Après un séjour en Libye et vue la détérioration de la situation, des compatriotes ont décidé d’eux-mêmes de revenir au bercail. Ils sont aidés par l’Organisation internationale pour la migration, qui a affrété un avion pour leur retour.
C’est à 21h précises, le 20 décembre dernier, que l’avion charter affrété par l’Organisation internationale pour la migration (OIM) transportant 140 migrants maliens venus de Libye s’est posé sur le tarmac de l’aéroport Président Modibo Keita de Bamako Sénou. Rapatriés volontaires, ces hommes, femmes et enfants ont reçu l’accompagnement de l’OIM, qui s’est beaucoup investie afin que leur retour se fasse dans de bonnes conditions. Ils sont 112 hommes, 12 femmes et 16 enfants, de presque toutes les régions du Mali, à être revenus. Notons la présence d’un malade dans le groupe.
Épreuves
Mohamed Ag Abdoulaye est originaire de Kidal, il est à Tripoli depuis 2 ans, pour la énième fois, et il s’est cette fois-ci porté volontaire pour revenir, car, selon lui, il ne sert plus à rien aujourd’hui de rester dans un pays où on ne vous respecte point. « Je suis revenu parce que je n’ai rien vu qui puisse me retenir en Libye. J’ai préféré revenir rester auprès de ma famille et des miens. En Libye, tous les jours on nous fait subir de nouvelles épreuves. Cette année, j’ai été emprisonné deux fois, pour rien. J’ai eu tort d’avoir réclamé mon salaire ».
Kalilou Ali Dicko est de Sarayamou, dans le cercle de Diré, région de Tombouctou. Kalilou nous confie qu’il n’y a pas de peine à laquelle ils n’ont pas été soumis. « Pour un oui ou pour un non on vous enferme. Pour le Libyen, le Noir ce n’est pas une personne. Il n’y a pas de police pour vous écouter et vous ne pouvez porter plainte nulle part, car vous n’avez aucun droit », nous confie-t-il amèrement. Toutes les langues nationales étaient parlées cette nuit-là dans la maison des migrants, où ces derniers ont été installés pour 3 jours règlementaires, mais non obligatoires selon le régisseur des lieux.
Après une longue récitation de versets du Coran, une dame s’est mise à remercier Dieu pour lui avoir permis de revenir chez elle, tout comme le gouvernement et son partenaire l’OIM, qui ont aidé à les faire revenir à Bamako. Sous anonymat, elle nous confie : « il n’y a pas de vie en Libye. Tous ceux qui croient qu’il y a de l’argent qu’il faut aller prendre, c’est faux. C’est la faim, la soif, la souffrance et leurs amis que l’on rencontre là-bas. Je ne conseillerais à personne d’y aller après ce que j’ai vécu ». À la question, qu’avez-vous vraiment vécu, la dame s’est effondrée en larmes. Signe qu’elle a vraiment souffert.
Objectif 1900 migrants
Moussa Aliou Koné, chef de cabinet du ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, qui a accueilli ses compatriotes à l’aéroport, indique qu’il reste encore en Libye plusieurs centaines de Maliens en détresse, attendant de retourner au pays et que son ministère ne ménagera aucun effort pour faciliter le processus.
Le Chef de l’OIM a quant à lui rappelé qu’avec ce vol le nombre de Maliens rapatriés atteint 9 850 migrants depuis mai 2017. Avec le rajout d’un convoi de 150 autres, le cap des 10 000 sera atteint. « Ce qui dépassera l’objectif triennal de l’OIM, fixé à 1 900 migrants, soit 600 par an. En une année, l’OIM et le Mali en ont reçu presque 10 000 et l’année n’est pas encore finie. Cela signifie qu’il y a beaucoup de migrants maliens en détresse à l’étranger qui souhaitent revenir au pays », confie Bakary Doumbia.
Selon lui, le Mali joue pleinement sa partition dans le processus de rapatriement des Maliens de l’extérieur volontaires au retour. « Nous coordonnons nos actions avec le gouvernement, notamment avec la représentation diplomatique du Mali en Libye, pour ramener les migrants au pays. Nous n’organisons pas de voyage tous les jours. Nous le faisons quand il y a suffisamment de migrants candidats au retour volontaire ».
Problèmes
Pour leur réintégration, Doumbia confie que l’OIM aide les migrants à monter leur propre projet, selon le métier de leur volonté. Elle les forme et leur offre un kit de réintégration. Ils sont également suivis pour un accompagnement dans le cadre de la réalisation de leur projet et pour l’obtention d’autres financements pour accroître leur entreprise.
« Lorsque la migration est irrégulière, il y a beaucoup de problèmes auxquels les migrants peuvent être confrontés. Il faut donc en finir avec cette forme de migration », a conseillé Bakary Doumbia aux Maliens rapatriés, qui étaient toute ouïe à son appel.
Par Youssouf AG Ibrahim
Source: nordsudjournal