Le ministre de la Défense, François Bausch, a évoqué la situation concernant la mission des militaires luxembourgeois au Mali. Lundi, le ministre de la Défense, François Bausch a informé les membres de la commission jointe des affaires étrangères et de la Défense de la Chambre des députées sur la situation de la European Union Training Mission (EUTM) au Mali. François Bausch a rappelé devant les députés que l’EUTM a été créée à la demande du gouvernement malien et sur la base d’une résolution des Nations unies, les États membres de l’Union européenne ayant accepté de participer à une mission de formation des forces armées maliennes. Actuellement, l’EUTM est composée de près de 700 soldats provenant de 25 pays européens, dont 22 membres de l’armée luxembourgeoise, qui contribuent à la protection des forces.
Le Mali est secoué par des troubles sécuritaires et politiques. Un coup d’État a eu lieu en mai 2021 avec l’arrestation du président Bah N’Daw, du Premier ministre, Moctar Ouane, et le ministre de la Défense désigné, Souleymane Doucouré. Il fait suite à un autre coup d’État en 2020 dans ce pays frappé par une insurrection islamiste dans le Nord. Depuis 2013, la France est intervenue militairement dans cette zone sahélienne qui s’était transformée en zone d’activité et de repli de groupes djihadistes locaux et internationaux. L’armée française a stoppé cette année-là l’avancée de ces groupes rebelles extrémistes vers Bamako. En 2014, l’opération Serval est devenue l’opération Barkhane pour tenter de ramener la sécurité dans cette partie, immense, du Sahel et préserver l’intégrité du pays et protéger les populations locales des fondamentalistes.
Aujourd’hui, le colonel Assimi Goïta est à la tête du pays. La prise de pouvoir par la junte militaire a isolé le pays, notamment à cause du report des élections. Le pouvoir militaire malien s’appuie aussi sur les mercenaires russes du groupe Wagner utilisés par exemple en Syrie, mais qui seraient aussi mobilisés actuellement pour la guerre en Ukraine par Moscou. Cela a provoqué une rupture avec une grande partie des pays occidentaux impliqués dans l’opération de stabilisation sécuritaire et de lutte contre les groupes terroristes. Le président français, Emmanuel Macron, a d’ailleurs indiqué la fin de l’opération Barkhane et le repli progressif des troupes françaises vers les pays limitrophes. Repli toujours en cours. La Task Force Takuba, rassemblant des unités spéciales de différents pays autour de la France, a annoncé aussi son retrait du pays en février dernier.
La dégradation politique et sécuritaire dans le pays a également concerné le programme EUTM, a précisé François Bausch devant les députés. Le 11 avril, l’Union européenne avait décidé une suspension temporaire des activités d’instruction et d’entraînement pour les unités constituées des forces armées maliennes déployables sur le terrain et la garde nationale, tout en maintenant les formations aux forces de police et de gendarmerie ainsi que toutes les activités de conseil militaire et stratégique et de protection des forces, à laquelle participe l’armée luxembourgeoise.
Lundi, le ministre de la Défense a proposé une prolongation du déploiement luxembourgeois actuel d’ici fin 2022 en avançant en parallèle l’évaluation stratégique de l’EUTM Mali. François Bausch a tranché après les analyses des risques et avantages de trois scénarios possibles : un retrait des membres de l’armée luxembourgeoise dès la fin du mandat au mois de juin 2022, une prolongation du mandat actuel ou alors un redéploiement de l’EUTM dans d’autres pays du Sahel. Les soldats luxembourgeois pourraient donc rester sur place jusqu’à la fin de l’année. «Les résultats de l’évaluation stratégique de l’EUTM Mali nous permettront de prendre une décision en toute connaissance de cause», a estimé le ministre devant les députés. «Un départ précipité du Mali pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la région, mais aussi pour l’Union européenne», a-t-il encore ajouté.
Selon le ministère de la Défense, depuis la création de l’EUTM, plus de 15 000 membres des forces armées maliennes ont été formés, de nombreux cours pratiques ont été dispensés au camp d’entraînement central de Koulikoro, notamment sur la lutte contre les engins explosifs improvisés, les premiers secours, les droits de l’homme et le droit international humanitaire.
Source : le quotidien.lu