Prélude
Je voudrais, dans ce propos, dévoiler les causes profondes et les étapes de la déchéance du grand Mali. Ce pays de référence est devenu minuscule dans l’imagerie, rapetissé par le fait et les méfaits aventureux de petites gens, appelées accidentellement à décider de la vie de la nation, n’étant pas dignes de la fonction magistrale. Après l’accident colonial, et l’accession emphatique du pays à la souveraineté nationale et internationale, nous avons fait les frais de vandales en treillis, qui ont perturbé pour longtemps l’ordre institutionnel dans le mensonge, suite à un malencontreux coup d’Etat commandité par la France et ses suppôts.
La philosophie de notre peuple, en accord avec l’enseignement spirituel, nous dit que le monde, ici-bas, serait celui du « Mensonge », et l’au-delà celui de la « Vérité » éternelle. Cette lecture dichotomique se comprend.
Sur Terre, dans notre séjour passager où l’on manquera, un jour ou l’autre, à l’appel, nous avons la faculté de la dissimulation ; la tromperie par les apparences ; la parole, la séduction, la peur, la ruse et l’argent pour travestir le réel, transformer les titres et, à dessein, faire valoir le faux ; ainsi, pour quelques intérêts et bon vouloir, permettre, sinon commettre, l’imposture.
Justement, c’est en raison du caractère éphémère des actes, gains et autres acquis, que nous laisserons forcément derrière nous, que la sagesse interprète notre existence comme le fruit d’un monde illusoire, trompeur. Arrivera ce jour, où, inanimé, sans vie, le puissant de la veille demeurera impotent, de la même manière que le faible gisant, tous réduits à leur plus simple expression de mortel. « Poussière, tu redeviendras poussière ». Personne ne contrôle le moment fatidique pouvant survenir à tout moment et balayer nos prétentions, déjouer nos plans ou encore faire échec à notre volonté. Une nouvelle réalité se fera jour, dans l’ignorance, ou le simple souvenir, du désormais absent. D’où la symbolique de la vie comme mensonge, par rapport à la vérité intraitable de la mort qui a raison de toutes les ténacités. Sachons donc être véridique pour la vie éternelle. Puisse Dieu inspirer mon propos.
Le mensonge dont il est question dans la chute de l’Etat du Mali est d’un tout autre ordre. Moins abstrait, il est d’ordre social et politique. Je vous invite à décrypter la théorie du grand Mensonge. Voici pourquoi, et voilà comment
Le pouvoir des femmes
En effet, revenons aux familles sujettes des dérèglements des longs mois sans salaires du régime militaire, aux effets dévastateurs. Les hommes ont perdu de leur pouvoir et de leur superbe, chaque fois qu’il revenait à leurs épouses, sœurs, ou même aux filles non salariées, par le truchement de leur faveur, d’aider la famille à joindre les deux bouts, à sauver la face du chef démuni. Là, s’est opérée une seconde inversion sociale majeure : la féminisation du pouvoir à travers la prééminence des femmes dans la décision familiale, sociale et publique.
Avec l’avènement du pouvoir kaki, la libido, essentiellement, s’est avéré un redoutable facteur dans la corruption des mœurs. L’argent, mis à ce service, déstructure les fondements de la vertu sociale. Les mentalités ont suivi peu à peu, avec la reproduction des attitudes et comportements de ceux qui, aux bas étages, n’avaient rien à défendre comme valeurs, mais tout à gagner en profitant des failles de l’Etat. Tant et si bien que la génération de ceux qui avaient foi aux règles cardinales de conduite ferme des pères s’est retrouvée comme piégée, victime de son éducation de probité, lui interdisant de se laisser aller, de faillir. Pour ceux-ci, il n’est pas question d’aller à la soupe populaire des parvenus et céder au larbinisme ambiant. Certains d’entre eux, malheureusement, se laisseront entraînés dans cette dérive des usurpateurs aux affaires, et s’accordent à en acquérir les réflexes… mais aussi les dividendes. C’est ainsi que des métiers dédaignés auparavant, comme ceux de cadres et contrôleurs et même préposés des douanes, des impôts, du trésor, des eaux et forêts, devinrent des postes lucratifs, tout comme les professions subalternes de comptable, d’huissier, de commissaire-priseur, j’en passe.
