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Médiation Mali-CEDEAO : Faure possède-t-il les recettes nécessaires ?

Désigné par le Mali comme facilitateur dans la crise entre ce pays et la Cedeao, le président de la République du Togo, Faure  Gnanssingbé Eyadema s’attèle à son boulot quelque peu délicat pour lui. Au regard des commentaires provenant des analystes politiques et des journalistes, il y a lieu de se demander s’il a la carrure d’un médiateur digne de ce nom. Pour l’instant, aucune fumée blanche ne s’est échappée des pourparlers avec ses pairs de  la  sous-région.

Cette facilitation engagée par Faure à la demande des autorités de la transition malienne ne sera pas de l’eau à boire comme beaucoup  le pensent. L’on sait que Faure entretient non seulement de bonnes relations avec ses pairs de la Communauté économique des Etats pour le Développement de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), mais aussi et surtout avec la France dont les liens avec le Mali se sont dégradés au point d’une totale rupture diplomatique. Donc, c’est devenu Assimi aime Faure qui aime la France qui déteste Assimi. L’équation est très compliquée.

Des analystes togolais se prononcent

Certains analystes togolais n’ont pas manqué de faire part de leur surprise de voir le président de la transition malienne choisir Faure comme médiateur dans la crise malienne. Ils avancent comme argument que le pays de ce dernier beigne dans les mêmes problèmes dont il se préoccupe moins.

En effet, selon l’analyse politique Luc Abaki, les causes qui ont milité en faveur de ce coup d’Etat doivent être résolues de façon profonde. Il pense que la position de la Cedeao n’était pas compréhensive parce qu’on ne peut pas rester dans des positions de principe sans pouvoir comprendre les réalités qui fondent la vie des Maliens afin d’éviter les coups d’Etat.

Le président Faure Gnassingbé était allé à Bamako de même que son ministre des Affaires étrangères, M. Robert Dusseh. Ce dernier a clairement affirmé que la position du Togo était très claire : c’est de privilégier le dialogue aux sanctions bien que cette position ne plait pas à certains dirigeants de la sous-région.

Selon lui, on peut se dire que les germes de la situation que vivent les Maliens aujourd’hui sont également présents au Togo et, dit-il, il va falloir que Faure fasse preuve de génie. Il a rappelé que le Togo a cette tradition de médiation depuis l’époque de Gnassingbé Eyadema, père de l’actuel président du Togo.

A l’opposé de Luc Akabi, le journaliste et analyste politique Ferdinand Ayité, est plus que jamais perplexe sur les liens entre Bamako et Lomé. Il trouve malheureux que Faure abandonne le développement de son pays, refuse le dialogue entre les acteurs politiques et les syndicats et va faire les bons offices ailleurs. A l’entendre, le Togo est un pays malade avec beaucoup de pathologies qui veut aller au secours d’un autre pays malade. Il a fait part de sa méfiance de la crise malienne dès lors que de bribes d’informations faisaient état d’une liaison entre les colonels de Bamako et le pouvoir de Lomé.

Selon les dires du journaliste d’investigation Akabi, les autorités maliennes de la transition n’ont pas choisi la médiation du Togo par hasard. De son avis, elles étaient avec les autorités togolaises depuis longtemps. Il s’interroge même sur la relation particulière qu’entretiennent les autorités du Togo et celles du Mali au point que le Togo dépêche les émissaires à Kati et que le président Assimi voyage à Lomé discrètement.

De sources bien introduites, les relations entre les présidents ghanéen et togolais ne sont plus au beau fixe, au point que le Ghana soupçonne le Togo de lui jeter les cailloux dans les bottes dans la crise malienne. Ici, Luc Abaki voit le Mali comme quelqu’un qui se noie et qui est prêt à attraper n’importe quel support pour sortir la tête de l’eau.

De son point de vue, à partir du moment où les Maliens n’ont pas d’interlocuteur dans la sous-région, on peut aisément comprendre que s’il y a quelqu’un qui s’ouvre à eux, leur problème n’est pas de savoir quels sont les problèmes ou les faiblesses dont souffre ce dernier, mais de savoir s’il peut effectivement intercéder pour eux auprès de la Cedeao.

On ne le souhaite pas, au cas où Faure montrera ses limites dans les négociations, les autorités maliennes de la transition vont jeter leur dévolu sur quel président pour atteindre l’objectif : la levée des sanctions.

Sur la question, les chefs d’Etat de la Cedeao observent un silence de cimetière.

Bazoumana KANE

 

Source: L’Alerte
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