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Manifestations de juillet 2020 au Mali : La MINUSMA précise les faits, après une enquête

Bamako, 28 Déc (AMAP) La Division des droits de l’homme et de la protection de la Minusma (DDHP), au terme de son enquête spéciale, a conclu que 14 personnes, formellement identifiées ont été tuées lors des interventions des forces de maintien de l’ordre et au moins 158 autres, civiles et militaires, ont été blessées entre le 10 et le 14 juillet 2020.

Dans un rapport de 30 pages, présenté lundi, à la presse, la DDHP qui indique que les preuves et autres documentations collectées au cours de l’enquête seront mises à la disposition des autorités judiciaires maliennes, confirme les allégations de violations des droits de l’homme imputables aux forces de défense et de sécurité, notamment « l’usage excessif de la force de manière toutefois non systématique lors de ces évènements ».

Les manifestants sont aussi épinglés pour avoir commis des « actes de violence et de destruction» au cours de ces évènements.

Le rapport est le fruit d’un travail mené par une équipe composée de 30 chargés de droits de l’homme, un chargé de la protection de l’enfance et de deux experts scientifiques de la police des Nations Unies. Elles ont enquêté, du 20 juillet au 17 août 2020, sur les évènements qui se sont produits à Bamako et dans certaines régions.

Il ressort des conclusions de leur mission que « quatorze manifestants, tous de sexe masculin, dont deux enfants ont été tués lors des interventions des forces de maintien de l’ordre notamment la gendarmerie nationale, la police nationale, la garde nationale et la Force spéciale anti-terroriste (FORSAT)».

Pour la DDHP, les décès ainsi que la plupart des blessures infligées aux manifestants résultent d’un usage disproportionné de la force par les forces de défense et de sécurité, notamment l’usage de balles réelles à l’Assemblée nationale, aux quartiers Badalabougou (aux alentours de la résidence de l’Imam Mahmoud Dicko et celle de l’ancien président de la Cour constitutionnelle), à Sogoniko et au Quartier-Mali.

Le rapport précise que l’intervention de la FORSAT, unité spécialisée dans les opérations de lutte contre le terrorisme, a conduit à la mort de deux manifestants.

Le 10 juillet dernier, et depuis des semaines avant, régnait une ambiance quasi insurrectionnelle dans la capitale malienne, Bamako. Des manifestants répondant à l’appel à «la désobéissance civile» du Mouvement du 5 Juin –Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), un mouvement hétéroclite d’opposants, ont envahi des services publics. La situation ne tarde pas à déraper. Les jours suivants, un balai étrange s’empare de la capitale où les fumigènes répondent aux caillassages. Plusieurs personnes sont tuées. Dans les rues, le pouvoir est accablé.

A l’Office de radiodiffusion et télévision du Mali (ORTM), détaille le rapport, les manifestants ont lancé des « pierres sur les éléments des forces de l’ordre, cassé et brûlé des véhicules, saccagé et pillé des biens ». Même scénario à l’Assemblée nationale où les forces présentes ont dû recourir à la méthode forte, tuant quatre personnes.

Le lendemain, toujours aux alentours de l’Assemblée nationale, des patrouilles des forces de défense et de sécurité ont effectué « des opérations de sécurisation » en procédant à des tirs de grenades lacrymogènes et des tirs à balles réelles en direction des vendeurs. Ces tirs ont causé la mort d’une personne et plusieurs blessés dont un enfant.

Le même jour, à Sogoniko, une opération similaire a causé la mort d’une personne. Egalement à Badalabougou, deux personnes, dont un enfant de 16 ans, ont été tuées vers la résidence privée de l’ex-président de la Cour constitutionnelle. Et des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre devant la mosquée de l’Imam Mahmoud Dicko, ont fait quatre morts. Sur les quatre, «deux ont été tuées par des balles tirées par des éléments de la FORSAT», selon le rapport.

Pendant ces folles journées à Bamako, au moins 40 manifestants ont été blessés et 118 agents des forces de défense et de sécurité, parmi lesquels 81 fonctionnaires de police, ont été blessés du fait d’actes de violence imputables aux manifestants. «Certains agents ont été blessés par des jets de pierre lancés par des manifestants ou par des objets contondants », révèlent les enquêteurs qui rapportent, également, que deux fonctionnaires de police auraient été blessés à l’abdomen par balles, vers la station Oryx de la Cité du Niger et au pied du domicile du président de la Cour constitutionnelle.

« Toutes les preuves et autres documentions collectées au cours de l’enquête de la Minusma seront mises à la disposition des autorités judiciaires à leur requête et conformément au protocole établi », souligne le document.

Par contre, la DDHP n’a pas pu corroborer les allégations reçues de personnes qui ont prétendu avoir subi des actes de torture et autres mauvais traitements, imputés aux éléments des Forces de sécurité au cours des évènements. Il en est de même des allégations de mauvaises conditions de détention des personnes arrêtées à Bamako avancées par certains leaders du M5-RFP.

ID/MD (AMAP)

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