Pour le malheur de notre société, les collabos de cette débauche du pouvoir, objets de répugnance de nos anciens, qui y voyaient une sourde trahison, sont, au fur et à mesure que l’aventure putschiste perdure, de moins en moins désapprouvés par des parents de plus en plus fatigués. Ils sont même vivement encouragés par la gente féminine, heureuse de profiter des gains qui tombent et s’amassent, et qui bénit le malpropre dont le forfait faisait honte, il y a si peu. Les aînés qui, généralement, s’abstiennent de rentrer dans ce « sabbat de clunis », contraints par le sentiment d’honneur et de réputation du père, exemplaire, se retrouvent moins nantis, déconsidérés par les autres dans leur courage, nargués et même traités de maudits, parce que ne sachant pas se « débrouiller » comme les autres «fadéns».
Le temps à la débrouille
Le mot est lâché, puisque, désormais, c’est le régime de la débrouillardise qui s’instaure, laissant toutes les marges aux occupants du fauteuil. Plus question de mérite intrinsèque, de fruits des efforts, de galons au travail, de promotion obtenue à la sueur du front, de tableau d’honneur à l’école, de jeu loyal. Perte de temps. Savoir «tirer ses marrons du feu» devient la seule et unique mesure du mérite. Alors, la grande pagaille s’installe au cœur de l’Etat, dans le rapport au bien public, dans la gestion des affaires de la collectivité et de la nation. Tous les moyens étant bons pour parvenir à son but, s’enrichir. La notion sacrée de honte s’estompe, d’abord chez les femmes, acharnées à défendre leurs héros pourvoyeurs, voleurs, truands et associés, autant qu’ils en apportent à la maison. Or, traditionnellement chez nous, les femmes (mères et épouses) sont les gardiennes de l’honneur des hommes, de la famille et de la cité. Mais, avec la nouvelle donne, elles vont lâcher prise et baisser la garde et le pagne, car les maîtresses défont le résultat des années de sacrifice que les légitimes ont endurées.
Le pouvoir mâle émasculé, les femmes se donnent le droit de se mêler de tout, contre l’établi. Elles s’emparent publiquement des questions qui n’étaient pas de leur ressort de compétence, bien qu’elles fussent légitimement consultées en privé. Ceci explique cela.
– Le poids vacillant du chef de famille contesté par la femme, gaillarde, abreuvée aux utopies féministes, aux illusions de ses fréquentations douteuses côtoyant la perversion morale d’une libido libérée, a émoussé l’autorité tutélaire, donc parentale.
– Cet avilissement conjugué à des facteurs tangents va entraîner, comme on l’a vu, le non-respect de l’autorité du maître d’école, surtout avec l’interdiction du châtiment corporel et la mauvaise éducation familiale.
– S’effrite, à la suite du maître, l’autorité du chef hiérarchique et de toutes les autres autorités supérieures- d’ordonnance, de commandement, de dignité incarnée, affaiblies avant tout par les agissements brutaux de la soldatesque et l’effet de la corruption.
– C’est tout le mélimélo de ce Kotèba d’arlequins qui se soldera, enfin de compte, par le désagrègement, dans son ensemble, de l’autorité de l’Etat, vacant. Une coquille vide.
Le grand Mensonge, dans cette genèse de la maladie chronique de la république Woloso, évoque cette alliance momentanée d’individus quelconques, parvenus par effraction au sommet sous divers modes et couvertures. Formatés pour dupliquer le modèle institutionnel hérité du régime colonial, ils tissent toutes sortes de réseaux sournois et déploient tous les moyens possibles et imaginables en vue de s’approprier et confisquer le pouvoir échu par hasard entre leurs mains. A défaut, ils tentent de sauvegarder ad aeternam les privilèges de fonction, des indemnités malodorantes, indues. La canaille est prête à sacrifier les intérêts du pays (ce qu’elle fera d’ailleurs) et à se débarrasser de tout adversaire gênant, au profit de ses acquis, pour une succession pérenne. Entre autres professions infidèles, cette basse-cour suspendue au pinacle procède à une véritable alchimie conservatoire :
-Corruption-récupération ;
-Promotion-neutralisation ;
-Manipulation-exploitation ;
-Instrumentalisation de la féminité et de la jeunesse ;
-Banc de touche pour les esprits libres critiques ;
-Elimination, même physique, des irréductibles (empoisonnements, accidents…) ;
-Alliance mafieuse avec la société du crime.
