Dans une note publiée le 12 août 2020, Human Rights Watch accuse les forces de sécurité maliennes d’avoir fait un usage « excessif » de la force pour réprimer les manifestations organisées par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) du 10 au 12 juillet à 2020 à Bamako. L’ONG exhorte les autorités à enquêter sur les incidents meurtriers.
« Au moins 14 personnes ont été tuées et plus de 300 autres blessées » lors des manifestations du 10, 11 et 12 juillet 2020 dans la capitale malienne, selon l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch. Dans sa note, l’ONG a condamné l’usage « excessif » de la force pour « réprimer des manifestants ». De son côté, le gouvernement du Mali annone « 11 morts » et une centaine de blessés. Alors que le mouvement de contestation fait un décompte de 23 morts et des centaines de blessés
Parmi les victimes de ces violences, on compte des manifestants, des simples passants et des éléments des forces de sécurité. Par ailleurs l’organisation a exhorté les dirigeants de la contestation à prendre des « mesures concrètes » pour empêcher toute nouvelle violence de la part de leurs partisans.
Depuis juin 2020, une large coalition de partis politiques d’opposition et d’organisations de la société civile, réunie au sein du Mouvement du 5 juin–Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), manifeste contre le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta dont elle réclame la démission. Les contestataires dénoncent, entre autres, l’insécurité, la mauvaise gouvernance et la corruption.
« Douze personnes tuées à Badalabougou »
Badalabougou, un quartier de la commune V du district de Bamako, situé sur la rive droite du fleuve Niger, est le fief de l’imam Mahmoud Dicko, figure de proue de la contestation. Le domicile de l’influent imam Mahmoud Dicko, caution morale du mouvement, s’y trouve mais aussi le domicile de l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle, Manassa Danioko. Sur les 14 personnes tuées lors des manifestations, 12 sont de Badalabougou. « Le 11 juillet, des membres des forces de sécurité ont abattu au moins 12 personnes dans le quartier de Badalabougou, trois ayant été tuées par ceux qui gardaient le domicile de l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle », rapporte Human Rights Watch.
Mais, pour l’organisation, les protestataires ont aussi usé de la violence lors des manifestations et des violences perpétrées du 10 au 12 juillet. « Les manifestants ont dressé des barricades ; lancé des pierres, parfois en se servant de lance-pierres ; occupé, incendié et pillé en partie des immeubles gouvernementaux et menacé d’attaquer le domicile d’un juge », lit-on.
Un appel à la justice
Human Rights Watch demande au gouvernement malien de règlementer l’utilisation de la violence par les forces de l’ordre et rappelle la promesse des autorités d’enquêter sur ces violences meurtrières. « Le 11 juillet, le président Keïta a promis que la lumière serait faite sur ces incidents meurtriers et, le 14, le bureau du premier ministre a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation présumée de la Force antiterroriste d’élite (FORSAT) lors des manifestations ».
Enfin, Human Rights Watch recommande aux autorités maliennes d’ordonner publiquement aux forces de sécurité de « respecter les principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois ».
Source : Benbere