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Mali : pour une éducation à la gestion de l’hygiène menstruelle

Les règles sont toujours taboues et difficiles à gérer pour nombre de filles et femmes au Mali. Cette situation impacte l’éducation des filles et la santé reproductive des femmes qui ignorent les bonnes pratiques d’hygiène menstruelle.

 

 

La puberté est une étape charnière de la vie d’une fille tout comme d’un garçon. Cela se caractérise par des changements d’ordres physiologiques et hormonaux qui provoquent chez la jeune fille la menstruation. Il est important pour elle d’avoir des informations claires liées à ce phénomène et sa gestion. Et, cette éducation sur la gestion des menstrues doit commencer en famille.

Mais, il est connu de tous que les questions liées à la sexualité sont taboues dans nos sociétés. Même les sujets considérés de « femme » entre mères et filles. Selon ce rapport de l’UNESCO, ce manque d’informations  sur la menstruation et sa gestion est également lié aux tabous culturels et à la pudeur d’aborder le sujet. Or, cela a des conséquences chez la fille.  Par peur d’être tâchée et par conséquent d’être la risée de tous, notamment des garçons, certaines préfèrent chômer les cours pendant 3 à 4 jours, selon la durée des menstrues.

Décrochage scolaire

Associée généralement à la honte, la ménarche est un moment d’angoisse et de gêne pour beaucoup de filles et femmes. L’apparition d’une tâche sur les vêtements  pousse certaines filles à abandonner comme Atou (le prénom a été modifié). Elève en classe de 8e Année dans une école de Banconi plateau, un quartier populaire de Bamako, elle venait de voir ses menstrues en classe, à l’école.  Lorsque la maitresse a demandé à l’adolescente de rentrer à la maison jusqu’au terme du saignement, Atou n’est jamais revenue en classe.

Après plus d’une semaine d’absence, elle a été convoquée par sa maitresse. L’institutrice est allée au domicile de l’élève. A la maison, elle a rencontré la mère de  Atou, qui en rajouta à la colère de sa fille. Car pour elle, « une fille qui laisse les menstrues tâcher ses vêtements, se déshonore et déshonore toute sa famille ». Atou ne cessait donc de se culpabiliser. A cause de cette honte, elle révéla à sa maitresse après qu’elle ne voulait plus revenir à l’école.

Atou n’est malheureusement pas la seule dans cette situation. De milliers de jeunes filles décrochent à cause des difficultés de gestion des menstrues à l’école et la pudeur. La menstruation est un sujet qui touche l’intimité ce qui provoque la gêne d’en parler en public. Après le cas d’Atou, la maitresse a pris l’engagement avec la direction de l’école d’organiser des discussions extrascolaires. Mais c’était sans compter sur la volonté des élèves. « Aucune élève ne venait. Et même une fois des gens d’un projet sont venus pour distribuer des papiers hygiéniques, nous avons demandé aux filles qui avaient leurs règles de passer récupérer, mais sur plus de 15 filles par classe, seulement 3 à 4 ont eu le courage de se lever. Alors qu’elles sont toutes en âge. C’est ainsi que nous avons décidé d’en distribuer à toutes », témoigne l’institutrice. Ainsi, la direction a invité les mères d’élèves à discuter les kits d’hygiène sanitaire aux enfants. Car c’est la seule option possible pour « aider ces filles à comprendre ».

Naturelles et normales

« Les règles sont normales et naturelles, et si elles n’existaient pas, l’espèce humaine n’existerait pas non plus », rappelle l’écrivaine nigeriane Chimamanda Ngozi Adichie, dans Chère Ijeawele. Il n’y a aucune raison à lier la honte à la biologie. La menstruation n’est pas un problème. S’il en est un, il n’est pas à résoudre mais à comprendre. Et cette compréhension, ce transfert de savoir doit commencer par la famille.

Certes, les menstrues sont considérées comme une question de « femme », mais les informations sur les menstrues ne devraient pas être seulement pour les femmes. Et c’est pour cette raison que la question ne doit pas être seulement une question de femme. Elles sont certes les premières concernées, mais les hommes doivent être inclus dans l’accès à l’information sur les sujets de santé sexuelle et reproductive. Les enseignant.e.s aussi doivent y contribuer pour une éducation à la gestion des menstrues. Au Mali, il n’existe pas de programme spécifique dédié à l’éducation sexuelle. Les tentatives d’introduire l’éducation sexuelle dans les programmes d’enseignement se heurtent à l’hostilité de leaders religieux et coutumiers.

Source : Benbere

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