De ce fait, les jeunes cadres, peu ou non encadrés, vulnérables, sont recrutés et mis à la disposition de structures où, au lieu du travail consciencieux qui les réunit, règnent le jeu de positionnement, la recherche du gain facile, la médisance, l’hypocrisie des médiocres, l’alignement clanique derrière des personnes influentes ou groupes opposés qui se disputent le leadership, parce que le milieu est infesté de gens, des ramassis de tout qui n’ont aucune capacité professionnelle. Entraînés dans cette bulle vaporeuse, ils adhèrent, plus ou moins aisément, selon leurs prérequis moraux, au jeu de la crapule, qui consiste plutôt à se servir et s’en servir sans servir, et se taire, au lieu de bosser ; à revendiquer sans travailler ; à saisir toutes opportunités de promotion ; à jouer le jeu du chef pour être dans sa grâce et profiter, grimper, accaparer.
L’éclipse de la valeur
A aucun niveau des services publics le débat ne se fait autour de la connaissance du sujet, du travail bien fait, de la production de résultats satisfaisants. Dans nombre de cas, seule une ou deux personnes ont un véritable background et savoir-faire, et sont régulièrement sollicités sur l’ouvrage. Le reste, faisant semblant, des parachutés pour la plupart, font de la figuration maquillée, se débrouillant comme ils peuvent, à la recherche d’occasion de gagner la moindre chose à subtiliser, emporter, facturer. Ils sont prêts à monnayer tout ce qui, à leur portée, peut l’être et s’en mettre plein la poche (dossiers à faire signer, projets bricolés, missions arrangées, événements improvisés, dons à partager…), jusqu’aux outils de travail.
Ce qui est grave, en définitive, dans le cas malien, c’est que vous avez beau vous instruire, avoir toutes les références, être reconnu même au niveau mondial, au Mali, des individus malveillants du système, sans mérite aucun, vous traiteront comme moins que rien pour paraître plus puissants. Comme pour dire qu’avec ou sans vous, eux ils sont en place, sans CV à rendre jaloux, et s’en portent très bien, ayant de quoi pourlécher la babine. On se fout de votre érudition, en haut et en bas, si elle n’est même pas une raison pour vous en vouloir, vous trouver un toupet de prétentieux malvenu, et vous combattre d’avoir réussi à un niveau qu’il ne leur ait pas donné de savourer.
Dans cette jungle de caïmans invétérés, point de mérite pour vos capacités physiques et intellectuelles ni vos performances professionnelles. Personne, mis à part vos proches, ne reconnaît votre éminence. Vous aurez juste quelques bonnes appréciations, ponctuelles, de votre intelligence, de votre talent, de votre travail. Mais, tout le monde, même les nuls, est prêt à vous disputer l’intelligence, la place, le titre, l’avantage, du moment que la capacité n’est pas ce qui prévaut, et que ce n’est pas la compétence ou la maîtrise du sujet qui prime. Le sésame qui vous vaut des étoiles d’élu, de la considération, le gain de position, c’est votre appartenance ou proximité avec cette association de malfaiteurs dans les rouages de l’Etat, qui manigance en dessous. Trois choses comptent désormais pour la carrière :
-le poste que tu occupes ;
-le poids financier de ta fonction ; et
-le niveau d’influence acquis dans le système.
Peu importe vos qualités de sommité et la réputation conférée par vos réalisations, non seulement les gouvernants font semblant d’ignorer superbement votre cotation, avec des airs de suffisance empruntés de mépris, dans le complexe du fauteuil occupé ; mais aussi, et c’est le comble, des crétins estampillés, sans aucun bagage sérieux à délivrer, rien que la grande gueule et les formules toutes faites à ébahir les abrutis, tentent de leur côté de t’avoir, te provoquer pour te ridiculiser, en objectant sur des sujets dont ils n’ont aucune espèce de compétence, pensant te démystifier pour ainsi se faire valoir des grades auprès des ignares qui apprécient leur culot, faute de répondant. Ce phénomène est si courant que, malgré les nombreuses ressources intellectuelles en présence et de la diaspora, vous n’avez la reconnaissance d’aucun magistère dans le pays, nulle autorité reconnue dans une discipline quelconque. Il n’est personne qui ne soit vulgairement contestée. Tout le monde se trouve donc à la même enseigne, dans une escroquerie intellectuelle silencieuse qui profite à l’imposture des tonneaux vides en chef, promus dans les coulisses du système.
