Des initiatives populaires se sont multipliées cette semaine en Mauritanie, en faveur d’un amendement de la constitution qui permettra au président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz de briguer un troisième mandat, ont constaté des observateurs.
La Constitution actuelle fixe à deux le nombre de mandats présidentiels en Mauritanie et M. Aziz achève son second mandat l’année prochaine.
Ces appels interviennent en dépit de multiples sorties médiatiques du chef de l’Etat mauritanien, qui a “clairement” affirmé qu’il ne briguera pas un troisième et qu’il “respectera la constitution dont il a le devoir de protection”.
Interrogé par la presse en novembre dernier, le chefe de l’Etat mauritanien a déclaré ne pas se présenter comme candidat à la présidentielle de 2019 afin de “respecter et faire respecter la Constitution”.
Mais, les promoteurs de ces initiatives pour un troisième mandat de M. Aziz n’en ont cure. Pour eux, le président mauritanien, qui a engagé des chantiers importants dans le pays, “doit bénéficier du temps nécessaire pour les parachever dans l’intérêt de l’œuvre de construction nationale”.
Ainsi, des élus, cadres, notables et acteurs politiques de la province du Trarza (sud) ont initié ce mouvement par un meeting marqué par “une forte mobilisation en vue de permettre au président Mohamed Ould Abdel Aziz de continuer son œuvre de construction nationale”, relèvent les observateurs.
“La Mauritanie a besoin du président Mohamed ould Abdel Aziz afin qu’il puisse poursuivre la construction de notre pays et la préservation des acquis en matière de la sécurité, de la stabilité, de la lutte contre la corruption et des progrès de notre pays”, a déclaré un député au cours de cette rencontre.
Des événements similaires sont prévues pour les prochains jours, notamment dans les régions de Dakhlet Nouadhibou et de l’Adrar.
Cette situation n’a pas laissé l’opposition radicale dans l’indifférence.
C’est ainsi que Mohamed Ould Maouloud, président du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) et aussi président de l’Alliance électorale de l’opposition démocratique (AEOD) mauritanienne, a lancé une mise en garde lundi lors d’une conférence de presse, indiquant qu'”il ne s’agit pas d’initiatives pour un troisième mandat mais plutôt de directives venant d’en haut”.
Il a qualifié ces initiatives de “spectacle qui annonce la remise en cause de tout le processus démocratique entamé en Mauritanie”.
“Une remise en cause qui pourrait entrainer des risques graves d’instabilité”, a-t-il ajouté.
Selon certains observateurs, le remplaçant désigné du président actuel ne serait autre que l’ancien chef d’état-major général adjoint des armées, actuel ministre de la Défense, le général de division Mohamed Ould Cheikh Mohamed Lemine, dit Ghazwani.
Pour contrecarrer “les manœuvres” de la majorité au pouvoir, l’opposition radicale mauritanienne a déjà annoncé son intention de présenter un candidat unique à la présidentielle de 2019.