Pour le chef de la diplomatie française, les conditions ne sont « plus réunies » pour la poursuite de la mission de la force Barkhane au Mali, alors que la junte au pouvoir à Bamako témoigne d’une hostilité croissante à l’égard de Paris.
Paris s’interroge depuis quelque temps sur le bien-fondé de sa présence au Mali. Un millier de mercenaires du groupe russe Wagner s’y trouvent désormais pour « protéger la junte » au pouvoir, a estimé lundi soir le ministre français des Affaires étrangères. Pour lui les conditions ne sont « plus réunies » pour la poursuite de la mission de la force française Barkhane dans ce pays.
Le pays est « aujourd’hui dirigé par cinq colonels qui ont pris le pouvoir. Et c’est avec une junte de ce type qu’il faudrait qu’on travaille, alors qu’ils dénient tout processus démocratique au Mali », a expliqué Jean-Yves Le Drian dans l’émission C à vous sur France 5.
La France et ses partenaires européens au Mali affirment que la junte arrivée au pouvoir par la force en 2020 a fait appel ces derniers mois à ce groupe privé engagé dans différents pays d’Afrique subsaharienne, mais aussi en Syrie ou en Libye. Ils voient dans la présence de Wagner, soupçonné d’exactions, un facteur d’instabilité supplémentaire et la jugent « incompatible » avec leur action antidjihadiste sur le terrain.
La veille de Noël, une quinzaine de pays européens partenaires de l’opération antidjihadiste au Sahel ont condamné fermement le déploiement de cette société militaire. La junte persiste pour sa part à démentir tout engagement de Wagner et évoque une coopération militaire avec la Russie.
« C’est la junte qui s’isole, qui perd, qui est faillie et qui devra assumer la suite », a-t-il ajouté en l’accusant « d’entraves aux capacités opérationnelles » de Barkhane et de ses alliés dans ce pays. La France, qui combat les groupes djihadistes au Sahel depuis neuf ans, pourrait annoncer dans les tout prochains jours le retrait de ses troupes du Mali, alors que la junte au pouvoir à Bamako témoigne d’une hostilité croissante à l’égard de la présence française. La junte a expulsé l’ambassadeur de France fin janvier.
Lutter contre le djihadisme en renforçant la coopération
« Si les conditions ne sont plus réunies, ce qui est manifestement le cas, pour qu’on puisse être en mesure d’agir au Mali, on continuera à combattre le terrorisme à côté avec les pays du Sahel qui sont eux tout à fait demandeurs », a ajouté le ministre. Paris, souhaitant y renforcer ses activités de coopération et fournir des capacités clés aux états-majors locaux, selon des sources concordantes.
Source: leparisien