Aujourd’hui, le Sénégal, de même que plusieurs autres pays d’Afrique de l’Ouest, fait de réels efforts dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Cependant, il faut reconnaître que la plupart des stratégies engagées sont gangrenées par un sérieux manque de moyens et par la faiblesse des appareils militaires et sécuritaires. Par conséquent, tous les efforts visant à faire face à la menace terroriste reposent, pour une grande part, sur le soutien financier et technique de la part de partenaires extérieurs.
Au cours de ces dernières années, l’action de l’Union européenne en soutien aux efforts de lutte contre le terrorisme s’est inscrite dans le cadre de sa stratégie pour la sécurité et le développement dans le Sahel. Celle-ci a été adoptée en 2011par le Conseil de l’UE et était censée matérialiser la solidarité européenne avec les pays du Sahel qui sont touchés par la menace terroriste .
Cette stratégie européenne s’est articulée autour de 4 grands axes d’intervention dont les plus importants restent le renforcement de la coopération régionale et celui des capacités sécuritaires nationales en plus de l’État de droit.
Outre le Sénégal, 3 pays sahéliens étaient particulièrement concernés par cette stratégie : le Mali, la Mauritanie et le Niger, des pays directement concernés par la crise djihadiste. Grâce à une dotation de 600 millions d’euros, ce programme vise à intervenir dans les domaines dans lesquels les États connaissent le plus gros nombre de difficultés.
Cependant, plusieurs limites ont déjà été soulignées à l’égard de cette stratégie de coopération. Plusieurs observateurs lui reprochent son incapacité à aller au-delà des concepts traditionnels en ce qui concerne la sécurité. Il lui est reproché aussi une certaine incapacité à fournir des équipements militaires à certains pays africains comme le Sénégal, le Mali et la Mauritanie dans leur effort de lutte contre le terrorisme. Des pays qui en ont pourtant besoin.
Pire, l’opérationnalisation de la stratégie, un des principaux défis de l’UE, a largement tardé à démarrer. Dès lors, la guerre en Libye et le conflit au nord du Mali l’ont rendu particulièrement difficile à mettre en œuvre, d’autant plus qu’il s’agissait d’une stratégie qui avait été mise en place en vue prévenir la menace terroriste .
Il faut dire que cette initiative aurait très bien pu fonctionner si elle avait été lancée un peu plus tôt, sans attendre que la situation sécuritaire dans le Sahel se dégrade. On lui reprochera donc, outre sa frilosité, le fait de n’avoir pas pu mesurer avec exactitude l’ampleur de la menace terroriste.
Aujourd’hui, l’Union européenne tente de rectifier le tir sur le Sénégal, une des dernières poches de stabilité dans la région avec un programme d’appui au renforcement du contrôle et de la surveillance aux Frontières. Récemment, de nouveaux postes de contrôle ont été ouverts à Dagana et financés par l’UE . Un autre poste a aussi été construit à Diama et celui de Rosso a été réhabilité. Au total, c’est 9 postes-frontière qui seront construits au Sénégal aux frontières avec la Mauritanie et le Mali. Un appui qui permet au Sénégal de renforcer son dispositif de surveillance de sa frontière avec les pays voisins d’où pourrait provenir la menace terroriste. D’ailleurs, depuis le lancement de ce programme d’appui, plusieurs arrestations de présumés djihadistes ont eu lieu au niveau de ces postes-frontière.
Toutefois, l’UE est toujours réticente à l’idée de financer des secteurs comme l’équipement militaire, un secteur dont le Sénégal, malgré de réelles avancées, connait parfois de réelles limites.
P . O . THIAW
Kibaru