Institué par décret N°2024-0053/PT-RM du 26 janvier 2024, le comité de pilotage du Dialogue inter-maliens pour la paix et la réconciliation nationale poursuit son petit bonhomme de chemin. Les phases communales ont eu lieu du 13 au 15 avril 2024. Les travaux ont nécessité la prise en compte des mécanismes traditionnels de résolution des conflits.
Selon Mamadou Ben Chérif Diabaté de l’association des communicateurs traditionnels, membre du comité de pilotage du Dialogue, les communicateurs traditionnels ont appuyé leurs collègues pour la réussite des travaux. Ils ont contribué à la sensibilisation et à la mobilisation des légitimités coutumières et religieuses pour leur participation au Dialogue.
Ce qu’il faut retenir
Les travaux ont été mis à profit pour formuler de nombreuses recommandations. Sur la question, Mamadou Ben Cherif Diabaté a singulièrement mis l’accent sur la revalorisation des mécanismes traditionnels de résolution des conflits. Lors des phases communales et régionales, il a été, selon lui, proposé d’impliquer davantage les communicateurs traditionnels et les griots dans l’instauration de la paix, du vivre ensemble et dans la résolution des conflits.
“Il a été recommandé de mettre une structure au sein de laquelle les communicateurs et les griots seront encadrés et formés par l’Etat. Plusieurs recommandations ont été d’ailleurs formulées dans la phase communale et régionale du district de Bamako. Beaucoup ont mis l’accent sur la valorisation de nos us et coutumes. Mais la partie ayant retenu mon attention est la création d’une structure pour le contrôle, l’encadrement et la formation des communicateurs et griots”, dit-il.
Et d’ajouter : “il faut les encadrer et les former pour qu’ils soient efficaces dans les activités d’information et de sensibilisation pour la paix, la réconciliation nationale et surtout pour la prévention et la résolution des conflits”. Se référant aux recommandations, Mamadou Ben Chérif Diabaté soutient que “rien ne sera désormais négligé quant à la prise en compte de nos valeurs sociétales. La justice et les mécanismes traditionnels de résolution des conflits sont complémentaires. Qu’il s’agisse des conflits fonciers ou autres différends, les deux secteurs visent la paix et la réconciliation et peuvent se mettre ensemble pour qu’il y ait une paix définitive au Mali. C’est dans cette synergie d’action que le Mali gagne”.
Des défis
Des difficultés rencontrées au cours de ce dialogue ont pu être résolues par les membres du Comité grâce à l’intervention justement des détenteurs du savoir local. En la matière, le griot Bourama Soumano dira que le Président de la transition a décidé de refonder le Malien dans sa dimension culturelle. Il estime d’ailleurs que le Président de la transition a voulu faire de la culture le socle de la cohésion sociale et de la paix.
Griot et porte-parole de la famille fondatrice de Bamako, M. Soumano confie que les communicateurs traditionnels, membres du Comité du DIM se sont plutôt basés sur les valeurs sociétales pour mener à bon port ce dialogue inter-maliens. Il explique comment les conflits étaient traditionnellement résolus au Mali.
“Les différends étaient gérés dans ce pays de façon traditionnelle. Pour ce faire, il fallait d’abord amener les parties à se parler. Ce rôle était confié aux griots et aux différents communicateurs dont les forgerons”. Ensuite, souligne le porte-parole de la famille fondatrice de Bamako, le problème était diagnostiqué à partir du moment où les parties acceptaient de se parler.
“Les traditionnalistes que nous sommes avons la chance d’avoir l’écoute et l’accès à tout le monde dans la société. Notre neutralité nous donne surtout un pouvoir sur tout le monde. On est facteur et médiateur de la cohésion sociale”. Pour Bourama Soumano,partout où il y a eu de difficultés au cours de ce dialogue, c’est nous qui avons été envoyés pour briser la glace. “Ces mécanismes traditionnels ont joué un très grand rôle partout où il y a eu ce dialogue à Bamako”.
Satisfecit des légitimités traditionnelles
Tous les chefs de quartiers de Bamako ont adhéré à ce processus. C’est du moins ce que confirme Seydou Sangaré, Coordinateur des chefs de quartiers du district de Bamako : “tous les chefs de quartiers des six communes de Bamako ont adhéré et activement participé à ce dialogue”. De ses précisions, les travaux des phases communale et régionale se sont bien passés. Il trouve que ce Dialogue est la copie conforme de leur vestibule où tous les problèmes sont exposés. “Nous sommes satisfaits à 100% et avons participé à ce Dialogue à hauteur de souhait. Nous avons pu approcher les réticents”.
Mamadou Diarra
« Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali et NED ».