Ouestafnews – Le roi du Maroc Mohamed VI a décidé de s’impliquer personnellement dans la crise malienne en recevant des représentants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, séparatiste), selon des sources officielles marocaines.
Le MNLA qui occupe la région de Kidal (nord du Mali) se bat contre le gouvernement de Bamako et revendique l’indépendance de la partie nord de ce vaste pays d’Afrique de l’ouest, soumis depuis près de deux ans à une sérieuse crise politico-militaire.
Le secrétaire général du MNLA Bilal Ag Chérif et son porte-parole Moussa Ag Attaher, ont été reçus en audience par le roi Mohamed VI le vendredi 31 janvier 2014, selon une dépêche de la MAP (Maghreb Arab presse, l’agence officielle marocaine) citant un communique du cabinet royal.
Cette audience, selon les mêmes sources, entre dans le cadre des efforts entrepris par le souverain chérifien pour « instaurer durablement la paix et la stabilité dans ce pays frère et de contribuer à un règlement de la crise malienne ».
Lors de l’audience, Mohamed VI a « réitéré le souci constant du royaume du Maroc de préserver l’unité territoriale et la stabilité de la république du Mali ».
Cette audience a eu lieu à un moment où la question de la « partition » progressive des pays africains est devenue un grand sujet de préoccupation dans les chancelleries africaines.
A l’origine de ces craintes, les velléités d’indépendance du MNLA, accentuées par les actuelles crises au Sud Soudan (séparé du Soudan depuis juillet 2011) avec le résultat qu’on sait et la guerre fratricide en Centrafrique qui a fait évoquer à certains la possibilité d’une « partition » du pays entre un nord « musulman » et un « sud chrétien ». Auparavant l’Erythrée s’était séparée de l’Ethiopie en 1993.
Le Maroc fait lui-même face à une longue guerre perçue à Rabat comme une velléité « séparatiste » au Sahara occidental, avec notamment le Front Polisario qui réclame l’indépendance de cette ancienne colonie espagnole. Une revendication dont on ne veut pas entendre parler à Rabat.
L’autre crainte relevée par le Maroc dans l’actuelle crise malienne, selon la dépêche de la MAP, c’est la propagation « de l’intégrisme et du terrorisme », deux fléaux qui selon les Marocains « menacent aussi bien les pays du Maghreb que la région du Sahel et du Sahara ».
Tout le nord du Mali a été occupé pendant près d’une année par un regroupement hétéroclite de mouvements violents, qualifiés d’extrémistes ou de « djihadistes » et qui ont imposé leurs lois aux populations pendant toute la durée de l’occupation.
Depuis la chute du régime libyen de Mouammar El Kadhafi, de multiples groupes armés ont ainsi essaimé dans ce vaste ensemble désertique, et beaucoup d’analystes ont établi un lien direct entre la chute du régime de Kadhafi et l’acuité de la crise malienne.
Au lendemain de l’élection du président Ibrahim Boubacar Keita, le Maroc s’était engagé à accompagner le Mali dans la recherche de solutions, d’abord par des actions à caractère humanitaire à l’intérieur du Mali, notamment la construction d’un hôpital à Bamako, mais également par la formation de 500 Imams maliens au Maroc, afin d’endiguer le discours de certains extrémistes islamistes.
Cette implication marocaine directe dans la crise malienne risque de faire grincer des dents à Alger qui a pendant longtemps joué aux médiateurs (avec la Libye de Kadhafi), lors des précédents conflits entre les Touaregs du nord Mali et les autorités de Bamako. D’ailleurs le 18 et 19 janvier 2014, le président malien s’était rendu à Alger où il a eu des entretiens avec le président algérien, Abdel Aziz Bouteflika.
Source: ouestaf news