Nos compatriotes à l’extérieur sont mieux perçus dans les positions, par eux, acquises, tant qu’ils restent à l’étranger, hors de portée du dévolu d’agressivité. Tentez de mentionner le mérite d’un concitoyen auquel ils ont accès, vous entendrez toutes sortes de dénigrements qui n’ont, le plus souvent, rien à voir avec la capacité, la compétence, ou la qualité contestée, mais une charge biscornue suffisante pour discréditer l’impétrant aux yeux de l’auditoire. Nul n’échappe à cet instinct démolisseur des minables dans une société déboussolée, truffée d’ignorance, de malhonnêteté, de vanité, de jalousie, d’égoïsme, d’appétence, de bassesse, de haine, de mécréance pour tout dire. Si les Maliens ne s’aiment pas, ce qui semble vrai en partie, c’est à cause de ce tissu de mensonges et de demi-vérités enchevêtrées qui blessent le bon sens et l’esprit du juste.
La situation embrouillée, digne du sauvage de la jungle est, incontestablement, la résultante du pouvoir militaire, anachroniquement maintenu dans la durée à la manœuvre d’animation de l’appareillage institutionnel de la république «virtuelle», pourrait-on dire. On a vu les méfaits et les conséquences du désordre moral, éthique et comportemental qui émana de sa conduite des affaires de l’Etat. On retiendra sous ce chapitre des réflexes induits par la junte putschiste, qui ont fait tache d’huile même après elle :
1.le «droit» autocratique de libre disposition du bien public, « propriété de personne », sans reddition de compte ni sanction, dérapant vers la gabegie, dans la logique de jouissance de butins de campagne entre coquins copains ;
2.la règle de primauté de l’intérêt particulier sur la vague notion d’intérêt général (utopique, voire utopiste), avec les palpables avoirs et bénéfices personnels, bien concrets ;
3.le recours à une classe de suppôts d’affaires et de prête-noms pour investir, gérer les fortunes mises à côté, et l’intention de contrôler un pan de l’économie pour la rente ;
4.la profession de débauche et de cocufiage autour des belles femmes de la ville, dans le genre quartier libre de troupes permissionnaires en terrain conquis, avec ses excès, ses mésaventures et autres abus d’autorité ;
5.l’aversion pour le débat contradictoire et la pensée critique, en l’absence de doctrine, d’une vision, et une nette préférence pour un populisme sophiste et l’intercession religieuse pour la mystification et l’abrutissement des masses ;
6.les nominations de complaisance et les concessions suspectes tendant à rallier et instrumentaliser les acteurs de la loi, du contrôle et de la justice, en échange de la couverture et de l’impunité pour les fraudes et abus ;
7.les renouvellements cycliques des équipes gouvernementales en sorte de gratification et de recherche des faveurs de différentes familles (politiques, communautaires, identitaires), corporations, collectifs, afin de surmonter les oppositions et d’infléchir les radicalismes.
Voici les termes de la charte de Gribouille dans la gestion douteuse, approximative, opportuniste, démagogique, qui a prévalu à la déliquescence de la chose publique et la rupture de la confiance entre les Maliens et leur Etat, entre le citoyen et les Institutions, entre l’élite présumée et le bas peuple, et, par finir, même entre chacun et son prochain.
Le défaut stratégique d’élite
D’abord, l’élite au Mali n’en est pas une, car constituée majoritairement de pêcheurs en eau trouble, des malpropres, imposteurs, hâbleurs, spéculateurs, qui, dans la plupart des cas, ont amassé fortune de façon déloyale, avec des biens mal acquis, des positions usurpées par des moyens déloyaux, pour se hisser dans la crème sociale, sans en avoir les attributs et le mérite ; une réussite irrégulière à la crapule, de criminels en col blanc.
Nous accusons, ainsi, l’absence non seulement d’une élite sociale « normale », mais également d’une élite intellectuelle digne du nom. Les individualités valables restent malmenées, brimées, gardées sous contrôle de la hiérarchie du système, au profit des tenants de la débrouille, de la magouille, du délire égocentrique et du nivèlement par le bas. Mythomanes, ils récusent même qu’il y ait des excellents parmi les cadres, puisqu’ils ne sont pas, eux, éligibles à ce tableau de mérite, propulsés qu’ils se sont trouvés au-devant de la scène par des coups de piston, une arnaque ou un sacré hasard, en étant pas foudres de guerre, loin s’en faut. Gonflés et revanchards, ils ne daignent reconnaître quelques valeurs qu’en ceux qui ne représentent aucune menace à leurs yeux ; soit parce que ceux-là sont assez distants, méconnus quelque part de l’opinion, ou parce qu’ils ont fait totale allégeance au gourou et sont pressés comme tels. Ils se targuent de la « modestie » d’affidés pour sabrer et dénigrer les insoumis et irréductibles taxés au passage de prétentieux, comme s’ils n’avaient rien prouvé, ou n’avaient de talent à valeur de preuve.
