Florence Parly s’est rendue au Niger jeudi pour soutenir les troupes du G5 Sahel, la force de lutte contre le jihadisme. Cette visite vient à point nommé quelques semaines après l’attaque qui a touché le quartier général de la force antiterroriste.
Florence Parly, la ministre française des Armées, a rencontré jeudi au Niger son homologue nigérien, Kalla Moutari et le président Mahamadou Issoufou, pour « renforcer la dynamique opérationnelle » de la force antijihadiste du G5 Sahel.
Le Niger assure actuellement la présidence du G5 Sahel, groupe de cinq pays (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie) qui a constitué une force militaire conjointe pour lutter contre les groupes jihadistes qui sévissent dans la région.
Pour son septième déplacement dans la région, Florence Parly a visité le poste de commandement du « fuseau centre » de la force militaire conjointe à Niamey. Elle s’est également rendue à Ouallam, à 100 kilomètres au nord de la capitale nigérienne, pour rencontrer des troupes françaises de l’opération antijihadiste française Barkhane, qui soutiennent celles du G5 Sahel.
« Depuis le début de l’année, ce sont 120 djihadistes qui ont été neutralisés. 120 parmi lesquels certains sont des chefs parmi les plus influents et les plus dangereux », a assuré la ministre des Armées à l’issue de sa rencontre avec le président Issoufou. « Construire de toutes pièces une force commune à cinq pays, c’est un très grand travail et je dois vous dire que peu de pays ont réussi à faire autant que ce que les cinq pays du G5 Sahel ont réussi en l’espace de quelques mois », a-t-elle estimé, alors que les débuts de la force sont difficiles.
En un an, celle-ci a mené, avec l’appui direct et logistique de la France, une poignée d’opérations, malgré lesquelles plusieurs attaques jihadistes meurtrières ont frappé fin juin le Mali et le Niger. Le quartier général de la force du G5 Sahel à Sévaré, dans le centre du Mali, a notamment été frappé.
« Les débuts ont été relativement difficiles parce que les armées du G5 Sahel sont des armées issues de pays qui sont relativement pauvres, donc qui n’ont pas les moyens technologiques, nos moyens matériels, notre entraînement », a expliqué le général Bruno Guibert, commandant de la force française Barkhane.
« Portée symbolique »
En effet, l’attentat du 29 juin contre le quartier général de la force antijihadiste du G5 Sahel, a montré les faiblesses du dispositif, selon des experts et responsables militaires. Pour Nicolas Desgrais, chercheur à l’université britannique du Kent sur la coopération militaire au Sahel, outre les dégâts matériels, « il y a une portée symbolique qui est énorme”. L’attaque, qui a visé le poste de commandement central, a fait trois morts, dont deux militaires maliens..
Mais, dès le lendemain de l’attaque, trois jours avant le sommet à Nouakchott de l’Union africaine, en présence du président français Emmanuel Macron, dirigeants politiques et militaires martelaient qu’ils ne se laisseraient pas impressionner.
« Ce sont des attaques qui ne doivent pas nous faire baisser les armes », a déclaré le chef d’État nigérien, Mouhamadou Issoufou, président en exercice du G5 Sahel, tandis que son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta promettait de « traquer les terroristes jusque dans leurs derniers retranchements ».
Depuis sa mise en place, le G5 Sahel peine à trouver des financements. Bien que le budget, de quelque 420 millions d’euros, ait été bouclé lors de réunions de donateurs internationaux, les fonds tardent à arriver et empruntent des canaux multiples, à la fois multilatéraux et bilatéraux. L’Arabie saoudite avait promis, en 2017, 100 millions d’euros. Ils devront servir à acheter des équipements à l’industrie militaire française, selon une source au ministère des Armées à Paris. Des moyens supplémentaires doivent être aussi alloués à Barkhane en 2019 : hélicoptères, drones, missiles et blindés, toujours selon le ministère des Armées.
Crédibilité
Cependant les revers de la force conjointe entache sa crédibilité “auprès des partenaires internationaux que les pays du G5 veulent mobiliser » financièrement, explique Nicolas Desgrais. « Comment aller solliciter un partenaire quand vous n’arrivez même pas à sécuriser votre poste de commandement central ? ».
En outre, tout manquement au respect des droits de l’Homme, comme l’exécution sommaire en mai de douze civils par un de ses bataillons à Boulkessy, dans le centre du Mali, selon une enquête de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), risque de lui aliéner le crucial soutien de la population.
En attendant que la force du G5 Sahel trouve ses marques, les combats continuent entre groupes jihadistes et troupes rebelles. Un affrontement, dans le nord-est du Mali, près de la frontière nigérienne entre groupes armés impliqués dans l’accord de paix et jihadistes a fait une dizaine de morts mercredi, selon les deux camps.
France 24