En Afrique de l’Ouest, la campagne de la mangue s’achève avec la production sénégalaise, toujours en cours. Une campagne en demi-teinte, malgré l’appétit croissant des Européens pour ce fruit.
L’Europe mange de plus en plus de mangues, plus de 400 000 tonnes l’an dernier, en progression de 16 %. Mais l’Afrique de l’Ouest ne profite pas à plein de l’expansion de ce marché, parce qu’il est aussi très concurrentiel. Si les volumes se maintiennent depuis quatre ans pour la Côte d’Ivoire (30 000 tonnes), troisième fournisseur de l’Europe, les prix, eux, ne sont pas toujours au rendez-vous. L’an dernier la campagne a même été mauvaise : les arrivages de mangues ivoiriennes ont subi, explique Pierre Gerbaud, économiste au Cirad, « une vraie collision avec celles du deuxième fournisseur de l’Europe, le Pérou [120 000 tonnes], dont la récolte s’est poursuivie jusqu’en mai, “le” mois de la mangue ivoirienne, malienne et burkinabé ».
Retard de la récolte ivoirienne
Cette année, la concurrence était moins forte en début de campagne. Le Pérou n’avait plus de mangues à exporter dès le mois d’avril. Pourtant, la mangue africaine n’a pu s’engouffrer dans la brèche : la récolte était en retard cette année en Côte d’Ivoire ! De trop rares expéditions ont bénéficié de très bons prix, jusqu’à 7 euros le colis de 4 kilos. En revanche, à partir de la mi-mai, les prix ont plongé, 2 à 4 euros. Non seulement la mangue africaine affrontait la concurrence traditionnelle des fruits de saison européens, fruits rouges et fruits à noyau, mais « le Brésil, [premier fournisseur de mangues à l’Europe, avec 135 000 tonnes en 2018], avait énormément de marchandise, de même que la République dominicaine et Porto Rico », explique Pierre Gerbaud.
Le Sénégal seul à produire la Kent à cette période
Actuellement, c’est la campagne de la mangue au Sénégal qui bat son plein. La mangue sénégalaise est exportée de juin à août. C’est compliqué là aussi, une grosse concurrence avec le Brésil pèse sur les prix, qui plafonnent actuellement à 2-3 euros le colis. La chance du Sénégal, c’est qu’il est le seul à cette période de l’année à produire la variété Kent, favorite des Européens.
L’Espagne pousse l’Europe à plus d’exigences phytosanitaires
Mais il ne faudrait pas que l’Espagne qui commence à produire en août et qui produit de plus en plus de mangues (36 000 tonnes en 2018), vienne éclipser trop tôt la saison de la mangue sénégalaise. Cette concurrence espagnole pourrait être encore plus implacable l’année prochaine, avec l’entrée en vigueur en septembre 2019 d’une réglementation plus stricte de l’Europe, sur la mouche du fruit, fléau de la mangue africaine. Il faudra que les pays producteurs fournissent des rapports d’inspection tous les mois, y compris pendant les trois mois qui précèdent la récolte.