L’Aïd El Kébir, communément appelée fête de la Tabaski, sera célébrée en principe le 24 septembre prochain au Mali. Ainsi, l’heure est déjà aux préparatifs dans tous les ménages avec en toile de fond l’achat du précieux mouton pour le sacrifice d’Abraham. A faire un tour des différents «Garbals» (marchés de bétail) de la capitale malienne, on se rend compte qu’à moins de 72 heures de cette fête musulmane, les prix des moutons restent encore hors de prix et les vendeurs se font désirer.
Ibrahim M. GUEYE
FETE DE TABASKI A la veille de la fête, commerçants et clients se lamentent
Selon les dires des Bamakois, les préparatifs de la fête de tabaski sont très timides cette année, à cause de la grande conjoncture qui sévit dans le pays. Au grand-marché de Bamako, commerçants et clients se lamentent sur la mévente des articles qui bondent pourtant le marché.
Les musulmans s’apprêtent à célébrer la fête de Tabaski ou encore « la fête du mouton ». Interrogés sur les préparatifs de ladite fête, les gens se lamentent, sous le prétexte de ne pas avoir assez d’argent pour faire face aux dépenses de la fête. Commerçants et clientes, pour la plupart, déclarent avec tristesse qu’il y a la conjoncture. Pourtant, le grand marché de Bamako n’a rien perdu de sa réputation, cette année à l’instar des autres années, le marché est caractérisé par une grande bousculade, difficile de se frayer un chemin. Les passages pour piétons sont pris d’assaut par les revendeurs de divers articles : sacs, chaussures, robes, chemise, Bazin, tissus, etc. La grande affluence règne au sein du marché même si les revendeurs déclarent faire cette année leurs plus mauvais chiffres d’affaires à une veille de la fête de Tabaski. « Depuis que j’ai commencé à vendre au grand marché, je n’ai jamais connu autant de peine à faire écouler ma marchandise. Je suis ici depuis 25 ans, je vends des articles pour femmes, les clientes viennent, elles regardent, marchandent et repartent presque tout le temps sans rien acheter », témoigne Seïba, assis devant son étalage constitué de maquillage, bijoux et chaussures pour femmes. « On a beau faire baisser nos prix, les articles ne coulent pas, il n’y a vraiment pas d’argent cette année, les chaussures de 20000F sont revendues à 7500F, 10000F, la même chose pour les habits que vous voyez accrochés, les prix ont baissé mais les gens n’ont pas d’argent », a déclaré Moussa, revendeur dans une boutique sise à l’auto-gare, face au grand marché. Seuls les revendeurs d’articles pour enfants semblent tirer leur épingle du jeu. « Le marché est lent mais on vend petit à petit, c’est surtout les habits des enfants qui sont prisés en ce moment. Le problème est qu’il n’y a pas d’argent cette année, surtout qu’il faut acheter également le mouton, toute chose que les enfants ne peuvent pas comprendre. Ils se regardent, c’est pour cela que les parents sont obligés de faire l’effort malgré les difficultés », essaye d’expliquer Assétou, portant sur sa tête un grand plateau et les bras chargés de : robes pour petites filles, ensembles, culottes, pantalons pour garçon. Les prix des articles pour les enfants varient entre 500f les lunettes, 2000 f à 5000F Cfa et plus sur le marché. Tout le monde (revendeurs, clients) est unanime sur le fait que les gens manquent d’argent pour s’offrir : habits, chaussures et autres babioles utilisées pour une belle parure de fête. La priorité cédée aux enfants, nous avouent les clients : « Je viens pour trouver quelques choses pour les plus petits. C’est vraiment difficile, il y a le mouton à payer, la rentrée scolaire à préparer, vraiment ce n’est pas facile, surtout que les gens n’ont pas d’argent actuellement », témoigne Mansa, une mère de famille accompagnée de sa grande fille qui semble accepter de ne pas être prise en compte pour la fête.
Atelier de couture, une course contre la montre
A quelques jours de la fête de Tabaski, de nombreux ateliers de couture de la place fonctionnent 24h/24. Les femmes assises en grand nombre à l’intérieur et à l’extérieur, des jeunes en train de préparer thé et café noir, vacarmes des machines, allez-retours multiples, tel est le tableau que présentent la plupart des ateliers de couture de la place. Et celui de Mamoudou Sidibé, à Hamdallaye ACI 2000, ne fait pas exception. Assis devant sa machine à couture pour finir les broderies sur une robe en tissu Bazin, Mamadou déclare veiller depuis 3 semaines pour terminer ses commandes pour la fête de Tabaski. De façon générale, les tailleurs déclarent continuer à avoir des commandes pour la fête de Tabaski en dépit de la crise financière. « Même s’il n’y a pas d’argent, les femmes viennent faire coudre leurs habits et ceux de leurs enfants », a indiqué Sarr, tailleur sénégalais d’un atelier à ACI 2000. Tout comme Sidibé, Sarr a épousé le rythme du noctambule, il travaille depuis des semaines 24h / 24 pour terminer les nombreuses commandes de ses clients pour la fête de Tabaski. Désireux d’avoir le maximum, rares sont les tailleurs qui refusent les commandes de dernière minute, une situation qui les confrontent très souvent à leurs clientes, explique Mamoudou. « Souvent, les clientes nous apportent très tardivement leurs habits, et si tu refuses de les prendre, elles te supplient pour ensuite t’insulter en cas de retard », s’est plaint Mamoudou. Quant à une cliente rencontrée dans l’atelier de Sarr, c’est plutôt les tailleurs qui par cupidité ne refusent aucune commande sachant bien qu’ils ne pourront pas tout honorer avant le jour de la fête.
Un autre marché non moins florissant, le marché de la coiffure
Le marché de la coiffure et de la pose des faux cils et ongles garde sa grande affluence. Les coiffeuses professionnelles sont débordées par la clientèle, des jeunes filles en grande partie, venues pour se faire coiffer ou se faire poser des faux ongles et des faux cils. Parallèlement, dans les salons de coiffure, l’affluence ne semble pas être au rendez-vous. Mais Fanta, coiffeuse dans un salon à l’ACI, ne désespère point. « Beaucoup de clientes préfèrent attendre 2 à 3 jours avant la fête pour se coiffer. Pour le moment c’est surtout celles qui veulent se faire des rasta qui viennent plus tôt », nous déclare Fanta, confiante d’enregistrer un bon chiffre d’affaire grâce à la fête de Tabaski.
Khadydiatou SANOGO
source : Le Prétoire