Après avoir chassé la Mission des Nations unies pour le Mali, les autorités de la transition ont annoncé un plan d’actions pour atténuer les conséquences de ce retrait sur les employés maliens, notamment ceux qui étaient embauchés par la Mission onusienne.
Parmi ces mesures, la signature en janvier dernier d’un protocole d’accord engageant le staff local de la MINUSMA aux banques (BNDA et BDM) sous le leadership du gouvernement du pays, à travers le ministère de l’entrepreneuriat national.
L’objet de ce protocole est de faciliter et d’atténuer le remboursement des encours de prêts contractés par le personnel local de la MINUSMA suite au départ de la Mission, sous réserve que chaque partie signataire respecte ses engagements tels que détaillés dans les articles suivants.
L’espoir suscité par cet accord signé en grande pompe semble prendre un coup à seulement trois mois de mise en œuvre. Des parties sont partagées entre l’esprit et les lettres du protocole. Ainsi, le staff local de la MINUSMA crie à la violation dudit protocole censé les faciliter le remboursement de leur encours.
« Nous avons été surpris de constater que la BDM retienne à la fois les indemnités et les pensions des anciens travailleurs de la MINUSMA ayant contracté des prêts auprès d’elle », nous confesse une victime de la situation, regrettant que cette démarche de la BDM soit de nature à entacher l’esprit du protocole en son article 4 dont la finalité est de faciliter le paiement des encours suite au départ de la MINUSMA à la demande du gouvernement malien. Ce processus a pris fin le 31 décembre 2023, faisant place à la phase de la liquidation de la Mission onusienne démarrée en janvier dernier.
Pour notre source, ce n’est le non-respect de l’article 4 qui est la pomme de discorde. En effet, cette disposition dans son alinéa 1 du protocole engage les deux banques à : « Accepter la quote-part de 50% des droits du travailleur (indemnité et/ou pension en déduction anticipée du montant dû de leur prêt en cours, sans que les encours au 1er janvier 2024 ne fassent l’objet de quelconque frais ou pénalités. Ces indemnités et ou pensions dues aux membres du personnel seront versées sur le compte du membre endetté. Toutefois, il devra être permis aux membres du personnel qui le souhaitent et dont le montant des droits le permet, de solder par anticipation la totalité de leur prêt en cours, sans que les encours au 1er janvier 2024 ne fassent l’objet de quelconque frais ou pénalités ».
Au stade actuel et à ce rythme de rétention, le protocole manque des doses de clémence susceptibles d’atténuer les conséquences du retrait de la MINUSMA qui employait des milliers de Maliens, en plus de permettre à des dizaines de fournisseurs de faire des chiffres d’affaires importants, a déclaré notre source. Son souhait est de clarifier la disposition de l’article 4 en vue de léver toute équivoque, tout en maintenant les préoccupations des anciens travailleurs de la MINUSMA.
«La rétention de la moitié de nos pensions alimentaires nous inflige de sérieuses souffrances pour qui sait que nous ne travaillons pas actuellement et ne comptions que sur cette somme pour affronter la période de disette », a affirmé l’ancien de la MINUSMA.
Contactée par nos soins, une source au ministère de l’entrepreneuriat, sans ambages, nous a affirmé que la rétention à la fois des « indemnité et pension » n’est pas normal au regard du protocole. Ainsi, une réunion entre le ministère de l’entrepreneuriat jeune et les deux banques concernées s’est tenue le mardi 2 avril dans le but de pallier les difficultés. Cette rencontre, qui était très attendue, s’est soldée par un échec, commentent des membres du staff local de la MINUSMA.
« Il n’y a pas eu d’évolution positive. Au début, c’était la BDM seule qui était indexée. A ce jour, la BNDA est aussi rentrée dans la danse. Au même moment, le gouvernement, garant du protocole, semble laisser-faire. Nous estimons que nous avons été trahis », a dénoncé la victime, tout en demandant la libération intégrale de leur pension alimentaire.
Une autre source très frustrée par la situation tempête : « Nous avons l’impression d’être trahis par le gouvernement qui a pourtant pris des engagements pour œuvrer à l’atténuation des conséquences du retrait de la MINUSMA ». Pour cet ancien de la Mission onusienne, ça sent du bluff.
A SUIVRE
PAR SIKOU BAH