Sans la coopération entre pays africains, la lutte contre le terrorisme sera un échec. Ce qui n’augure rien de bon pour les pays africains, notamment ceux du Sahel. Telle est la conviction exprimée par le président rwandais Paul Kagame.
«Les pays africains doivent travailler ensemble pour lutter contre le terrorisme. Sinon, nous ne réussirons pas à mettre fin aux problèmes sécuritaires sur le continent», a déclaré à Libreville (Gabon) le président Paul Kagame. C’était le 10 juin 2019, en réponse à une question sur la lutte contre le terrorisme suite à la nouvelle attaque qui a fait une centaine de morts Sobane Da (Bandiagara/Mopti), au centre du Mali.
Visiblement, président Kagame est décidé à prendre les choses en main en sonnant la mobilisation générale et la synergie d’action contre les réseaux terroristes du continent. C’est aux Africains de résoudre les problèmes africains
Pour le leader rwandais, «cette coopération est nécessaire car certains problèmes traversent les frontières, ils ne sont pas confinés à une zone ou à un pays».
A l’issue d’une rencontre avec le chef de l’Etat gabonais Ali Bongo Ondimba, Kagame a déclaré que «la résolution des problèmes africains doit être africaine». Et cela d’autant plus que, a-t-il précisé, «les aides venue de l’extérieur du continent peuvent parfois compliquer encore plus les problèmes». Il faisait sans allusion à l’opération française Barkhane au Sahel. De l’avis du leader panafricaniste, «la meilleure façon de résoudre les problèmes est de travailler avec les pays africains et des institutions comme l’Union africaine et de venir ensuite les aider dans leurs initiatives».
Il rejoint en quelque sorte l’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo, qui rappelait dans une interview que «l’Afrique ne peut pas être prise au sérieux dans l’agenda sécuritaire mondial si elle ne finance pas sa propre sécurité». Et de poursuivre, «les Etats membres de l’UA doivent commencer par payer leur contribution au budget de l’organisation et aux opérations de paix, car notre dépendance à l’égard des donateurs étrangers limite notre marge de manœuvre et notre autonomie politique. C’est une question de volonté politique et de leadership».
Mais, pour le Nigérian, cela ne signifie pas pour autant que la communauté internationale ne doit pas être impliquée dans la résolution des problèmes du continent. Elle peut être un partenaire laissant «les Africains en première ligne». Et cela d’autant plus que, est convaincu Obasanjo, «nous sommes les mieux à même de régler les conflits sur notre sol parce que nous savons mieux que quiconque de quoi il retourne. Le passé nous prouve que nous sommes capables de trouver des solutions. La décolonisation était une solution africaine. Nos dirigeants n’ont pas hésité à prendre les armes face à certaines puissances coloniales qui rechignaient à nous donner notre indépendance».
De la même façon, a-t-il poursuivi, lors de la guerre civile de Sierra Leone et du Liberia dans les années 1990, le contingent nigérian était au premier plan de la supervision des cessez-le-feu dans les pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avec l’Ecomog. «Et notre engagement nous a permis d’obtenir le soutien de partenaires extérieurs à l’Afrique», a conclu Olusegun Obasanjo. Il est clair que mieux armés, les contingents nigériens et tchadiens seraient aujourd’hui plus efficaces que Barkhane contre les réseaux terroristes.
Naby
LE MATIN