Si vous êtes non dociles, on cherchera à vous confondre, sur tous les plans par divers stratagèmes, des pièges tendus, en vue de vous humilier, descendre, anéantir pour toujours. Seul Dieu peut sauver l’innocent de cette hystérie vindicative de l’orgueil mal placé. Les soufflés, éjectés et rescapés du système, dispersés, épars, noyés dans les frustrations de l’injustice et de l’ingratitude ambiantes, ne sauraient faire fonction d’élite que dans la contestation ; traités d’aigris lorsqu’ils rouspètent et dénoncent.
Le pays n’a malheureusement pas d’élite des affaires non plus. Chaque régime vient piétiner et écraser à souhait les opérateurs traditionnels, en possession du métier embrassé, marquant leur indépendance et distance d’avec le pouvoir, au profit de spéculateurs de circonstance, d’individus sortis de nulle part, sans la moindre maîtrise du secteur, parfois sans personnel pour prester, prêts à sous-traiter, montés de toute pièce pour gagner des marchés tronqués, ou de gré à gré. Ils bénéficient même d’exonérations, sinon des fraudeurs patentés dont l’intrusion déstructure le marché et procure des milliards gratuitement à se partager entre encanaillés de la chaîne de délinquance alliant fonctionnaires et spéculateurs. Pire, ce sont directement les familles et les belles familles des dignitaires qui s’y mettent, avec des cercles de fidèles (amis, partenaires, partisans,) et autres relations mafieuses. Ils sont nommés au gouvernement et se retrouvent aux hauts postes de l’Etat, cooptés ou élus dans les institutions, venant aux affaires (publiques) pour faire des affaires (privées) : pourcentages de marchés publics, postes juteux, niches lucratives, fonds à milliards, détournements de budget, contrats scandaleux, prises d’actions, récupérations et investissements.
Qu’en est-il de l’élite militaire ? Il y a toutes les raisons de douter également de sa qualité. Dans le complexe de l’uniforme et voulant s’éterniser aux commandes de l’Etat, les putschistes de 1968 ont tenté de séduire les jeunes pour qu’ils s’orientent vers le métier des armes. Des opérations sont lancées pour convaincre certains des lycéens à opter, avec comme appât la promesse, au bout, d’un galon de lieutenant, d’une voiture Volkswagen coccinelle et d’une villa. Le régime militaire a réussi ainsi à attirer de jeunes cadres, et même des universitaires, dans ses rangs, afin d’assurer sa pérennité. Cela a commencé à donner des résultats, avec des officiers brillants, capables de tenir le débat face aux opposants. La valeur intellectuelle de ces sangs neufs était indéniable, mais qu’en était-il de leur valeur militaire ?
Un prytanée militaire s’ouvre, dédié à la reproduction de l’aristocratie militaire, promettant ses produits à une carrière dorée d’officiers, donc de futurs dignitaires assurés. Finalement, avec le népotisme, le favoritisme et le clientélisme qui ont caractérisé le régime de l’UDPM, le prytanée ne sera désormais accessible qu’aux seuls enfants de militaires, de dignitaires et ceux recommandés par eux. Avec la corruption qui se répand, il faudra payer pour accéder au prytanée, devenu un joyau de placement convoité. Par finir, il fallait débourser partout pour être recruté dans l’armée, la police, la gendarmerie, la garde républicaine et la protection civile. Parallèlement, la montée en grade dans les corps armés, minés par les tractations et les interventions, sera à la tête du client. Les pseudo-démocrates en rajouteront : la manipulation politicienne, avec la distribution des barrettes et étoiles de complicité, faisant des colonels et généraux à la pelle. L’armée s’est retrouvée ainsi divisée entre les officiers de salon venus pour faire carrière dans des fonctions civiles, qui se plaisent dans ce jeu d’avancement administratif procurant galons et médailles d’opérette, et les vrais militaires de vocation, craints par nos politicards, qui ne les sentent pas et s’en méfient. Eux, ils ont les soldats avec eux, et qui les respectent. Ce qui n’est pas le cas des premiers. Ils sont rarement promus, même lorsqu’un des leurs, surtout de moindre valeur, vient aux commandes. Ils se retrouvent assez souvent affectés loin de la capitale, isolés, ou mis au garage, coupés de la troupe dont ils ont l’estime. Tous les durs, considérés comme irréductibles, qui passent pour les plus dangereux, sont simplement écartés, relégués, et même liquidés en douce.
