« Je ne resterais pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de Transition » et si Bamako allait “dans le sens” d’un islamisme radical, la France retirerait ses troupes du Mali, s’insurgeait, la semaine dernière, le président français, en tournée en Afrique australe, contre le Mali. Dont des officiers de son armée venaient de s’emparer, pour la deuxième fois en neuf mois de Transition, du pouvoir. N’est-ce pas ce énième chantage d’Emmanuel Macron contre le Mali, une bourde de trop ? Macron ne se ment-il pas à lui-même pour avancer de tels propos alors que, il y a juste un mois (en avril), c’est lui-même qui adoubait la prise de pouvoir des militaires au Tchad, à la mort du président Idriss Déby, pour avancer des raisons géostratégiques et sécuritaires au Sahel? Les putschistes tchadiens, en s’emparant du pouvoir (certainement sur les instructions du même Macron), n’avaient-ils pas violé l’ordre constitutionnel de succession au pouvoir de leur pays? La France est-elle capable de se retirer aussi facilement du Mali alors qu’elle y détient de nombreux intérêts économiques et géostratégiques ?
Que la France et ses autorités sachent raison garder ! Notamment, lorsque les dirigeants français s’adressent à l’Afrique et aux africains, sur les questions internationales, ils doivent éviter les comportements paternalistes et arrêter le mensonge. C’est évident que la quasi-totalité des anciennes colonies françaises subissent actuellement le néocolonialisme. Mais ce qu’endure le Mali est pire que nulle part ailleurs. Notre pays, depuis 2012, a perdu sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire national. Depuis cette date, c’est l’ONU, à travers la Minusma, et la France, à travers l’opération militaire Barkhane, qui assurent la souveraineté du Mali au détriment des Autorités maliennes. Notre pays est soumis aux diktats de la France et de la Communauté internationale.
Pourtant depuis que Barkhane et la Minusma opèrent au Mali, pour soi-disant lutter contre le terrorisme et stabiliser le territoire national, c’est l’effet contraire que les maliens constatent et ressentent. Le Mali, comme c’est déjà dit, a perdu sa souveraineté sur son territoire national et l’insécurité touche tous les quatre coins cardinaux du pays. Ça n’est plus seulement le nord ou le centre mais, c’est l’ensemble du pays qui est menacé par des attaques terroristes. Assujettie à un rôle de supplétifs, l’armée malienne ne peut plus souverainement s’atteler à ses tâches régaliennes de défense de l’intégrité territoriale nationale. N’est-ce pas monsieur Macron une situation incompréhensible pour les maliens ?
Pourtant les armées étrangères (La France et la Minusma) disposent de moyens logistiques et financiers considérables. Elles ont la primeur sur les renseignements militaires. Pourquoi, en dépit de cela, ces forces hyper puissantes n’arrivent pas à combattre le terrorisme international (vous préférez la sémantique : « jihadiste ») au Mali et au Sahel. Est-ce que parce que l’armée française est incapable ? Sinon, œuvre-t-elle alors à maintenir le Mali et le Sahel dans une guerre sans fin, simplement pour sauvegarder les intérêts économiques et géostratégiques français ?
Depuis l’avènement de la Transition, vous considérez les autorités maliennes comme votre machin. N’êtes-vous pas à votre énième bourde contre le Mali. Pour la première fois, n’était-ce pas vous, Macron, qui affirmiez, face à la presse, que vous avez eu de Bah N’Daw, en trois mois, ce que vous n’avez pu avoir de son prédécesseur IBK, en Sept ans ? Est-ce que cela veut dire que l’ex président de la Transition était sous vos ordres ? Cela ne serait-il pas, d’ailleurs, la raison évidente de votre acharnement contre son éviction du pouvoir ?
De toute façon, M. Macron, soyons honnêtes, la France n’est au Mali parce qu’elle veut protéger le territoire national du terrorisme. La France n’est au Mali que pour la défense de ses seuls intérêts égoïstes. N’est-ce pas pourquoi depuis 2012, la France s’ingère arrogamment et de trop dans le règlement des affaires nationales au Mali ? Lorsque les citoyens maliens, par ce que leurs autorités vous sont inféodées, dénoncent cette situation de néocolonialisme, vous manipulez l’opinion française en brandissant « un sentiment anti-français. Ce qui est archi-faux ! Il n’y a jamais eu de « sentiment anti-français » au Mali ! D’autant que les populations françaises et maliennes, à travers la colonisation, sont plus que jamais liées par l’histoire et le sang mais aussi la culture : Nous avons la langue française comme langue officielle. Monsieur Macron, les maliens ne font que s’insurger, non pas contre le peuple français, mais contre les autorités néocoloniales françaises. C’est cela la vraie réalité !
Gaoussou Madani Traoré
Source: Le Pélican