L’éducation et la lutte contre la corruption ont été au centre du débat organisé à Mopti sur la refondation au Mali.
La Communauté des blogueurs du Mali (Doniblog) a organisé un Benbere Benkan (débat public) à Mopti, le 4 octobre 2020, pour recueillir les préoccupations et les propositions des jeunes et des femmes sur la refondation du pays. « Les femmes sont les premières victimes de cette crise. Nous avons nos frères qui ne travaillent pas, nos enfants qui ne vont pas à l’école. Nous souffrons énormément. Ce que nous demandons aux nouvelles autorités, c’est d’amener le vrai et le bon changement. Sinon, nous avons beaucoup subi », s’indigne Anta Konipo, une femme leader qui a pris part au débat organisé par l’antenne locale de Doniblog à Mopti sur la transition en cours au Mali.
Plusieurs autres femmes ont témoigné sur les difficultés qu’elles vivent au quotidien, et proposé des solutions pour la réussite de la transition. Depuis l’amorce de cette période transitoire, les initiatives sont nombreuses pour pousser à donner plus de rôles aux femmes. Mais, elles sont presque restées vaines, car même le gouvernement de la transition a violé la loi sur le genre adoptée en 2015. Elle prévoie un quota de 30% pour les femmes dans les fonctions électives et nominatives.
L’école d’abord
La région de Mopti est toujours dans une instabilité sécuritaire préoccupante. L’éducation et la lutte contre la corruption ont été au centre du débat. Des milliers d’écoles sont fermées dans la région à cause de l’insécurité. Au cours des débats, le renouveau de l’école malienne, l’arrêt des grèves intempestives ont été entre autres vœux exprimés.
Comme pistes de solution, les intervenants ont beaucoup insisté sur la revalorisation salariale des enseignants et, surtout, sur le rôle de régulation de l’État. Le respect des textes qui régissent le monde scolaire par tous les acteurs est un préalable pour la refondation de l’école malienne, estiment-ils. « Nous ne pouvons pas comprendre que les enseignants passent plus de temps dans les écoles privées que dans les écoles publiques. L’État doit faire un contrôle rigoureux sur les horaires et les volumes de travail et faire une répartition juste et équitable des enseignants sur l’ensemble du territoire national», a proposé Oumou Sabé, participante.
Résister à la corruption
Les accusations de corruption sont nombreuses. Les corrupteurs sont connus ainsi que les corrompus, mais personne ne veut s’assumer. Anta Konipo explique qu’elle a été touchée douloureusement par les propos de sa fille qui ne comprenait pas pourquoi sa mère l’avait laissé redoubler une classe, alors qu’elle aurait pu arranger son passage en classe supérieure.
« J’ai juste dit à ma fille d’attendre l’année prochaine, car elle n’a pas eu une moyenne de passage. Combien de parents acceptent, aujourd’hui, de voir leurs enfants refaire la même classe malgré la possibilité de payer pour qu’ils passent en classe supérieure? », s’interroge-t-elle.
La lutte contre la corruption doit être accompagnée par l’ensemble des Maliens. Car, les autorités de la transition ne pourront pas venir à bout de ce fléau qui a envahi tous les secteurs d’activité. Cet accompagnement doit passer par beaucoup d’efforts, de la dénonciation au renoncement en passant par la punition de la pratique.
Source : Benbere