Le gauchissement de l’institution militaire, qui a commencé sous le régime militaire lui-même, dans les années 70, et gagné en proportion sous les apprentis démocrates et Généraux de la démocratie, a abouti à la catastrophe de l’armée malienne désintégrée, sans chef, sans discipline, vilipendée. Vingt ans, après la Révolution de 1991, les ennemis du Mali sont parvenus à anéantir la puissante armée malienne, la deuxième de la région après l’Algérie, ce, malgré les budgets colossaux votés pour la défense.
L’aliénation et la dépersonnalisation
D’institutions, nous n’en avons que de parodiées. A commencer par le Président de la République, qui n’est qu’une représentation peu ou prou bien comprise, dans la tête de cette infime minorité du pays qui a été sur les bancs de l’école des autres pour se bourrer le crâne des « bienfaits », notamment, de la révolution française de 1789, dont nous héritons par procuration. Un autre versant du mensonge défendu par les légataires du colon, qui ont maintenu sa machine dans l’intention de la négrifier pour s’en approprier.
Les Nègres se gargarisent d’institutions qui ne sont pas les leurs, empruntant à la fois le droit, la langue, le savoir, la culture, la religion, l’apparence et même le rêve aux autres, qui les méprisent en plus. Nos historiens et autres intellectuels, chercheurs, incapables de travaux à révéler et exhumer nos constructions, ramènent la gestion de nos Etats précoloniaux, de nos royaumes et empires médiévaux, à des évocations d’historiographies et des faits divers autour d’individualités isolées, ignorant du coup la collectivité, les pouvoirs associés et les mécanismes qui fondent la puissance publique. Les divers organes de l’impérium : assemblées, conseils, magistrats, ministères, police et légats sont passés par pertes et profits, comme non avenus. Ce qui a pour effet dévastateur de ne nous laisser d’autres perspectives que notre conditionnement gnoséologique derrière l’Occident, à emprunter ses instruments et ses modes de fonctionnement, dans l’ignorance et le désintérêt pour nos humanités passées, déficientes par notre ignorance.
Les Kwamé Nkrumah, Sékou Touré et Modibo Kéita, ces leaders visionnaires africains, ont, à n’en pas douter, essuyé les revers de ce déficit de matériaux d’éclairage sur l’être et les institutions politiques africaines, qui pouvait leur éviter de s’accommoder du legs colonial pour repenser et reconstruire l’Etat en Afrique à partir de l’organisation des entités politiques antérieures. Nous n’avons pas fait la Révolution française de 1789, et c’est à tort que nous prenons pour comptant son héritage. Sans être une référence, ils sont nombreux en Europe et ailleurs à n’avoir pas abandonné la royauté et à adopter une monarchie constitutionnelle. C’est donc un leurre que de prendre des régicides en exemple, qui instaure des soi-disant Président qui ne se comportent pas moins en majesté avec ses pouvoirs.
L’Etat qui nous est légué, en mal nécessaire, ne répond pas à notre soif d’Etat, car il perpétue une machinerie étrange, parce qu’étrangère par essence, un mystère en tout que nous devons accepter, en apprendre les codes et obéir, sans y comprendre grand-chose, comme un culte. Cet Etat illégitime est à la source des multiples pervertissements dans la société que nous n’arrivons pas à juguler, parce que le toubib, entendez le médecin, est lui-même le vecteur de la maladie qu’il prétend soigner.
La tourmente de la jeunesse
Ce qui se passe, c’est que l’absence de politiques publiques de l’Etat déficient, le dérèglement des mécanismes d’intégration et de promotion administratives dans le service public et les bouleversements du système d’ascension sociale dans la collectivité ont amené les jeunes, surtout urbains, indépendamment de l’origine sociale, du statut de la famille, à s’aligner et se livrer à toutes sortes de boulots s’offrant à eux, des louables aux plus répréhensibles. Pour échapper au désœuvrement, ils s’adonnent et s’accrochent, entre autres, à des expédients : ventes à la sauvette, petits commerces, sports, musiques, réalisations audiovisuelles, animations radio, métiers de scène sur le tas, cours de soutien, courtages immobiliers et autres, services religieux, gardiennage et nettoyage, coiffure, couture, artisanats, activisme, chauffeurs et apprentis, et j’en passe. Les plus chanceux évoluent vers les startups et l’entrepreneuriat ; d’aucuns préfèrent l’expatriation, ignorant les dangers de la migration ; d’autres attendent toujours la suite de leurs demandes d’emploi déposées partout, le prochain concours, la bénédiction d’un proche ou encore le sourire de la chance.
