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Mali : quels enseignements tirer du baccalauréat 2022 ?

Les examens du baccalauréat se sont déroulés du 18 au 21 juillet 2022. Entre désarroi de certains élèves face aux sujets d’épreuves et satisfaction partagée par les acteurs de l’école sur la rigueur dans l’organisation, l’occasion est bonne pour en tirer les enseignements et se projeter sur l’avenir.

 

Le baccalauréat perdant de plus en plus sa valeur au fil des années, celui de 2022 est tombé comme un jet de pavé dans une mare de grenouilles, tant il est venu bousculer le statu quo qui prévaut depuis des années dans l’organisation des examens.

Dans un pays où l’on s’est habitué à des fuites de sujets d’épreuves à la veille des examens, à l’impuissance et à la démission des autorités face à une telle situation, à la complicité entre surveillants et candidats en salle d’examen, le baccalauréat 2022 s’est caractérisé par un regain général de sérieux dans son organisation et son déroulement.

Cette expérience, en en tirant les enseignements, pourrait permettre de reformer l’école malienne afin qu’elle redevienne le creuset de l’excellence dans la formation de nos ressources humaines.

Contraindre au changement

L’on avait fini par croire que le système était infesté à tel point que tout changement serait impossible. En 2014, année mémorable dans les annales de l’organisation du baccalauréat, Marie Jacqueline Nana Togola (décédée en novembre 2020), alors ministre de l’Éducation nationale, avait voulu briser le système mafieux qui vendait des sujets d’examen et était à la base de leur fuite dans sa structure.

Mal lui en a pris alors : seule face aux autres, ses efforts ont été sabotés en organisant des fuites massives de sujets comme jamais auparavant. Preuve, dès lors, que le système mafieux était bien installé et ne tolérerait pas qu’on « perturbe son business ».

En 2022, sous une nouvelle inspiration, le même département a circonscrit le phénomène de fuites massives de sujets d’épreuves. Les mêmes hommes, les mêmes acteurs qui ont participé à l’organisation et au déroulement des examens pas glorieux par le passé sont ceux-là mêmes qui étaient aux manettes avec sérieux et rigueur. Ce qui laisse comprendre, pour tous ces pessimistes qui ont légitimement perdu espoir en un Mali nouveau, que les Maliens laissés à eux-mêmes ne prendront jamais la voie du salut.

Il faut contraindre au changement, indiquer le bon chemin et veiller à ce que tous suivent. Et cela est bien possible avec une volonté et une détermination affirmées et sans complaisance de nos autorités.

« La tricherie devenue une norme »

Un mal profond, dont souffre l’école malienne, a été tristement étalé à l’occasion des épreuves du baccalauréat. Tel dans un cauchemar, des candidats, interrogés par des médias, disaient sans gêne toute leur déception de n’avoir pas pu frauder en salle d’examen.

Certains ont même cru qu’il était de leur droit de bénéficier de fuites massives de sujets à la veille des examens pour qu’ils puissent « mieux se préparer ». Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux, montrant des candidats qui, à visage découvert, se donnaient tristement en spectacle sans craindre ce que cela pourrait leur coûter à l’avenir dans la vie sociale et sur le marché de l’emploi.

Cette situation déplorable donne un aperçu de ce que devient finalement notre société. La tricherie est devenue une norme, et les coupables se tapent la poitrine et la clame sur tous les toits comme un droit.

L’école malienne serait en train de former des élèves qui, pendant neuf mois, se préparent à passer les examens par la fraude. Des élèves pour qui le passage aux examens, à tout prix d’ailleurs, est plus important que les études pour le réussir.

Les enfants, adultes de demain, sont en perte de valeurs. Ils ne croient plus à l’effort dans le travail mais à la paresse et aux raccourcis.

Source : Benbere

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