Il est bon de se demander si le régime IBK voue encore un tantinet de respect au peuple malien. En effet, faire appel à trois nègres de service pour s’attaquer à leurs confrères et tenter de nier l’évidence, ne disculpera pas Koulouba à propos de ce marché malodorant de près de 70 milliards FCFA, attribué par entente directe à Sidy Mohamed Kagnassi, qui se trouve être le conseiller spécial du président de la République. Et on a beau essayer de tromper l’opinion publique en disant que le marché a été annulé et que le dossier publié dans la presse relève du montage, Le Sphinx persiste et signe : le marché existe bel et bien et constitue le plus gros scandale financier du Mali indépendant.
Pris le doigt dans le pot de confiture, deux confrères grassement payés et un autre, désormais de l’autre côté du mur sous le couvert d’un anonymographe tentent de sauver, d’une manière très maladroite, la tête du soldat Sidi Mohamed Kagnassi, aujourd’hui Conseiller spécial du président de la République et de son associé de circonstance, tous deux plongés dans un marché malodorant de fournitures de véhicules et d’équipements à l’Armée malienne dont l’odeur pestilentielle empeste aujourd’hui toute la République .
Nos confrères ont poussé le ridicule jusqu’‘à publier le même article, le même jour en le signant tantôt Bertin Dakouo, tantôt c’est une correspondance particulière d’un certain Fassery Diakité, tantôt c’est une correspondance particulière tout court ! Quel crédit peut-on accorder à un même article signé par quatre personnes différentes dans quatre journaux différents ?
C’est votre journal préféré qui a levé le lièvre et notre excellent confrère « Le Procès-verbal » a enfoncé le clou dans son édition du lundi dernier en publiant en fac-similé le protocole d’accord de ce marché signé bel et bien par Sidi Mohamed Kagnassi, Directeur général de Guo-Star Sarl. Une révélation qui a semé la panique à Koulouba et certainement Sébénikoro où se trouvent les ramifications dudit marché. C’est un secret de polichinelle, Sidi Mohamed Kagnassi est l’ami du fiston national, Karim Kéïta qui l’a aidé à décrocher, à travers Safran-Morpho la fabrication des cartes NINA avec un surplus de deux millions de cartes NINA
qui ont joué le rôle que l’on sait à la présidentielle et aux législatives. Ce qui d’ailleurs a suscité, à juste titre d’ailleurs, l’ire du Cherif de Nioro dont on a volé, lors des législatives, la victoire de plusieurs candidats qui lui sont proches en faveur au RPM.
Le marché en question existe bel et bien et des pourparlers sont en cours entre le fournisseur et un pool bancaire dont essentiellement deux banques sous influence d’un pays étranger ami du Mali, pour financer l’opération. Ce marché fait l’objet du protocole d’accord relatif à la fourniture de matériels HCCA, de véhicules et de pièces de rechange aux forces armées maliennes pour la période du 01 décembre 2013 au 01 décembre 2016, soit une durée de 36 mois. Ce protocole a été bel et bien signé le 13 novembre 2013 entre d’une part le ministre de la Défense et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga et d’autre part Sidi Mohamed Kagnassy (le fournisseur, comme précisé dans le document) au nom de la société Guo-Star. Aux dernières nouvelles, nous apprenons qu’il y a eu des avenants qui ont porté la valeur de ce marché à plus de 108 milliards FCFA. Ce qui ne nous intéresse pas car même si c’est 200 milliards FCFA d’équipements destinés à l’Armée malienne, c’est tant mieux. Notre
préoccupation est ailleurs.
Premièrement, nous retenons que le protocole relatif au marché a été signé le 13 novembre 2013 et Sidi Mohamed Kagnassy a été nommé conseiller spécial du président de la République par décret n°0005/P-RM du 7 janvier 2014, soit presque deux mois après l’octroi de ce marché
d’un montant total de 69 183 396 474 FCFA. La Présidence de la République ne peut prétendre ignorer que ce même Sidi Mohamed Kagnassy est fournisseur de l’Etat malien pour le nommer à ce poste si stratégique qui ne fait qu’éveiller naturellement des supputations au vu de la coïncidence. De la part des services présidentiels, on n’a pas ensuite à s’égosiller, mais plutôt garder le profil bas. C’est certainement pour cette raison que Koulouba a préféré se cacher derrière deux scribouillards de la presse malienne et un autre désormais de l’autre côté du mur et dont nous citerons les noms plus tard. Ils ne sont d’’ailleurs pas des références dans le métier. La preuve, en se faisant passer pour l’avocat du diable, ils ont délibérément cherché à trainer dans la boue des confrères, ignorant ou délaissant ainsi les principes de base du métier : la confraternité. Un anti-modèle qui va faire le tour de la planète grâce à la magie d’Internet. Le monde entier se gaussera ainsi de la presse malienne. Mais il faut être un journaliste pour avoir ce souci car être un journaliste c’est respecter des règles de base et des principes. Seulement, ce n’est pas pour rien qu’il existe le haut de gamme, le bas de gamme et même la friperie.
