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Maroc : et si l’émergence de l’Afrique dépendait de son intégration ?

Les dirigeants politiques et économiques étaient réunis à Casablanca au FIAD, le Davos africain, pour débattre des conditions concrètes de l’intégration économique.

C’est un fait : l’intégration régionale en Afrique est désormais en marche. Depuis novembre 2018 et la signature par les dirigeants africains à Kigali de l’accord prévoyant l’instauration d’une zone de libre-échange continentale, plusieurs acteurs, dont l’Union africaine, mobilisent les États pour accélérer le processus. Le sixième Forum international pour le développement de l’Afrique (FIAD), qui s’est tenu les 14 et 15 mars à Casablanca au Maroc, a posé un nouveau jalon dans l’agenda de l’intégration africaine. En effet, les organisateurs de ce forum, dont la banque panafricaine Attijariwafa bank, le fonds d’investissements africain Al mada avec le Club Afrique développement, ont choisi de mener leurs travaux autour du thème : « Quand l’Est rencontre l’Ouest ».

« Quand l’Est rencontre l’Ouest »

Avec pas moins de 14 blocs régionaux, censés représenter autant d’espaces de libre circulation des personnes, des biens et des services, les obstacles auxquels sont confrontées les entreprises opérant dans les différents pays africains sont légion. Mais trois régions tirent leurs épingles du jeu : la Cédéao où le commerce interrégional représente 9,4 %, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) affiche 12 % et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), 13 %. « La Cédéao s’est attelée depuis sa création à harmoniser les réglementations des différents pays. Nous avons réussi à faire une zone douanière commune, à supprimer les taxes à l’importation et à l’exportation », a expliqué Mamadou Traoré, commissaire en charge de l’industrie et de la promotion du secteur privé de la Cédéao. De l’autre côté, avec ses économies en expansion rapide et ses gouvernements favorables aux entreprises, la région de l’Afrique de l’Est est en train de devenir un eldorado pour les entreprises internationales en quête d’expansion. Et le reste du continent devrait bénéficier de cette dynamique.

Rendre concret l’agenda institutionnel

Pour Mohammed El Kettani, le PDG d’Attijariwafa bank, « certes, l’agenda institutionnel avance dans le sens de l’intégration » avec 44 des 54 pays africains participant déjà à plus d’une communauté économique régionale avec des degrés divers d’intégration et un potentiel de renforcement considérable, la candidature du Royaume du Maroc pour intégrer la Cédéao, l’accord de libre-échange continental africain en marche, « mais nous devrions accélérer encore davantage la cadence grâce à des projets concrets Est-Ouest qui montrent la voie », a-t-il notamment plaidé. Dans son allocution d’ouverture, l’hôte de cet événement considéré par beaucoup comme le Davos africain a poursuivi : « L’Afrique pourra ainsi constituer le fondement d’un marché continental concurrentiel et émerger en tant que centre d’affaires reconnu au niveau international, offrant aux investisseurs, PME, grandes entreprises, des marchés plus vastes avec des économies d’échelle efficientes et des retombées positives entre pays enclavés et pays côtiers. » Lancé en 2010, et s’inscrivant depuis 2015 dans une cadence annuelle, le Forum Afrique Développement s’est imposé comme la plateforme de référence en faveur du dialogue, de la promotion des investissements et du commerce intra-africain. « Cela nécessitera de mener un rythme de réformes déterminées et volontaristes, à travers la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires, le développement des infrastructures de connectivité et logistiques, mais aussi d’adresser les problématiques de mobilité de la main-d’œuvre et d’intégration des marchés financiers », a expliqué El Kettani.

Lire aussi Zone de libre-échange : un pas décisif pour plus d’intégration africaine

La Sierra Leone, un cas d’école

Avant de céder la place à l’invitée d’honneur et un véritable cas d’école, la Sierra Leone et son président. Ce petit pays anglophone est géographiquement situé en Afrique de l’Ouest. Julius Maada Bio, a tenu à préciser que « en tant que dirigeants, nous devons promouvoir la stabilité politique à travers l’égalité et l’équité et surtout améliorer l’environnement des affaires afin d’avoir plus d’investisseurs pour la mise en œuvre de nos programmes de développement. L’un ne va pas sans l’autre. Nous devons résoudre notamment le problème de la corruption, bien gérer nos ressources naturelles, intégrer davantage nos économies, et attirer plus d’investisseurs crédibles en éliminant les lois qui les rebutent. Le but étant de permettre la diversification de nos économies, gage de leur résilience. »

L’émergence de l’Afrique, une priorité pour le secteur privé

En face, le secteur privé bouillonne. Venus en nombre, les entrepreneurs sont très concernés par l’avancement de l’intégration sur le terrain. « Le monde n’est pas là pour vous faire de cadeaux. C’est à vous de prendre l’initiative, de voir quel secteur, quelle industrie dans laquelle vous avez des atouts, un avantage, pour que votre compétitivité soit meilleure… Plusieurs pays travaillent pour trouver une complémentarité. Cette mondialisation peut être une grande chance pour nous si nous arrivons à nous organiser », lance Moulay Hafid Elalamy. « Le secteur privé est bien plus conscient que les acteurs publics de la capacité à créer de la valeur dans le continent », a-t-il expliqué. « Il est temps que les États accompagnent ces opérateurs, et pas l’inverse. Si nous fermons la porte à ces leviers, comment peut-on créer des emplois ? » interroge le ministre marocain de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique. Pour donner un exemple concret des difficultés, Kelvin Tan, secrétaire général de la Chambre de commerce Asie Afrique, a expliqué : « Aujourd’hui, si je prends un navire de Tanger Med par Suez et tout le chemin vers la Chine, il faut environ 30 jours. Mais les retards liés à la douane doublent le temps qu’il faut pour les marchandises à venir de l’Asie à l’Afrique de l’Ouest. » « Il est nécessaire d’apporter l’écart d’infrastructure en Afrique et en Asie dans son propre contexte », a-t-il expliqué. « C’est des entreprises avec des ingénieurs du Vietnam, tandis que d’autres produits sont emballés à Singapour et ainsi de suite. De nombreux exemples de régions économiquement intégrées montrent le potentiel pour l’Afrique. »

Des prix pour l’exemple

Pour cette 6e édition, considérant les reconfigurations économiques mondiales actuelles, les enjeux et les opportunités de développement du continent, ainsi que le projet de la Zone de libre-échange continentale africaine, des experts économiques de renom et des décideurs politiques de premier plan se sont attelés à examiner les ressorts de l’intégration intra-régionale en matière de création de valeurs et d’opportunités à travers deux plénières et différents panels. En marge du Forum, deux grands événements ont été organisés : les trophées de la coopération Sud-Sud – qui récompensent trois entreprises africaines, en reconnaissance de leur contribution au développement des échanges intra-africains –, et les trophées du jeune entrepreneur – qui visent à primer les jeunes entrepreneurs africains brillants postulant à plusieurs catégories de compétitions.

Le Point

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