Mamadou Ismael Konaté n’a pas fait dans la dentelle en lançant son livre «la Justice en Afrique, ce grand corps malade: le cas du Mali» à travers une cérémonie le 26 janvier 2019. La justice malienne est malade et il appartient aux juges de la soigner, de « se réveiller », a-t-il expliqué. Parmi la foule qui a pris part au lancement du livre au Parc national de Bamako, il y avait des avocats, mais aussi des juges venus dire ce qu’ils pensent de l’ouvrage.
« J’avais quelque chose à dire, je ne sais pas si je l’ai suffisamment écrit, mais je l’ai dit et je suis libéré », a déclaré Me. Konaté. Pour lui, le combat pour soigner la justice malienne et africaine est un devoir qui incombe à tous les citoyens. En la matière, il y a des devanciers comme Me. Malick Konaté, ancien ministre de la Justice du Mali; et Ibrahima Dème, un magistrat sénégalais qui a rendu le tablier pour justement dénoncer ce qui ne va pas dans la justice de son pays.
S’adressant aux juges, l’auteur a expliqué que son passage au sein du gouvernement et le combat qu’il y a engagé n’avaient pas été bien compris par certains. «Vous m’avez suspectez d’être là contre vous. J’étais là pour vous ! Il se trouve que parmi vous, il y a des déviants…Le juge n’est pas un personnage ordinaire. Soyez donc juge ! Si vous êtes juges, l’argent public ne souffrira pas», a-t-il dit.
Pour l’auteur, tout le Mali regarde à présent les juges qui ont une place importante dans le redressement du pays. Il y a des gens qui sont en prison et qui ne méritent pas d’y être et d’autres qui méritent la prison qui sont libres de leurs mouvements. Si les juges et les gouvernants ne se réveillent pas, cette situation risque bientôt de les rattraper. « Si vous ne vous réveillez pas, la justice vous trouvera à Koulouba », a-t-il affirmé.
Jugé par ses pairs avocats, Mamadou Ismael Konaté a tiré plein dans le mille en publiant un livre qui dénonce la corruption de la justice malienne et africaine en général. Et l’avocat Cheick Oumar Tounkara de s’interroger sur l’opportunité d’un tel challenge après le passage tumultueux de l’auteur au sein du gouvernement en tant que ministre de la Justice.
Pendant longtemps, Tounkara se demandait s’il s’agissait d’un déballage, ce qui est probable. Mais les violations dénoncées doivent être réparées, selon lui, afin d’épargner le pire aux pays africains.
Pourtant, tout n’incombe pas aux juges, remarque Waïgalo Malado Bocoum, juge. Le livre qui veut corriger la justice malienne reconnait aussi les difficultés dans lesquelles les juges travaillent. «Au-delà des idées que je désapprouve, le livre mérite d’être salué », a reconnu la juge qui estime que la balle est dans le camp de l’Etat qui semble dire que les juges ne sont pas importants pour le Mali.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain