Le palais des sports Salimata Maïga a abrité le dimanche 04 avril le lancement du Mouvement pour la refondation du Mali (MOREMA). C’était sous l’égide de son président Me Kassoum Tapo.
Dans son intervention, le président du Mouvement pour la refondation du Mali (MOREMA), Me Kassoum Tapo, a dressé un tableau sombre de la situation générale du pays. Il a dénoncé pêle-mêle la corruption, l’injustice, l’insécurité et les difficultés économiques.
«Le seul constat qui fasse l’unanimité aujourd’hui c’est que le bateau malien prend de l’eau de toutes parts et si nous ne prenions garde, qu’à Dieu ne plaise, il chavirera» a déclaré tout de go Me Kassoum Tapo, selon qui, le pays s’écroule sur tous les plans : moral, social, politique, économique, sécuritaire et institutionnel.
Les difficultés économiques sont réelles et cruelles, affirme-t-il, mais ne doivent pas justifier que les citoyens deviennent une denrée monnayable et qu’elles ne doivent et ne peuvent justifier la corruption endémique qui gangrène tous les secteurs d’activités, compromet la sécurité du pays et qui déstabilise les institutions du pays.
«Le Nord du pays nous échappe, le Centre quotidiennement irrigué par le sang de nos vaillants soldats et des innocentes populations martyres survivra-t-il encore longtemps ? Notre jeunesse, face à l’insécurité, face à l’incertitude, condamnée à s’exiler de ses terres jadis nourricières, se lance dans les aventures suicidaires à travers les océans à la recherche d’un eldorado improbable» a déploré l’avocat.
Me Tapo a également souligné que la citoyenneté se meurt et que la démocratie est en péril sur tout l’ensemble du territoire et que les défis qui assaillent le Mali sont multiples et variés (chaque défi en soi est mortel). Selon l’ancien ministre de la Justice, le MOREMA veut s’engager pour une vraie démocratie, celle qui permet au plus grand nombre de participer à la vie et à la gestion de la cité, être en mesure de comprendre les enjeux et de se prononcer en toute liberté et en pleine conscience.
«Nous voulons nous engager pour une vraie citoyenneté, celle qui donne la faculté et les devoirs à tous les citoyens majeurs de participer aux décisions qui engagent leur avenir ; celle qui implique un équilibre des droits et des responsabilités de chacun. Nous voulons nous engager pour une vraie nation qui est plurielle et qui permet l’expression de tous sans distinction ; celle qui promet la laïcité et le vivre ensemble dans la diversité qui constitue notre richesse commune» a-t-il poursuivi.
Le soutien à la transition
Il a lancé un appel à tous les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur pour s’engager avec son mouvement pour sauver le Mali et cela, ajoute-t-il, doit se traduire aujourd’hui par l’accompagnement de la transition puisque celle-ci a été voulue par le peuple malien. «Elle a été reconnue par la communauté internationale, nous nous devons de l’appuyer et l’accompagner», a-t-il affirmé.
Cependant, poursuit-il, cette transition doit s’engager à respecter les droits de tous les Maliens, à œuvrer pour la réussite des réformes politiques et institutionnelles nécessaires à travers un dialogue responsable et inclusif, et à organiser dans le délai imparti des élections paisibles, crédibles et transparentes pour l’avènement des autorités légitimes. Une façon pour lui de dénoncer le maintien en prison des personnalités incarcérées dans une tentative de déstabilisation des institutions de la Transition dont il assure la défense de la plupart d’entre elles.
Il a clos son intervention en rappelant que ce défi ne peut être relevé que dans la paix sociale, la concorde et le dialogue entre tous les enfants du Mali et que leur mouvement prend l’engagement de participer de toute sa force à l’émergence d’un Mali nouveau, le Mali de leur rêve, dans la paix, la justice et l’égalité.
«La transition, un pouvoir dictatorial» juge Chouala Bayaya Haïdara
La vision sur la transition de l’ancien bâtonnier tranche nettement avec celle du prêcheur Chouala Bayaya Haïdara qui a, au passage, soldé ses comptes. «Ma présence à cet évènement n’a aucune autre raison si ce n’est la refondation. Contrairement à certains leaders religieux qui font sortir la population pour se faire influent en faisant semblant de chercher les droits du peuple tout en s’enrichissant», a-t-il déclaré sans citer de nom.
Le leader de l’association musulmane Hisbourahamane a aussi qualifié la transition de pouvoir dictatorial, de pouvoir militaire, avant d’inciter les Maliens à ne pas s’asseoir pour regarder cette transition faire ce qu’elle veut. Il a en outre demandé aux militaires de relâcher Youssouf Batilly dit Ras Bath et ses codétenus, de prendre l’exemple sur les autres putschistes et de faire la paix avec tout le monde et d’écouter les autres.
Il a ensuite lancé un avertissement au président N’Bah Dao de relâcher les détenus à temps, s’il veut partir en paix et avec une bonne réputation et dans l’honneur. Il a terminé en assurant qu’il est prêt à accompagner tous les mouvements dont l’objectif est la construction du pays et le redressement des autorités de la transition qui lui feront appel.
Ce mouvement, faut-il le rappeler, est constitué d’organisations politiques, religieuses ou de la société civile, d’associations de jeunes et femmes.
Fadiala N. Dembélé/Stagiaire
Source: Journal L’Aube- Mali