Fervent défenseur d’une loi sur la dépénalisation des délits de presse, Me Mountaga Tall s’étonne encore de la lenteur à ce niveau. « Nous avons bouclé un projet de loi sur la question avant de quitter le gouvernement en 2017 », a laissé entendre le président le Congrès national d’initiative démocratique, Faso Yiriwa Ton (CNID-FYT), hier à la faveur de sa traditionnelle présentation des vœux à la presse malienne.
Le président du Congrès national d’initiative démocratique, Faso Yiriwa Ton (CNID-FYT), Me Mountaga Tall, voit en 2018, une année difficile pour le Mali en générale et la presse en particulier. Celle-ci est victime d’intimidations, d’interpellations, de disparitions, de procès, de descentes extrajudiciaires dans les studios et salles de rédaction. Ces constats ont contribué, selon le président du parti du soleil levant, d’ériger une mauvaise place à notre pays dans le rapport de Reporters sans frontières, 115e sur 180e.
Inquiet du sort des hommes de médias, il a interpelé les autorités d’éclaircir les cas de journalistes disparus et assassinés. « Pour l’honneur du Mali, le cas Birama Touré et Issiaka Tamboura doivent être élucidés, mais aussi de l’assassinat à Kidal de deux journalistes de RFI en 2013 », interpelle Me Mountaga Tall.
Dépénaliser les délits de presse
La vision du CNID-FYT est la dépénalisation des délits de presse et le maintien de la sanction des pairs. « Il faut aller vers la dépénalisation des délits de presse que j’ai réclamé ici à maintes reprises et depuis de nombreuses années. Cela n’est toujours pas une réalité dans notre pays alors que nous avons bouclé un projet de loi sur la question avant de quitter le gouvernement en 2017 », s’étonne Me Tall, ancien ministre de la Communication. Cette dépénalisation, précise-t-il, n’est pas synonyme d’impunité ou d’irresponsabilité car, croit-il, « il n’est pas utile d’envoyer un journaliste en prison ».
Pour une presse de qualité, le souhait de Me Tall est que les règles déontologiques soient mieux observées par chaque journaliste et que la sanction des pairs en cas de manquement ne soit pure fiction.
Aux dires de l’ancien ministre de l’Economie numérique, les journalistes maliens ont besoin d’accompagnement pour rendre leurs entreprises économiquement viables. Mais aussi qu’il est temps d’établir un traitement égal entre médias privés et publics et entre médias étrangers et nationaux, de revaloriser l’aide à la presse et d’élaborer des programmes solides de formation continue des hommes de médias.
L‘incrédibilité de la Cour constitutionnelle évoquée
Le report des élections communales, locales et régionales et législatives ont été des sujets évoqués lors de la présentation de vœux à la presse du parti du soleil levant. Pour cet acteur de la démocratie malienne, Me Mountaga Tall, la crédibilité de la Cour constitutionnelle est aujourd’hui entachée par son revirement sur la question de prorogation du mandat des députés. « Sur cette question, le revirement de jurisprudence de la Cour constitutionnelle en quelques semaines et sans éléments nouveaux a fini de saper la crédibilité de cette institution dans sa composition actuelle », a déploré Me Tall. Et d’ajouter que « cette prorogation, inconstitutionnelle, pose plus de problèmes qu’elle n’en résout ».
Réforme du système électoral
Pour le CNID-FYT, les élections présidentielles de 2018 ont permis de montrer au grand jour les failles et les limites de notre système électoral. C’est pourquoi, l’ancien député de Ségou, propose, avant tout autre cycle électoral, de régler la question du système électoral au Mali. « Les élections présidentielles ont été très fortement altérées par la corruption électorale, l’achat de votes et les tripatouillages en tous genres dénoncés par une majorité de candidats et reconnus par tous y compris les observateurs neutres et indépendants », a-t-il déploré.
Me Tall n’a pas manqué l’occasion également de dénoncer les pratiques anti-démocratiques constatées par le régime en place et promet qu’ils continueront à se battre pour que puisse triompher la démocratie au sens réel du terme. Tout en reconnaissant la nécessité d’une réorganisation administrative au Mali, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, n’approuve pas la procédure enclenchée par le gouvernement. Parlant de la révision constitutionnelle, Me Tall prône un dialogue politique et social au tour du projet.
Quand est-il du débat sur l’homosexualité ?
Le président du CNID-FYT, Me Mountaga Tall, est préoccupé par la situation de tentative de légalisation de l’homosexualité dans notre pays. « Nous estimons que le vrai problème ne se limite pas à la suspension ou à l’abandon d’un projet éducatif caché mais finalement éventré et porté sur la place publique, mais sur la problématique même de l’homosexualité au Mali », a-t-il indiqué. Tout en invitant ‘’le pouvoir à faire une déclaration solennelle claire et nette sur sa position de principe, non pas sur le projet d’éducation sexuelle complète, mais sur les incitations et pressions subies pour la légalisation de l’homosexualité’’.
Pour mettre fin à la situation d’insécurité qui prévaut au Mali en générale, et le centre en particulier, l’initiateur de la présentation de vœux à la presse au Mali, invite le gouvernement à agir immédiatement et avec fermeté.
Youssouf Coulibaly
L’Indicateur du Renouveau