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Mali : Refonder l’Etat en entier

Les nouvelles autorités ont énormément de pains sur la planche. C’est pourquoi ont-ils organisé du 21 au 23 octobre 2013, à Bamako, les Etats généraux sur la décentralisation au moment où une partie de la région de Kidal demeure toujours occupé par une frange irrédentiste touarègue regroupée au sein du Mouvement National de Libération de l’AZAWAD (MNLA).Un jeune enfant de la ville de Sévaré, au Mali, salue les militaires français le 27 janvier 2013.

enfant salut militaire

Le Mali, vaste pays sahélien avec une population d’environ 15 millions de personnes, s’est écroulé comme un château de carte en mars 2012 avec le coup d’Etat perpétré par des militaires de rang en rages contre le président Amadou Toumani Touré débordé par la poussée jihadistes et des rebelles touaregs.

Présenté par bon nombre d’organisations internationales comme un modèle de démocratie en Afrique, le pays, après l’élection du nouveau président Ibrahim Boubacar Keïta (élu avec 77,6 % des suffrages), doit être repensé dans tous ces coins et recoins. D’autant que le pays a été complètement disloqué : absence de l’administration dans les régions nord jadis occupé, une classe politique complètement honnie par les populations, une armée en totale déconfiture, une économie exsangue minée par la corruption, le népotisme, une gouvernance dévoyée…

 Les nouvelles autorités ont énormément de pains sur la planche. C’est pourquoi ont-ils organisé du 21 au 23 octobre 2013, à Bamako, les Etats généraux sur la décentralisation au moment où une partie de la région de Kidal demeure toujours occupé par une frange irrédentiste touarègue regroupée au sein du Mouvement National de Libération de l’AZAWAD (MNLA).

Le président IBK souhaitait apporter, via la décentralisation, « des réponses définitives aux frustrations de nos frères touareg » ; non sans reconnaitre  des « insuffisances et des dysfonctionnements » dans la politique de décentralisation jusqu’alors menée  dans son pays.

Ces Etats généraux (plus de 600 délégués) participent du dialogue inclusif, souhaité par les nouvelles autorités,  afin de permettre de traiter des questions de fond liées à la crise du Nord Mali qui ébranle toujours le pays.

On le sait, la situation humanitaire au Nord reste toutefois dégradée. Environ 3,5 millions de Maliens sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire selon la FAO. On dénombre par ailleurs 342 033 déplacés internes et 175 282 réfugiés maliens dans les pays voisins (Algérie, Burkina Faso, Niger, Mauritanie).

L’économie malienne a souffert de la crise. Le PIB malien a enregistré en 2012 un recul de 1,2%, après une année 2011 dont la croissance avait déjà été assez faible (2,1%). Les secteurs secondaire (-2,2%) et tertiaire (-8.8%) sont particulièrement affectés. Pour le premier, le secteur du BTP, traditionnellement soutenu par les projets financés par les bailleurs de fonds, suspendus au lendemain du coup d’Etat, est le plus sinistré avec une chute de 20% de son activité. Dans le second, la baisse est généralisée : -10% pour le commerce, -10% pour les services financiers, -10% pour les services non marchands.

Certaines activités comme le transport aérien ou l’hôtellerie ont connu des baisses pouvant atteindre 30 %.

La baisse du PIB est cependant moins forte que prévue, notamment grâce à la bonne tenue des secteurs agricole (coton, riz, céréales sèches sous l’effet de conditions climatiques favorables) et minier (activités aurifères).

Le budget de l’Etat, revu à la baisse en 2012, se concentre sur le strict nécessaire en 2013 : traitements de fonctionnaires, arriérés externes, secteurs sociaux, financement des élections et dépense de défense. Avec l’enlisement de la crise politique et sécuritaire au Mali, on enregistre une baisse de 23% des recettes de l’Etat par rapport à 2011 principalement liée à la suspension de l’aide internationale. En effet, à la suite du coup d’Etat, les principaux bailleurs internationaux ont cessé leur coopération, sauf pour les projets humanitaires et ceux touchant directement les populations.

 

Cependant, l’aide a repris progressivement depuis l’adoption de la feuille de route par le Parlement malien le 29 janvier 2013. Lors de la conférence des donateurs « Ensemble pour le renouveau du Mali », qui s’est tenue à Bruxelles le 15 mai 2013, 3,25 milliards d’euros de financements sur deux ans ont été promis pour aider le pays. La France a, pour sa part, annoncé une contribution de 280 millions d’euros.

Le retour progressif de l’aide extérieure, une bonne campagne agricole et la vigueur du secteur minier permettent d’anticiper un rebond de la croissance à 4,8 % du PIB pour 2013.

 L’objectif affiché des politiques économiques et financières mises en œuvre dans le pays est de parvenir à un taux de croissance économiqued’au moins 7 % par an, jugé nécessaire pour réduire significativement la pauvreté.

En effet, le Mali s’est engagé, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement, à réduire de moitié (environ de 69 % à 34,5 %), à l’horizon 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté.

Ces dernières années, le pays a enregistré une croissance économique relativement soutenue, environ 4,4 % en moyenne au cours de la période 2007-2011. Mais cette croissance demeure insuffisante pour réduire significativement la pauvreté. En effet, les statistiques disponibles indiquent que 42,7 % de la population malienne vit dans la pauvreté. Cela n’est pas acceptable.

Pour remettre en l’état les Institutions démocratiques, le pays a vécu, le 24 novembre dernier, des élections législatives qui ont l’élection de 147 députés à l’Assemblée nationale. Le RPM, parti du président, se taille la part du lion avec 66 députés.

En tous les cas, le nouveau président entend axer son projet sur le retour de l’honneur du Mali, à travers le rétablissement de la paix et de la sécurité et la réconciliation entre maliens. Le deuxième axe, promis par Ibrahim Boubacar Kéïta,  est « le bonheur des maliens, pour que chaque citoyen se sente heureux avec des services sociaux de base à leur portée ». Le troisième axe, a-t-il soutenu durant la campagne électorale,  concerne l’avenir du Mali, à travers des mesures qui permettront de bâtir une économie robuste et créatrice d’emplois dans de nombreux domaines. Enfin, le leader du Rassemblement pour le Mali (RPM) propose de revisiter les institutions du Mali pour bâtir une réelle démocratie, à laquelle participeront tous les maliens.

Le nouveau président élu compte initié un « Programme présidentiel d’urgence (PPU), conçu pour soulager les souffrances des populations face à la crise politique au sud et sécuritaire au nord. Il concernera tous les secteurs : le soutien aux opérateurs économiques éprouvés par la crise, l’eau, la santé, l’éducation, l’électricité, la salubrité, administration du territoire consacré à la réhabilitation et l’équipement des établissements publics notamment dans le nord du pays particulièrement éprouvé.

Ce programme, soutient-il,  fera l’objet de la mise en place d’un dispositif institutionnel adaptée au besoin des populations.

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