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Maliens de France – Consulat : Le bras de fer

« Bonjour, bienvenue au consulat du Mali, veuillez ne pas quitter, nous allons prendre votre appel…».

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Et l’attente peut être longue, car ce serveur vocal du consulat malien à Paris, souvent saturé, ne garantit pas l’accès à un interlocuteur. Depuis l’accord passé avec les occupants du consulat, il devait être renforcé par au moins trois lignes téléphoniques, mais selon ces derniers, il n’en serait toujours rien. Symptôme d’une situation qui depuis deux mois ne cesse de se dégrader, alors que la majorité des doléances acceptées par le consulat ne sont pour la plupart pas effective. Le 18 mars, à l’appel des collectifs Mains propres et Citoyen Mali, la communauté malienne de France battra à nouveau le pavé afin d’exprimer son exaspération et sa détermination.

« C’est choquant à notre époque que l’on galère pour avoir des documents officiels ». « Une journée entière à attendre qu’on s’occupe de nous ». « Je me suis fait recensé au mois d’août 2016 et n’ai toujours pas ma carte NINA à ce jour ». « Je me retrouve sans passeport, sans titre de séjour et j’ai perdu mon emploi ». « On en a marre ! ». « Trop c’est trop ! ». Deux mois après l’occupation du consulat du Mali, les réclamations fusent de toutes part. Pourtant, la communauté malienne de France avait porté haut, en décembre dernier, des revendications administratives concernant notamment le lien entre la carte NINA et le passeport biométrique. Cette fronde menée par le collectif Mains propres avait débouché, après la médiation de deux ministres et le départ du consul, à un accord signé en 20 points. Aujourd’hui, la liesse du changement promis a fait place au mécontentement et à la colère, malgré la mise en œuvre partielle des accords et la création d’un second consulat à Lyon (centre-est de la France). « Nous n’avons obtenu satisfaction que sur deux points : l’identification des agents du consulat grâce à un badge et la prolongation des passeports », résume Bakou Dembélé, représentant du collectif Citoyen Mali dans le comité de suivi des accords, qui confirme un mécontentement grandissant, mais sans surprise.

Je veux ma carte NINA et mon passeport ! À la signature de l’accord, le 3 janvier 2017, le collectif avait laissé trois mois au consulat pour appliquer l’ensemble des 20 points signés. Bien qu’aucun calendrier n’ait été établi par la partie consulaire, certaines mesures étaient néanmoins datées, notamment la délivrance de toutes les fiches NINA au niveau de Bamako et l’envoi de tous les passeports en souffrance, pour le 31 janvier. De ces actions, selon le collectif, aucune n’a été entreprise pour l’instant. L’obtention du passeport biométrique lié à l’obtention de la carte NINA, processus dénoncé par les membres du collectif, mais obligatoire et incontournable pour toutes les phases de demande du précieux document, reste actuellement selon l’association, toujours aussi problématique. « Ça constitue un véritable casse-tête ! Si tu n’as pas de passeport, tu ne peux pas renouveler ton titre de séjour. La majorité des Maliens de France sont aujourd’hui en situation irrégulière. Ils perdent leur emploi, ils perdent leurs papiers et les conséquences sont lourdes », poursuit Bakou Dembélé

Les frais consulaires de ce document administratif s’élèvent normalement à 85 euros, mais peuvent atteindre parfois jusqu’à 200 euros, pour un traitement administratif plus rapide mais pas vraiment effectif. En comparaison, le coût de renouvellement d’un passeport sénégalais coûte une trentaine d’euros pour un délai d’obtention qui n’excède pas les 3 jours ouvrés, contre trois semaines actuellement pour le Mali. « Nous devons en plus payer les passeports dans une banque avec qui l’État souverain malien a passé un contrat. Ce partenaire bancaire ne fait pas confiance à l’État malien pour collecter les sommes et lui reverser sa part, donc il prend directement sa part et reverse à l’État malien. Si jamais il y a une erreur sur la carte NINA, ce qui est très fréquent car près de 20 % des cartes NINA délivrées en contiennent, on ne peut pas retourner à la banque pour se faire rembourser », précise le représentant du collectif Citoyen Mali. Du 23 décembre 2016 au 2 février 2017, ce collectif a recensé plus de 3 000 Maliens en souffrance sur la question des passeports, sans compter le problème de la carte NINA. Le collectif explique cette situation par un manque de volonté manifeste de la partie consulaire, qui pour sa part brandit des chiffres : 535 passeports ont été prorogés depuis la signature de l’accord, et sur 2 047 fiches NINA arrivées au consulat, 1 000 auraient déjà été distribuées, selon ses services.

