Le décret n° 2024 — 0658/PT-RM signé par le Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, et le nouveau Premier ministre, le Général Abdoulaye Maïga, nommé ce jeudi 21 mars, annonce une recomposition du gouvernement malien marquée par des ajustements stratégiques. Ce remaniement, qui intervient au lendemain du limogeage du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, met en lumière les priorités actuelles de la Transition et les défis à relever pour restaurer la confiance et maintenir la stabilité.
Une purge ciblée des proches de l’ancien Premier ministre ?
La liste des sept ministres sortants révèle une volonté manifeste de distancer l’exécutif des personnalités associées à l’ancien chef du gouvernement. En effet, plusieurs ministres évincés étaient considérés comme des soutiens indéfectibles de Choguel Maïga, dont les récents propos controversés ont alimenté des tensions au sein des institutions. Ce nettoyage symbolique vise non seulement à apaiser les critiques populaires mais également à renforcer l’autorité présidentielle.
Malgré ce renouvellement, le gouvernement conserve plusieurs figures stratégiques, dont le ministre de la Défense, le Général Sadio Camara, et celui des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. Leur maintien témoigne d’une volonté de préserver une certaine continuité dans des domaines cruciaux comme la sécurité et la diplomatie, au cœur des priorités de la Transition. La stabilité de ces portefeuilles garantit également la poursuite des partenariats internationaux indispensables dans un contexte de défis multidimensionnels.
Les réformes électorales au cœur de la stratégie
Dans ce nouveau gouvernement, l’accent est mis sur l’inclusion avec des nominations comme celle d’Oumou Sall Seck au ministère de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Par ailleurs, la ministre Djénéba Sanogo, chargée de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, incarne un engagement renouvelé envers les questions sociales, un domaine clé pour répondre aux aspirations d’une population majoritairement jeune.
L’introduction d’un ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au Processus électoral, reflète la détermination du gouvernement à accélérer les préparatifs pour les échéances électorales. Ce poste crucial, confié à Mamani Nassire, vise à rassurer les Maliens sur la tenue des prochaines élections dans des conditions de transparence et de crédibilité.
Une Transition sous haute surveillance
Ce remaniement, bien que stratégique, s’inscrit dans un climat de pression interne et internationale. Le Président Goïta, en nommant un Premier ministre militaire en la personne du Général Abdoulaye Maïga, envoie ce message : la Transition doit être pilotée avec fermeté et pragmatisme, tout en respectant les engagements de refondation nationale.
Toutefois, ce nouveau gouvernement devra œuvrer pour surmonter les divisions politiques exacerbées par les récents événements. La mobilisation populaire contre Choguel Maïga a révélé des fractures au sein de la classe dirigeante, qui devront être colmatées pour garantir la réussite de la Transition.
La recomposition du gouvernement malien traduit une volonté de recentrer les priorités et de corriger les dysfonctionnements institutionnels. Avec des ministres stratégiques conservés et des portefeuilles clés redistribués, le gouvernement sous la direction du Général Abdoulaye Maïga devra démontrer sa capacité à répondre aux attentes pressantes du peuple malien tout en naviguant dans un contexte politique délicat.
Oumarou Fomba
Source : Sahel Tribune