Sous d’autres cieux où même dans les sphères pas très élevés au niveau de l’Etat on fait ce que l’on dit, la gestion de marché ne se serait pas déroulée de la sorte. Et d’ailleurs, si un ministre avait commis l’imprudence d’agir de la sorte au niveau de son Cabinet, la foudre serait tombée sur sa tête. Mais sous le régime IBK où l’on attend beaucoup en matière de bonne gouvernance, c’est normal qu’un fournisseur de l’Etat, à hauteur de près de 70 milliards de nos francs, soit nommé conseiller spécial du président de la République. C’est là où l’argument selon lequel Sidi Mohamed Kagnassi est un Malien comme les autres ne tient pas la route.
C’est un Malien qui a choisi d’’être opérateur économique et par conséquent de s’engraisser avec les sous de l’Etat, notre argent, en contrepartie de prestations. Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes.
Nous sommes d’accord qu’en matière d’acquisition d’armement, on ne doit pas faire beaucoup de bruit et le vrai propriétaire de la société Guo-Star, Amadou Baïba Kouma, le sait bien pour avoir bénéficié à plusieurs reprises de marchés d’équipements militaires de la part de l’Etat malien et par entente directe. Mais lorsqu’il s’agit de tenues militaires et de véhicules, on procède par appels d’offres. Au plus fort de la crise malienne, lorsque le pays était encore en guerre contre les jihadistes, on a reproché à l’AMRTP de ne pas passer par un appel d’offres pour acquérir des véhicules destinés à l’Armée malienne. Alors que l’urgence s’imposait dans
ce cas-là. Par conséquent, cet argument de discrétion au point de commettre un délit d’initié pour certains, de la forfaiture pour d’autres – et que dit-on encore- ne saurait convaincre les Maliens.
Par ailleurs, en considérant le marché lui-même, il convient de s’arrêter un moment sur le lot 2, relatif aux matériels roulants pour un montant de 35 116 529 474 FCFA. Les véhicules tactiques tout terrain de cabine simple de 3,5T, 10 places, 1,4t de charge utile, moteur 190 CV euro ont été facturés chacun 53 136 000 FCFA hors taxe. Les opérateurs économiques de la place apprécieront, eux qui savent que pareils véhicules, à ce nombre encore, peuvent être obtenus par l’Etat malien à un prix ne dépassant guère 35 millions FCFA. Peut-être qu’à la transcription le fournisseur s’est trompé et a interverti les deux chiffres du nombre 35 pour passer ainsi à 53. Mais passons…
En ce qui concerne les véhicules de commandement – véhicules tactiques légers tout terraindouble cabine 10 places, ils sont surfacturés à 51 364 800 FCFA pièce. On ne savait donc pas que pour des véhicules de même caractéristique, ceux qui se présentent en double cabine coûtent moins cher que ceux de simple cabine où la quantité est supérieure de 40 unités. En tout cas, c’est ce qui se retrouve dans le bordereau estimatif n° 0411/2013 du fournisseur.
Les spécialistes de vente de véhicules que nous avons rencontrés dans le cadre de nos investigations, ont été surpris des prix proposés tant pour les véhicules tout terrain que pour les ambulances et fourgons bâchés.
Le clou, c’est lorsque l’on nous parle d’autonomie de 1600 kms pour les véhicules. Quelle est alors la dimension du réservoir ? Voilà qui devrait intéresser les camionneurs maliens obligés de trainer deux à trois réservoirs sur le corridor Bamako-Dakar.
Pour rappel, la Nissan Navaro qui est réputée être le plus puissant des véhicules 4X4, consomme 94 litres de carburant aux 424 kms. Ce qui signifie que s’il devait garantir une autonomie de 1600 kms, il lui fallait un réservoir en mesure de contenir au moins 370 litres de carburant soit environ 370 kg Imaginez un peu… Les prix ont été surfacturés au triple de leur valeur respective.
Faire de l’amalgame ou menacer des journalistes de façon nuancée ou ouverte ne changera rien sur la vérité : ce marché existe et nous venons de dénoncer certaines de ses incohérences.
Dire maintenant que le document publié par une certaine presse est un montage, c’est autre chose. En tout cas, le protocole d’’accord dont nous détenons copie tout comme le devis estimatif, portent bien l’empreinte du ministère de la Défense et des anciens combattants au bas de chaque page, en plus d’avoir été paraphées comme le veut l’usage. Alors, qu’on arrête de mentir par respect pour les Maliens qui attendaient mieux de ce régime. Il nous revient qu’après le tollé qui entoure ce marché pourri surtout avec le nom de Sidi Mohamed Kagnassi qui se trouve être aussi conseiller spécial du président de la République,
on tente de procéder à des manipulations pour noyer le poisson dans la mer de contrevérités. C’est ainsi qu’on s’est empressé de faire sauter le nom de Sidi Mohamed Kagnassi pour le remplacer par celui d’Amadou Bayiba Kouma qui est effectivement le PDG de Guo-Star sarl. Mais hélas le mal est déjà fait car le document portant sa signature se trouve bien en circulation, jusque dans des chancelleries et organisations internationales qui suivent ce dossier de très près. (Voir documents). Chiche !
Adama Dramé
Sphinx