« Mon remplaçant n’est autre que mon 1er substitut. Il est bon, plus bon que moi », déclarait, le 26 juin 2019, au Mémorial Modibo Kéïta, Mamadou Bandiougou Diawara, Procureur de la République près le Tribunal de Grande instance de la Commune III du district de Bamako qui venait d’être nommé au Parquet général de la Cour d’Appel en qualité de substitut général.
Pas de simples compliments ! Le ministre de la Justice et des droits de l’homme, Malick Coulibaly, a vu juste en confiant l’un des parquets les plus importants de l’appareil judiciaire du pays à Mamoudou Kassogué. Rarement, un magistrat fait l’unanimité au sein de la corporation : les membres de la famille judiciaire le respectent pour son sérieux.
ce magistrat modèle a trainé sa bosse dans plusieurs circonscriptions où il n’a laissé que de bonnes impressions : juge au siège au tribunal de première instance de la commune V du district de Bamako, juge d’instruction à Gao, il a été entre autres 1er substitut du Procureur au tribunal de Kati ; Juge de paix à compétence étendue de Macina ; Juge d’instruction au Pôle économique et Financier.
C’est de son poste de 1er substitut qu’il a été promu Procureur de la République près le Tribunal deGrande Instance de la Commune III du district de Bamako, en charge du Pôle économique et financier. Il est donc en terrain connu. Il est de la race de ces magistrats capables de faire bouger les lignes à souhait sur le terrain de la corruption et de la délinquance financière et de redonner le blason d’une justice en perte de crédibilité.
« La magistrature est un monde complexe. Il y a deux visions qui s’opposent au sein de la magistrature malienne. La première est moderne et est pour le changement positif. La seconde est incarnée par l’aile conservatrice. Mamoudou Kassogué est de l’école moderne. Il veut révolutionner les pratiques. Techniquement et moralement, il est irréprochable. La perfection appartient à Dieu mais unanimement, il est reconnu comme tel au sein de la corporation. C’est pourquoi sa nomination n’a pas posé de problèmes. Tout le monde sait qu’il le mérite et qu’il le peut. C’est un magistrat modèle. Il est correct. C’est un homme engagé et déterminé pour la justice et sa patrie », nous confie un magistrat membre du Syndicat libre de la magistrature (Sylima).
Selon ce jeune magistrat reconnu aussi pour sa grande probité, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune III a une autre qualité qui est l’audace. « Il est audacieux », martèle-t-il.
Deux handicaps majeurs !
Le patron du parquet de la commune III a le courage de dire non aux pratiques contraires à la loi mais aussi aux justiciables peu catholiques. Nommé juge quelque part, il est accueilli par une pluie de cadeaux de la part d’un groupe de grands escrocs. Il éconduit gentiment les visiteurs avec leurs enveloppes et autres. Avant de quitter cette localité, il a mis son mandat de dépôt à ceux qui s’étaient précités à l’accueillir avec des cadeaux empoisonnés.
À Gao, il a refusé une mallette remplie d’argent. Bien d’autres anecdotes jalonnent son parcours. C’est dire à tel point ce magistrat syndicaliste, président du syndicat autonome de la magistrature (SAM), a suffisamment de ressorts moraux pour résister à la tentation. Sa devise : la loi et sa conscience.
Mamoudou Kassogué veut une justice au service du peuple et joue à la plus grande transparence dans le traitement des procédures judiciaires. Jusque-là, il est le seul procureur de la République qui organise un point de presse pour faire la situation d’un dossier. Il a apporté un changement positif dans l’animation du parquet en responsabilisant tous ses substituts.
Cependant, deux obstacles majeurs se dressent sur le chemin du Procureur Kassogué et son équipe.
Primo : certains présumés délinquants économiques et financiers échappent à la compétence du Pôle économique et financier compte tenu de leurs statuts. Certaines personnalités relèvent de la Haute Cour de justice. Et toute procédure contre celles-ci passe par l’aval de l’Assemblée nationale. Il s’agit là d’une limite légale à certaines poursuites pénales.
Secundo : le Pôle économique et financier manque de moyens financiers et a vu le départ des assistants techniques. Ceux-ci ont déserté à cause du manque d’intéressement comparativement à leurs services d’origines.
Les actions entreprises par le Procureur Mamoudou Kassogué et son équipe doivent être soutenues. Le Mali a plus que besoin d’une justice responsable pour se redresser.
Source: Le Challenger