Dialogue rompu En l’espace de deux mois, les relations entre le consulat et les collectifs se sont considérablement dégradées, au point que les différentes parties ne se parlent plus. Pour les collectifs, le gérant intérimaire, Tidjani Djime Diallo, est le principal fautif. « Pendant les négociations, nous ne sommes pas parvenus pas à nous entendre avec lui. Nous lui avons dit les points sur lesquels il y a eu des avancées, quel est le niveau de blocage et pourquoi nous n’avons pas obtenu satisfaction, mais il ne nous répond pas. Il est le président de la commission de suivi des accords, mais il ne nous a pas convoqué pour la réunion de mars. Il a coupé les ponts. Nous sommes frustrés car nous sommes considérés comme des Maliens de seconde zone! », déplore Tapa Konté.

Pour le gérant intérimaire, les relations avec les collectifs se sont tendues lors des sessions d’enrôlement du RAVEC à Bobigny et Grigny, où ces derniers ont exercé des pressions pour se substituer à l’administration en exigeant que les équipes travaillent parfois jusqu’à 21h, ou en voulant obtenir des machines pour exécuter eux-mêmes l’enrôlement. « Nous devions nous rencontrer pour la réunion du comité de suivi, jeudi 8 mars, mais quelques jours avant, ils ont appelé à une mobilisation et ont commencé à instrumentaliser les gens dans les foyers. J’ai donc annulé », justifie Tidjani Djime Diallo.

Dans ce bras de fer, beaucoup au sein des deux collectifs considèrent que le consulat et plus largement, le gouvernement malien, ne les prennent pas au sérieux. Pour Mamadou, jeune malien de 25 ans, les choses doivent changer : « Ils ne comprennent pas que la jeunesse malienne en France est différente des aînés. Avant, ils voyaient les uns, les autres et les choses se calmaient. Nous, nous ne sommes plus de cette génération et nous sommes déterminés à revendiquer nos droits », affirme-t-il.

Au niveau du consulat, La coupe semble aussi pleine «  Tout ce qui pouvait être réalisé à déjà été mis en œuvre. Maintenant, conformément à l’Accord, tout ce qui demande des changements profonds nécessite des fonds et des autorisations. Nous avons fait un plan global de réorganisation du consulat, nous attendons l’aval de Bamako », indique le gérant intérimaire, qui ajoute, « nous restons toujours ouverts à un accompagnement avec des associations responsables, mais ces associations doivent rester à leur place. Elles doivent savoir qu’il n’y aura pas de co-gestion de fait et que tout accompagnement dans ce sens est voué à l’échec ». Seule lueur d’espoir, l’arrivée prochaine, même s’ils ne savent pas quand, du nouveau consul, le magistrat Moussa Kenneye Kodio, nommé le 4 janvier dernier. « La question est de savoir sur quelle base sont nommés les gens affectés dans les différents consulats et ça, on ne le sait pas », objecte David Dakouo, résident malien en Allemagne.

Piqûre de rappel C’est par SMS et grâce à leurs réseaux personnels, qu’en vue de la manifestation du 18 mars qui se tiendra devant le consulat du Mali, les membres des différents collectifs ont pu atteindre quelques milliers de Maliens, en dehors du réseau social Facebook. « Le 18 mars, nous ne comptons pas demander le ciel mais seulement que l’État respecte ses engagements, qu’il prenne et assume ses responsabilités. Nous n’avons pas d’autres choix face à ces drames que vivent nos concitoyens. Cette manifestation sert uniquement à rappeler et à montrer aux autorités maliennes que nous ne sommes pas prêts à lâcher l’affaire et que s’il faut aller jusqu’au bout, nous irons jusqu’au bout », conclut Tapa Konté.

 

Source: journaldumali

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