Après avoir envoyé les enfants d’autrui à la boucherie, le Premier ministre Moussa Mara doit s’assumer. D’où la raison toute simple de l’opposition de lui demander de jeter le tablier. Depuis, les insinuations ne cessent plus.
En décidant d’aller à Kidal, Mara a voulu jouer un grand coup, il l’a d’ailleurs réussi. Cependant, il a mis le feu aux poudres. Parti pour braver les addaillants, Mara a créé la confusion. Et, au lieu de jouer à l’apaisement, il a lancé des déclarations de guerre. Il est vrai qu’aujourd’hui, toutes les Maliennes et tous les Maliens sont sidérés de voir ou d’entendre qu’une partie de notre territoire se trouve sous couverture d’un groupuscule d’hommes sans foi ni loi. Mais, il est aussi évident de voir la réalité en face. La situation de Kidal est une équation à plusieurs inconnues. D’autant plus que la France y défend son intérêt vaille que vaille. Surtout qu’elle a déboursé des centaines de millions de nos francs pour nous sortir des griffes des djihadistes et narcotrafiquants. Pour alors se refaire une santé économique, elle a renforcé sa mainmise sur nos stations d’essence à travers Total, renforce sa téléphonie Orange et les marques de véhicule françaises.
Dans une telle situation et au sortir d’une crise sans précédent, tous les actes à poser doivent être étudiés et bien contrôlés. Mais, nous constatons que le PM n’a pas de directive. Il patauge dans sa démarche car il n’y a pas de concordance dans ses propos.
C’est alors au vu de cette contre vérité qu’il est dans les griffes de l’opposition. Laquelle pense et de façon certaine qu’il a trahi le peuple en envoyant nos soldats à la boucherie. Et après la débâcle, il se recroqueville et veut faire croire qu’il est blanc comme neige. Cela ne passe pas. D’autant plus qu’il a même trahi le président de la République qui lui a fait confiance. Car, aujourd’hui, celui-ci se trouve dans une autre disposition, il s’agit de prôner le dialogue dans un seul esprit : LE MALI EST UN ET INDIVISIBLE. A partir de cet instant, IBK estime que tout peut se négocier. D’où l’idée d’une régionalisation.
Nous vous proposons la déclaration des Partis Politiques de l’Opposition Parlementaire (VRD) sur la situation de Kidal.
Déclaration des Partis Politiques de l’Opposition Parlementaire (VRD)
«Nous exigeons la démission du Premier ministre et la dissolution du Gouvernement»
Le 21 mai 2014, nos Forces armées et de sécurité ont donné l’assaut contre les groupes armés du Nord qui avaient pris le contrôle du Gouvernorat de Kidal à la suite de la visite désastreuse du Premier ministre, le 17 mai, dans la capitale de la huitième région.
L’opération militaire déclenchée le 21 mai et qui s’est terminée dans un bain de sang et sur l’humiliation de la nation toute entière et dans l’isolement international du Mali, est survenue à la suite de la déclaration de guerre, inconstitutionnelle, faite par le Premier ministre le 18 mai et soutenue par le président de la République.
Ce qui est arrivé à Kidal, le 21 mai, n’est ni un problème de « coordination » ni un problème de « renseignement » comme le Gouvernement a tenté de l’accréditer. De toute évidence, cette opération militaire, comme la visite du Premier ministre à Kidal, a été improvisée, conçue et mise en œuvre sans la préparation minutieuse qu’exige une décision d’une telle importance pour le pays. Nos soldats qui se sont battus vaillamment au prix de leur vie et de leur liberté ne sauraient être tenus responsables de cette débâcle militaire. Ils méritent la reconnaissance de la Nation.
L’Armée malienne qui a fait preuve de patriotisme et d’engagement sur le terrain a payé un lourd tribut lors de ces opérations. Nous présentons nos condoléances aux familles des soldats morts pour la patrie, aux Forces armées et de sécurité, au peuple malien et souhaitons prompt rétablissement aux blessés. Comme nous nous inclinons devant la mémoire des représentants de l’Administration sauvagement exécutés par les groupes armés le 17 mai.
Nous sommes scandalisés d’apprendre par voie de presse que le Premier ministre tente de faire porter le chapeau de la débâcle à l’armée, en affirmant que l’autorité politique n’a pas donné l’ordre d’attaquer, insinuant ainsi qu’il s’agit d’un acte d’indiscipline des soldats au front.
Pour nous, partis de l’opposition, le Mali paie ainsi la rançon de huit mois de mensonges d’Etat, d’amateurisme et de manque d’humilité dans la gestion des affaires publiques en général et dans celle de la grave crise du Nord en particulier.
Le président de la République, le Premier ministre et tout leur gouvernement sont les principaux responsables de la tragédie de Kidal et de l’humiliation de notre pays.
Le Président doit dire toute la vérité au peuple sur la visite du Premier ministre à Kidal et sur l’opération du 21 mai.
Face à la gravité de la situation, nous exigeons la démission du Premier ministre Moussa Mara et la dissolution du Gouvernement.
Dans l’intérêt de la Nation, nous invitons le président de la République à réviser de manière radicale la gouvernance qu’il a instaurée depuis son accession au pouvoir, car jusqu’à ce jour les choix qu’il a opérés en matière de gestion sont loin des priorités de la Nation : manque de vision, népotisme, dépenses de prestige.
Rappelant notre attachement à la cohésion nationale, aux valeurs et à l’ordre républicains, à l’intégrité territoriale et à la stabilité de l’Etat, nous prônons « l’union sacrée » autour de nos Forces armées et de sécurité et autour d’une gouvernance moderne et prévisible.
Tout en condamnant fermement les groupes armés et leurs exactions barbares, nous exigeons la libération immédiate et sans condition des prisonniers et l’évacuation des bâtiments de l’Etat.
Nous invitons les signataires de l’Accord préliminaire de Ouagadougou de tout mettre en œuvre pour reprendre les pourparlers inclusifs en vue d’une résolution définitive de la crise du Nord.
Nous exprimons toute notre reconnaissance à la CEDEAO, à l’UA, à l’UE et à l’ ONU pour leur solidarité avec le peuple malien. Nous encourageons les amis du Mali, notamment la MINUSMA et la force SERVAL, à poursuivre leurs efforts de sécurisation et de stabilisation de notre pays. Nous leur demandons de renforcer leur assistance au Mali.
Nous appelons tous les Maliens à la vigilance et au calme pour éviter tout dérapage et tout amalgame.
Bamako le 23 Mai 2014
URDP / PARENA / PRVM
SOURCE:Zenith Balé