Depuis le coup d’Etat au Mali, le pays a déjà manqué un rendez-vous d’émission de titres sur le marché monétaire de l’UEMOA. La transition en cours n’est pas positive pour les perspectives à très court terme du pays.
Le coup de force survenu au Mali a perturbé les activités du pays sur le marché des capitaux de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, a pu apprendre l’Agence Ecofin des informations de marché. Le 26 août 2020, une émission d’obligations assimilables du Trésor d’un montant de 30 milliards FCFA a été « reportée à une date ultérieure ».
L’Agence UMOA-Titres qui organise le marché des emprunts sur émission des titres dans cette sous-région n’a pas donné des précisions sur les motifs de ce report. « Au nom du Trésor public du Mali, l’Agence remercie l’ensemble des investisseurs pour le soutien constant aux initiatives de financement des actions de développement de l’Union », a simplement expliqué l’institution.
Il n’est pas certain que le Mali soit sur le marché monétaire de l’UEMOA les 9 et 23 septembre prochains comme le prévoit le calendrier d’émission des titres du pays. L’incertitude plane aussi sur sa capacité à rembourser 51,43 milliards FCFA représentant les montants principaux et les intérêts des emprunts sur titres, qui arrivent à maturité entre le 1er et le 26 septembre 2020.
Cette situation pèse en première ligne sur les investisseurs maliens qui détiennent l’essentiel des titres publics émis par le pays sur le marché de l’UEMOA (403 milliards FCFA). Les investisseurs burkinabè (210 milliards FCFA) constituent le deuxième groupe qui suit de près la situation.
Les auteurs du putsch subissent les pressions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui maintient ses sanctions et exige une transition gérée par des civils. On attend les conclusions de la grande concertation nationale des 5 et 6 septembre prochains à Bamako pour se faire une idée de la feuille de route de la transition.
Dans une note publiée le 25 août, Moody’s a jugé que la situation actuelle est négative pour le profil émetteur du Mali. Si la réduction du commerce et des investissements internationaux se prolonge, cela aura un effet économique négatif considérable sur l’économie du pays.
« Bien que le secteur minier malien qui fournit environ 25% à 30% des recettes publiques et représente la plupart des recettes en devises continue à fonctionner pendant quelques mois, une interruption plus prolongée des flux commerciaux et financiers entraverait la production », a averti l’agence de notation.
Au-delà de la stabilité politique et sociale qu’il faut reconstruire, le gouvernement de transition devra efficacement faire face à une situation économique qui a été ébranlée par la pandémie de coronavirus. La croissance du produit intérieur brut est attendue à moins de 1% pour l’année 2020. Il sera plombé par une baisse des activités économiques, et une inflation qui tarde à décoller.
La prochaine publication de la courbe des taux d’intérêt du pays permettra de voir à quel point les investisseurs font confiance aux perspectives du pays.
Idriss Linge
Agence Ecofin)