Petit de taille, chétif de morphologie, Oumar Ongoiba, le nouveau chef djihadiste dogon, membre du groupe Ansaroul Islam est désormais militairement renforcé dans le centre du Mali. Ongoiba compte contrôler les villages dogons majoritairement sous influence de la milici de Dan na ambassagou.
Le 18 avril dernier, Oumar Ongoiba, 34 ans était dans le premier rang avec ses combattants dogons pour attaquer les bases de l’organisation État islamique au grand sahara dans la zone de Ndaki. Petit de taille et de gabarit, Oumar Ongoiba est natif de Mondoro, dans le centre du Mali, frontière avec le Burkina Faso.
Dans une vidéo tournée début de ce mois d’avril et partagée sur les réseaux sociaux, on aperçoit Oumar Ongoiba au milieu de plusieurs dizaines de ses combattants, qui prêchait dans sa langue maternelle, dogon, dans un petit village de la commune de Dinangourou, au centre du Mali.
Issu d’une modeste famille de cultivateur dogon, Ongoiba a grandi dans le cercle de Koro, toujours frontière avec le Burkina Faso où il a fait son école coranique chez les puissants marabouts peuls du cercle de Koro. Le jeune Ongoiba voulait se spécialiser dans les prêches, alors il se rend à Mopti où il a fréquenté les différents hauts lieux du savoir coranique, notamment la grande mosquée de Mopti et des centre d’études à Sevaré.
En 2012, la crise du nord éclate, et la région de Mopti devient la frontière entre le nord, contrôlé par les groupes djihadistes liés à Al Qaida, et le sud, contrôlé par une junte militaire qui venait de prendre le pouvoir suite à un coup d’État militaire. « Lors de cette même année, Oumar Ongoiba se rend à Douentza où se trouvait sa famille, mais la ville est sous contrôle des radicaux armés du MUJAO et qui appliquaient la sharia », confie à Nord sud journal un habitant de Mopti.
En 2013, la France lance l’opération Serval pour déloger les djihadistes des grandes villes du nord, alors Oumar Ongoiba quitte Douentza pour retourner dans son village natal de Mondoro. Il est resté à l’écart jusqu’à l’arrivée des mouvements djihadistes dans sa localité en 2016 et la formation de Ansaroul Islam par Malaam Ibrahim Dicko au Burkina Faso et la Katibat Serma dans la zone du Gourma malien. « De 2016 à 2019, Oumar Ongoiba était la croix de transmission entre les différentes katibats djihadistes dans le centre du Mali, notamment entre la katibat Ansaroul Islam sur la frontière Mali-Burkina Faso et la Katibat Serma dans le gourma », nous confie une source bien introduite.
Quand Maalam Dicko, le chef de la katibat Ansaroul Islam décède en 2017, il a été aussitôt remplacé par son frère, Jafar Dicko, un ami proche de Oumar Ongoiba. Alors Oumar Ongoiba à la tête d’une petite unité combattante composée essentiellement de dogon sillonnait les localités de Dinangourou, Dounapin, Mondoro et autres localités du cercle de Koro et Diguel au Burkina Faso.
En 2018, lorsque la guerre entre les djihadistes et la milice dogon Dan na ambassagou a éclaté, Oumar Ongoiba a joué un grand rôle pour épargner les communautés dogons de Mondoro des attaques djihadistes. Dans une vidéo obtenue par Nord sud journal, tournée le 22 octobre 2019, on peut voir Oumar Ongoiba de dos, assis à côté de sept autres membres de Ansaroul Islam et discutaient avec des sages dogons de certains villages de la commune de Mondoro. La discussion portait sur les conditions du désarmement des villages dogons qui avaient formé une milice d’auto défense liée à Dan na ambassagou.
Ongoiba gagne alors la confiance de la communauté dogon de Mondoro et a même réussi à faire intégrer une partie des miliciens Dan ambassagou de Mondoro, de Dinagourou et d’autres jeunes dogons de Diguel en territoire burkinabé, dans sa Katibat de Ansaroul Islam. Oumar Ongoiba a gagné alors le respect de Jafar Dicko qui finit par mettre à sa disposition des hommes de Ansar Al islam pour augmenter la taille de sa Katibat qui est estimé aujourd’hui à au moins 100 djihadistes, essentiellement issus de la communauté dogon.
NORDSUD JOURNAL