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Mandela de retour dans sa province natale où il sera inhumé

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Après une semaine d’hommages universels, Nelson Mandela a entamé samedi son dernier voyage, rentrant dans sa province natale du Cap oriental (sud) où il sera inhumé dimanche en l’absence de son vieux compagnon de lutte et ami Desmond Tutu, qui n’a pas été invité.

La dépouille de l’icône mondiale de la liberté et du pardon est arrivée sur le petit aéroport de Mthatha, à un millier de kilomètres de Johannesburg, en début d’après-midi, à bord d’un avion de transport militaire Hercules C130.

Sur le tarmac, sa veuve Graça Machel, soutenue par l’ex-épouse de Mandela Winnie, ses filles, ses petits-enfants, des membres du gouvernement, des amis, de nombreux militaires en costume d’apparat… ont accueilli le cercueil, drapé dans un drapeau aux couleurs de la « Nation Arc-en-Ciel ».

Un grand absent: l’inventeur de cette expression, l’ancien archevêque anglican du Cap Desmond Tutu, qui a dû annuler son voyage faute d’avoir été invité.

« Même si j’aurais adoré assister à la cérémonie pour faire mes adieux à une personne que j’aimais et chérissais, cela serait manquer de respect à Tata que de m’imposer dans ce qui est présenté comme des funérailles strictement familiales », a déclaré Desmond Tutu.

Conscience morale de l’Afrique du Sud, le prélat est une épine dans le pied du gouvernement qu’il critique régulièrement pour ses scandales de corruption et pour ne pas avoir assez lutté contre les inégalités.

« Il rentre à la maison »

Aux abords de l’aéroport, des milliers de personnes ont crié et applaudi quand l’appareil, escorté par deux avions de chasse, a atterri. « Il rentre à la maison, sa dernière demeure », commentait dans la foule Timothy Jacobs « très ému ».

A Mthatha, le convoi funéraire doit faire deux haltes dans la ville, afin de permettre à la foule de saluer son héros de retour sur la terre de ses ancêtres.

Puis il doit prendre la route de Qunu, sur une trentaine de kilomètres, pour gagner la résidence que le héros de la lutte anti-apartheid s’était fait construire à sa libération, en 1990, après 27 ans dans les geôles du régime raciste.

Les habitants de cette bourgade, où Nelson Mandela avait passé ses dernières années avant d’être ramené à Johannesburg pour raisons de santé, sont invités à former une haie d’honneur pour l’accueillir.

« J’y serai », assurait Asiphe Vinjwa, une jeune mère de 25 ans, son bébé accrochée dans le dos. « C’est bien qu’il rentre à la maison pour son dernier repos. C’est chez lui, ici. » « Les gens d’ici ne vont pas bien », ajoutait Kutala, une infirmière du village. « Nous avons passé une sombre semaine depuis sa mort. Mais nous savons qu’il a parcouru un long chemin. »

Le voyage de Nelson Mandela avait commencé en 1918 dans cette province rurale et verdoyante du Transkei. Né à Mvezo, non loin de là, il a toujours dit avoir passé les meilleurs moments de son enfance à Qunu et a souhaité y être enterré.

Mais avant de rentrer sur ses terres, il a fait ses adieux à Pretoria, la capitale politique du pays, où son parti, le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis l’avènement de la démocratie en 1994, lui a offert un dernier hommage empreint de gravité.

Le défi de l’inégalité demeure

Mandla, l’aîné des petits-fils, en complet sombre, est revenu sur les derniers jours qu’il a passés aux côtés du cercueil de son grand-père, exposé au siège de la présidence. « J’ai vu son armée, j’ai vu son peuple, j’ai vu les Sud-Africains ordinaires, qui ont parcouru avec lui ce long chemin vers la liberté », a-t-il dit.

En trois jours, de mercredi à vendredi, jusqu’à 100.000 Sud-Africains se sont inclinés devant la dépouille, quelques impatients ayant même débordé la police vendredi pour pouvoir poser un dernier regard sur leur héros.

Mardi, le monde lui avait rendu un hommage officiel dans le stade de Soweto en présence d’une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Barack Obama avait salué un « géant de l’Histoire ».

Le président Jacob Zuma a insisté samedi sur les qualités de leader du défunt, sa force de persuasion mais aussi sa capacité à pardonner. « La question est: pouvons-nous produire à l’ANC d’autres Madiba? » « Nous sommes libres, mais le défi de l’inégalité demeure », a-t-il poursuivi. « La pauvreté demeure. Le chômage demeure, et c’est pourquoi notre défi à tous en mémoire de Madiba est de nous impliquer plus. »

Debout devant deux grandes affiches d’un Madiba tout sourire, le chef de l’Etat a ensuite entraîné l’assistance dans un long et profond chant d’hommage, selon la tradition sud-africaine.

Dimanche matin, une cérémonie regroupant à Qunu environ 5.000 invités sera retransmise à la télévision. C’est après seulement que le corps prendra le chemin du petit cimetière familial, à quelques centaines de mètres.

Mandela y sera inhumé auprès de ses parents et de trois de ses enfants. La famille a fait savoir que la mise en terre se ferait dans l’intimité la plus stricte. Aucune image télévisée ou photo ne sera autorisée.

Selon la coutume, des rites xhosas, dont l’égorgement d’un boeuf, seront pratiqués et des aînés du clan thembu, dont était issu Mandela, s’exprimeront autour de la tombe. « Des funérailles sont une cérémonie complexe qui demandent notamment de communiquer avec les ancêtres et de permettre à l’esprit du défunt de reposer », a expliqué le chef Jonginyaniso Mtirara, du clan thembu.

Là s’achèvera le très long chemin du père de la démocratie sud-africaine, mort à l’âge de 95 ans le 5 décembre.

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