelque chose de dangereux. Qu’est-ce qui est fait en matière de coopération régionale ? Où en êtes-vous ? Comment s’établit la liaison avec l’Organisation Mondiale de la Santé ? On sait qu’il y a des cas au Burkina, au Sénégal…Qu’est-ce que vous faites pour travailler ensemble ?

Il y a un mois, avec l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé, nous avons décidé d’avoir une rencontre avec tous les ministres de la Santé de la CEDEAO à Bamako, parce que je pensais qu’il était indispensable que nous puissions nous consulter pour faire l’état des lieux, savoir exactement au niveau de la science quel type d’information nous avons : les stocks, qu’est-ce qu’il faut faire, quelles sont les mesures de coordination à mettre en place. Aujourd’hui, avec l’OAS, nous avons une communication journalière mais je crois que ce n’est pas suffisant.

Ce qui est important, aujourd’hui comme vous le disiez, il ne faut pas de langue de bois. On a besoin – au niveau le plus élevé comme je le disais, au niveau des leaders politiques africains- d’avoir une vision continentale qui va nous permettre de pouvoir nous positionner avec des approches qui vont contrôler cette épidémie sur le continent.

Michel Sidibé, vous dites qu’on a besoin mais est-ce qu’on l’a ?

Oui je crois qu’à l’heure actuelle, même si elle existe, j’ai l’impression que comme vous le savez, on a un grand problème avec la couverture médiatique sur le coronavirus et c’est devenu anxiogène et elle participe à l’affolement de chacun et c’est ce qu’il faut éviter. Je crois qu’il ne faut pas qu’on s’enferme. Chaque pays sur son petit réseau interne, il faut nécessairement aller au-delà de cela pour avoir des approches transfrontalières et avoir des mesures qui vont nous permettre – au cas où on serait en face du pire- de réagir différemment.

Communiquer, sensibiliser, je pense que dans les prochaines semaines, on aura l’occasion d’échanger de nouveau avec vous, Michel Sidibé, ministre malien de la Santé. Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions !

Source : RFI

Transcrit par Moulaye Allassane Haïdara/

source Le Challenger

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