Depuis 2007, le 2 juin commémore la journée mondiale du tourisme responsable. Cette journée permet aux entreprises de tourisme de présenter leurs activités annuelles et « d’associer les voyageurs au mouvement vers un tourisme plus respectueux de la planète et de ses habitants ». C’est aussi l’occasion de revenir sur le tourisme malien en perte de vitesse depuis 2011. Suite de l’article « insécurité et tourisme au centre.« 

(…) La situation est telle qu’il n’y a plus vraiment un réel enthousiasme en ce qui concerne les activités touristiques. Dans les rares sites encore fréquentés par les amateurs du secteur, quelques nationaux et touristes étrangers s’y aventurent encore, malgré que certaines zones de la région sont « signalées » à risque.

Selon Mali Tourisme, la région de Mopti qui comptait dix agences touristiques permettant de quantifier les entrées et les sorties de touristiques, a vu toutes ces agences de voyages fermer à cause du « warning sécuritaire », mettant au chômage plus de 200 guides touristiques. Du coup, toutes ces populations qui vivaient de la vente des produits artisanaux aux touristes, ont pour la plus part abandonné temporairement une pratique transmise de génération en génération pour se reconvertir dans l’agriculture ou l’exode rurale. Le nombre d’emplois directs au Mali dans le secteur du tourisme est passé de 8 555 en 2008 à 2214 en 2015 soit une baisse de – 86% qui a maintenue sa flèche décroissante.

Avant 2011, le tourisme générait « plus de 70 à 80 milliards de FCFA » par an. En 2019, les revenus sont estimés de 20 à 25 milliards de FCFA. Alors que les prévisions émises en 2009-2011, statuaient à 300 milliards de FCFA les revenus touristiques en  2020. A côté de la crise sécuritaire qui fragilise le secteur depuis neuf ans, s’est ajouté la crise sanitaire mondiale liée au coronavirus.

« Il y a une absence de l’état dans une bonne partie de la région de Mopti et Ségou parce que la sécurité n’y est pas assurée. C’est pourquoi des jeunes ressortissants de ces régions s’auto-reconvertissent à d’autres métiers une fois dans la capitale, en l’absence d’un mécanisme d’accompagnement de l’état» explique Etienne Fakaba Cissoko, analyste économique, chercheur au Centre de Recherche et d’Analyses Politiques, Economiques et Sociales du Mali.

Pour la relance du secteur, malgré la crise sanitaire liée au coronavirus, les autorités travaillent sur des stratégies en vue de promouvoir le tourisme national auprès des locaux. Elles sont lancées dans la restauration, la construction des infrastructures et la promotion de l’écotourisme dans cette partie du pays qui regorge d’énormes potentialités naturelles.

Reconnu à l’international par sa diversité, le tourisme malien a connu un triste sort ces dernières années d’abord frappé depuis neuf ans par la crise sécuritaire et depuis 2019 par celle sanitaire. Un élan de solidarité par les institutions internationales est en cours. L’UNESCO et l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit envisagent depuis août 2020, de « réhabiliter » le bien du patrimoine mondial de Bandiagara au centre du Mali et de soutenir « les communautés touchées par le conflit ». Le projet apportera donc un soutien essentiel à la réhabilitation du bien du patrimoine mondial « Falaise de Bandiagara » au pays Dogon, qui abrite 289 villages répartis sur 400 000 hectares dans la région de Mopti.

Le  tourisme au Mali ne date pas d’aujourd’hui et des curieux venaient des quatre coins du monde pour contempler les mosquées de Djingarey ber , de Sankoré, de Sidi Yehiya dans la cité légendaire des 333 saints, à  Tombouctou, pour  admirer la joie de vivre dans le marché Washington dans la cité des Askia à Gao;  la belle mosquée de Djenné, les collines de Koulikoro et aussi pour la traversée du fleuve Niger en pirogue. Tout au Mali est culture et chaque localité a ces particularités.

Idelette Bissuu