Les têtes-brûlées qui ont compris et jouent le jeu du mensonge, font tout pour approcher les cercles du pouvoir, les chefs, en se mettant à leur service ou en les affrontant : création d’associations, de clubs et de partis ; adhésion à une formation, mouvement de rue, agitation ; convoitise électorale, service d’homme de main prêt à tout ; organisation d’événements à parrainage ciblé ; presse d’opinion multimédia (émissions, articles, blogs, capsules vidéos…). Tout ce faux-jeu alambiqué est celui que connaissent, depuis leur tendre enfance, les jeunes d’aujourd’hui qui accèdent maintenant aux postes de responsabilités, tiennent petit à petit les rennes des affaires et les premiers rôles. C’est le cas des enfants des dignitaires des régimes post-1968, chacun œuvrant à pistonner son rejeton dans le système, pas pour le service national, mais le plaçant en poste pour les privilèges. C’est dire que l’intégrité dans le domaine public est presqu’une chimère pour cette jeunesse, qui n’aura vu que des jeux de combines pour arriver, progresser, «réussir». N’échappent généralement à cette logique que ceux qui ont, malgré tout, trouvé dans la foi une inspiration à la bonne conduite, à l’honnêteté, à la crainte du jugement dernier. Ils sont convaincus de ne pas commettre de tort à autrui et ont souci de bonnes œuvres. Mais, il est difficile de grandir la louche du louche à la bouche et le condamner sec. L’enfant ne saurait toujours ignorer si le revenu familial légal justifie le niveau de vie et de dépense des parents. Il aura vent des prétendues « opportunités » saisies par le père ou la mère pour obtenir, avoir, amasser, mettre de côté. Si le forfait a été la pratique parentale pour gagner (auteur, complice, profiteur), il le saura tôt ou tard, parce que la rue ou l’adversaire d’un jour s’en chargera. Seulement, il y a de fortes chances qu’il ne voit pas l’artifice parental peu honnête d’un mauvais œil, bien au contraire. Il sera tenté à son tour de jouer avec, et de s’en justifier, car la chose, finalement, se présente comme un jeu, validé par la société des miséreux et des gueux cherchant des miettes et une protection pour s’inviter au festin. C’est à Bamako que ce phénomène a de l’ampleur, et qu’est en train de se constituer un groupe social de nouveaux riches constitué de familles d’anciens et de nouveaux dignitaires, de profiteurs millionnaires et fonctionnaires milliardaires, relayés par une progéniture et quelques prête-noms multimilliardaires, revenus tirés du vol et de la corruption maquillés en business.
Verser dans le crime n’est pas véritablement un choix des jeunes, qu’ils soient désœuvrés, à l’abandon ou de milieux pauvres. Des concours de circonstances les faisant côtoyer le diable, selon les occasions qui se présentent à eux, ils peuvent verser dans la débauche : alcool, drogue, prostitution, déviance, trafics, banditisme, mysticisme, radicalisation et tentations multiples, ou faire fonction de bouche-trou auprès d’un mentor politique, spirituel ou d’affaires, dans l’espoir d’une inclusion opportuniste.
Les Wolosos sont parmi nous
L’Etat Woloso qui, à tous égards, semble être bien un Etat de minables, est lui-même promoteur de vicieuses mondanités dans la sphère publique. Des officiels donnent un bas profil lors d’invitations et de collations dans les ambassades, les institutions et même à Koulouba. Cela tourne au reflexe misérabiliste d’individus de mauvaises familles qui, à toute occasion, ne se gênent guère à se ruer et rafler le menu au buffet, dans une cohue d’affamés. Et, ces braves femmes sans honte qui amènent leurs propres sacs pour emporter partie du service à la maison, sans doute non habituée aux gâteries. Un manque de dignité hallucinant pour toute personne, tant soit peu, bien élevée.
