Du lundi 4 juin au mercredi 6 juin 2018, les élèves du fondamental, des classes de 9e année, passaient leur examen de passage au secondaire. Cet examen a assez marqué les esprits à cause du fort taux de fraude organisée en compromis avec les présidents de centre et des surveillants.
Le constat est amer. Sur toutes les lèvres, les élèves n’ont pas le niveau et la faute incombe aux enseignants qui ne sont pas compétents. Le superficiel est facile à constater, mais le facile laisse à désirer. Derrière le visible, il y a de l’invisible. L’examen du Diplôme d’Étude Fondamentale (DEF) a été désolant cette année. L’inondation était organisée. Aucun troupeau ne s’est plaint cette année d’une forte chaleur a posteriori de ne pas avoir à brouter là où il souhaite. Les troupeaux étaient délaissés à eux-mêmes. Ils étaient aidés par leurs guides à avoir accès à des feuilles difficiles d’accès. La liberticide était à son paroxysme.
Si les affamés se réjouissent de cette inondation de leur troupeau, les soucieux ont pris panique aussi bien parmi les troupeaux que parmi leurs guides. Certains d’entre ceux-ci ont préféré renoncer à leur service de guide qui a été complètement discrédité. Quant aux soucieux, ils se voient victimes d’un mauvais système qui compromet leur avenir. Cette inondation risque de les transporter dans ses vagues pour toute l’éternité. Une fois cet incident arrivé à cause de la responsabilité des guides suprêmes assoiffés de la chair de leur troupeau, ils se permettent de décharger toute la responsabilité des conséquences de cette inondation sur les troupeaux eux-mêmes.
Un examen aussi bâclé que ce DEF, je n’en ai pas vu. Reconnu par tous, surveillants comme élèves, parents comme administrations scolaires, comme étant un examen où les élèves ont été inondés par la correction des sujets. Chacun dans son coin recopie la correction et la passe à son voisin. Pire, les réseaux sociaux étaient devenus la direction nationale des examens et concours. Les sujets y circulaient à flot. Ce DEF est un examen politique organisé de la sorte par le régime en place afin de se faire valoir aux yeux des Maliens. Lorsque les résultats seront succulents, les parents ne voyant que le taux de réussite diront que le gouvernement actuel est compétent et fait convenablement son travail. Ils seront tentés ainsi de voter pour leur parti aux élections prochaines. C’est difficile à dire et à digérer, sinon plusieurs générations de jeunes maliens ont ainsi été sacrifiées par des politiciens ne voyant que leur cote de popularité. Cette entreprise des examens est un marché croustillant. Les libraires en gagnent par la sollicitation des papiers RAM, les promoteurs et les directeurs, les présidents de centre, les autorités en charge de l’éducation voire des surveillants inconscients. Chacun de son côté se taille un gros morceau dans ce partage de gâteau. Quelle honte pour le Mali ! À quand l’image éducative de cette nation va-t-elle être assainie ?
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays