Chaque jour apporte son lot de nouvelles révélations depuis que Sony Pictures a été hackée fin novembre par une organisation obscure, qui se fait appeler Guardians Of Peace. Amy Pascal, vice-présidente de l’entreprise, fut la première touchée par l’attaque, avec la publication la semaine dernière d’une série de mails dévoilant ses idées (jugées racistes) sur les goûts cinématographiques du président Barack Obama, ainsi que sa piètre opinion d’acteurs comme Angelina Jolie (« morveuse pourrie gâtée ») ou Leonardo Di Caprio (« détestable »).
En dépit des excuses publiques présentées par la vice-présidente, le New York Daily parie sur son licenciement prochain. Lundi 15 décembre, plusieurs scénarios de films pas encore sortis en salle étaient diffusés sur Internet, dont une première version de Spectre, le prochain James Bond. Outre le désastre en termes de relations publiques pour Sony Pictures, l’attaque pourrait, selon plusieurs analystes cités par le Los Angeles Times, coûter à l’entreprise américaine des dizaines de millions de dollars.
Linge sale d’Hollywood
Sony Pictures aurait reçu ce weekend un message de la part des hackers : « Nous vous préparons un cadeau de Noël. Ce sera davantage de données, et elles seront plus intéressantes. » Confronté au déluge d’informations compromettantes, l’entreprise a demandé à trois grands groupes de presse de cesser de publier les documents volés. The New York times, The Hollywood Reporter et Variety ont tous trois reçu dimanche une lettre de l’avocat de Sony leur enjoignant de cesser la divulgation des données volées.
Certains pointent désormais du doigt les médias américains qui ont relayé l’action des hackers, en étalant en une le linge sale d’Hollywood. Aaron Sorkin, scénariste et producteur de cinéma, a publié dimancheune tribune dans le New York Times pour fustiger l’attitude des médias nationaux. Il rappelle qu’au-delà des révélations croustillantes sur les dessous d’Holllywood, les salariés de l’entreprise ainsi que leurs familles ont été menacés, et que leur numéros de sécurité sociale, leur adresses, leurs mots de passes, leurs données bancaires, leurs numéros de téléphones, leurs dossiers médicaux ainsi que ceux de leurs enfants ont été volés et exposés.
Traitrise des médias
Aaron Sorkin, lui-même impliqué dans cette affaire (il est cité dans certains mails d’Amy Pascal), écrit : « Les insultes révélées ne sont rien à côté du fait qu’elles ont été révélées. Pas par des hackers, mais par des journalistes américains ». Il regrette que personne dans l’industrie du cinéma n’ait dénoncé l’attaque de Sony. Et que la Motion Pictures Association of America, qui représente l’industrie du film à Washington, n’ait pas « tapé à la porte du Congrès pour dire : nous sommes au beau milieu d’une attaque contre l’un des plus gros exportateurs américains. »
Contrairement aux données hackées du Pentagone et révélées par la presse, poursuit Sorkin, il n’y a rien dans les données volées à Sony Pictures qui puissent inquiéter l’intérêt public : « Apprend-on par ces documents que Sony Pictures a violé la loi ? Non. Que l’entreprise trompe le public ? Non. Qu’elle a porté atteinte à la santé de ses clients comme les entreprises de tabac ou Enron ? Non. (…) Tous les médias qui ont aidé Guardians of Peace sont moralement coupables de traîtrise et se sont déshonorés de façon spectaculaire. »
L’oeuvre du Joker
Pour le Financial Times, les révélations sur l’égoïsme des patrons d’Hollywood et le fait qu’ils foudroient sans pitié tout rival dans le dos n’a, en soit, rien de surprenant.
Source: courrierinternational.com