Le Gouverneur de Mopti, le Général Sidy Alassane Touré, vient d’être limogé en Conseil des ministres, hier 12 juin 2017. L’information vient de tomber, au moment où nous bouclions la parution du journal.
Le limogeage du Général Sidy Alassane Touré longtemps décrié par les populations de Mopti, va-t-il rendre l’Etat plus responsable ? On se souvient que l’ancien Chef d’état-major général des armées, un autre général, M’Bemba Moussa Keita, avait été limogé au lendemain des attaques d’Ogossagou. En cherchant vaille que vaille un bouc émissaire pour apaiser le courroux et l’indignation des citoyens, le gouvernement se trompe de combat. On ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Les problèmes sont connus : la plaie est béante, puante, cancérisée. Amputer le membre infecté ne va pas soigner le mal. Notre pays va à vau-l’eau, piloté dans l’amateurisme, la camaraderie, le copinage. Non, le simple limogeage du Général ne va rien changer. Le mal est profond. Les conséquences aussi…
Le serpent a mordu sa queue
A sobane Da Une fois de plus, l’Etat malien a encore failli à sa mission : assurer la sécurité des personnes et des biens, une obligation que lui impose la Constitution malienne. Comme d’habitude, on a promis une enquête… L’histoire se répète. Le serpent a encore mordu sa queue, une énième fois. Le Premier ministre a effectué ce mardi 11 juin, une visite sur place pour constater himself, l’étendue de l’horreur. Que peuvent les réconforts, les larmes de crocodile déguisées en condoléances, d’un gouvernement, incapable de sauver la vie des populations, les protéger tout simplement. Qu’est-ce qu’ils ont fait, ces victimes innocentes du paisible village de Sobame Da, dans la commune de Sangha, dans la région de Mopti ? Agriculteurs dogons et éleveurs peuls vivent ensemble depuis des décennies ?
10h de longues agonies
Durant des heures entières, ils ont vécu l’enfer sur la terre de leurs aïeux. Ce funeste lundi 10 juin, l’attaque aurait commencé dimanche vers 17 heures, pour prendre fin lundi vers 3 heures du matin. Dans le même intervalle de temps, les Forces armées maliennes ont annoncé sur leur site Internet avoir tué trois « terroristes », suite à l’attaque survenue tôt ce lundi matin contre le poste de sécurité de Diankabou, dans la région de Mopti (centre) à 17 km environ de Sobame Da. Pourquoi le village n’a-t-il pas été protégé à temps et à quelle heure précisément les Famas ont reçu l’alerte ? Les assaillants ont eu tout le temps pour tuer.
Durant donc des heures, jusqu’au matin, des hommes armés ont attaqué impunément les villageois dogons, sans défense. Le bilan officiel de 35 morts (les premiers bilans faisaient état de 95 tués), n’enlève rien au caractère sauvage et inhumain de ces tueries. . . D’autant plus qu’à un jet de pierre des lieux du drame, à 17km seulement, se trouve une base militaire des Forces armées de Mali. Ces militaires n’ont pu rien faire pour contrer la barbarie des auteurs du massacre. Ils se sont contentés d’un communiqué laconique. Les Forces armées maliennes ont annoncé sur leur site Internet avoir tué trois « terroristes » suite à l’attaque survenue tôt ce lundi matin contre le poste de sécurité de Diankabou, dans la région de Mopti (centre). Cette attaque a fait suite à des frappes aériennes dans la forêt du Wagadou, dimanche dernier, au cours desquelles « une base terroriste a été détruite ».
Toutes les mesures seraient prises pour traquer et arrêter ce carnage a laissé entendre le gouvernement. Ecourtant son voyage officiel en Suisse, IBK affirme : « Je rentre pour être aux côtés de mon peuple dans la douleur tel que me le recommande le devoir« . Il est effectivement rentré à Bamako cet après-midi de Genève après avoir décidé d’écourter sa visite de travail suite à la suite de l’attaque barbare contre le village de Sobane Da.
Toujours des promesses, peu d’actions
Le président a promis. Mais le gouvernement va-t-il vraiment faire bouger les lignes ? Comment une nation peut survivre quand les plus pauvres, les plus faibles, constituent des martyrs gratuits, et ne bénéficient pas de la protection de l’Etat ? Le droit à la vie est-il devenue caduc sous IBK, tellement les carnages nous empilent leurs lots de désolations, de cris, de larmes et de douleurs de gens désespèrent ?
Quand un chef de l’Etat s’occupe de sa réélection et de sa propre sécurité plus que celle de son peuple, l’Etat se meurt, simplement, à petit feu. Un tel chef, au sommet de l’Etat, n’a plus le temps de se préoccuper des aspirations fondamentales de son peuple. Pendant des heures entières, on tuait, on massacrait, on pillait. Hommes, femmes, animaux et enfants. Rien n’a été épargné. Où était l’Etat ? Que faisait le nouveau chef d’état-major de l’armée ? Où était le ministre de la sécurité pendant que le président était à Genève ? On ne gouverne pas un pays comme le Mali sur répondeur.
Il faut armer le peuple
Pour gagner la guerre contre l’insécurité et le terrorisme, il faut impliquer le peuple, l’armer pour lui permettre de se défendre, rendre le Service militaire obligatoire pour tout Malien à partir de 18 ans. Des formations au maniement des armes, des techniques d’autodéfense pourraient être enseignées à la jeunesse. Il est temps d’abandonner les discours politiques et faire face au destin du peuple, avant le chaos. Car le Mali se meurt. Pour y arriver, nous avons besoin des hommes, les vrais, à la tête de notre armée et au sommet de la nation, martyrisée.
Henri Levent
Source: lepays