La couvée des nantis Wolosos n’est pas du tout en reste dans la dépravation et les excentricités en faits divers qui gagnent la société bamakoise, branchée jusqu’à la déviance, avec, au centre, les femmes et le sexe, les voitures de luxe et le pognon, les fêtes et les palaces, les voyages rêvés, les accouchements déportés, le shopping en avion et les études à l’étranger, les télé shows d’exhibition de la « Sumu society », la golden fringue et les mimétismes de la platitude, chacun dans son petit jeu d’originalité bancale. On se demande bien, charriant autant de légèretés, avec qui peut-on travailler pour redresser ce pays.
Le principe pour les parvenus étant le coup de piston aux fistons, ils casent autant qu’ils peuvent leurs petits dans les boîtes à sou où sont déposés et circulent des milliards, leur permettant de toucher de gros salaires de sinécure, sans qualification précise, sans travail effectif a fortiori de sueur du front, là, souvent, à ne faire rien d’autre que de la figuration, des petits boulots subalternes, mais bénéficiant de tous les avantages du poste usurpé. Il y a bien sûr parmi ces pistonnés, ceux qui ont fait de brillantes études et qui ont de la compétence. Mais, ils se voient tout de suite propulsés à de hautes fonctions qui demandent normalement une dizaine d’années au moins de service et d’expérience, désormais à leur portée dès les premières années du premier emploi. La technologie ne justifie pas ces raccourcis. Le diplôme ne saurait à lui seul procurer la capacité et les ressources émanant de l’apprentissage et de l’exercice pratique dans la durée.
Ces enfants sont nés et ont grandi dans ce système qui ne repose sur aucune valeur de dignité, de travail, ou de l’effort récompensé. Leur seule performance tient aux jeux relationnels de complicité qui gouvernent aux placements dans les postes rémunérateurs de l’Etat, de ses projets et programmes, autorités et agences, et aussi dans les sociétés et entreprises publiques et privées aux activités fort lucratives.
La conduite, ou plutôt l’inconduite de ce qui tient lieu d’élite, donc de modèle quelque part, entraina toutes sortes de dérives au sein des couches populaires. Plus de honte non plus des pauvres, autrefois dignes et respectables, à être maintenant pris la main dans le sac, confondus dans le larcin, reconnus coupables fadénw nyana. Le commerce, pour exemple, est affecté par tous les genres de soustractions et d’indélicatesses, à commencer par les poids et mesures ; des balances et pompes truqués ; des succédanés vendus au prix des originaux ; des vices aux véhicules provoqués par les chauffeurs ; des pannes de combines dans les garages ; des ingrédients mélangés, colorés, présentés comme purs ; des sacs de céréales remplis d’ajouts, et de charbon, bourrés de déchets ; la surfacturation, l’escroquerie, la spéculation foncière ; la grivèlerie, jusqu’à l’entôlage ; tout y passe. Autant de comportements inconnus de ce peuple, il y a à peine 40 ans.
Les jeunes des générations 1980 à 90, entre la trentaine et la quarantaine, ont l’énergie et le réflexe pour prendre leur place dans le système et non le combattre, n’ayant pas les ressorts. Ils ne peuvent réaliser la vertu en ce peuple, qu’ils ont toujours vu dans le tableau désolant du misérabilisme, de la mendicité et de l’avilissement croissants derrière l’argent et ceux qui en disposent, là où, 50 ans plus tôt, la richesse monétaire manquait de noblesse, répugnée ; l’argent- chose suspecte, déconsidérée et dédaignée dans l’éducation au profit du nom porté sinon acquis, de l’identité de lignée, de la valeur sociale incarnée, de l’honneur en la réussite probe, de la dignité d’être du rôle qui sied. Vous n’étiez pas loué pour votre fortune, mais votre fidélité à la vertu, le sens élevé de l’honneur et de la dignité non négociable. Il fallait prouver sa valeur, pour avoir le respect des riches comme des pauvres. Tout ce qui a manqué d’être enseigné, développé, entretenu par la médiatisation sociale et la profession d’autorités illégitimes, en villégiature d’une gouvernance sans conscience.
La lutte de classe
Les gens de mérite sont moins prompts à aider leurs enfants dans l’insuffisance ou la tricherie. Ils leur exigent de travailler avec un argument très simple : « Si de vos camarades (à l’école, au champ, au chantier, ou au service) arrivent à faire de bons résultats, qu’est-ce qui vous empêche de faire comme eux, de faire autant ? Sont-ils plus intelligents, plus forts, plus doués ? ». Ils ont toujours exhorté leurs enfants à prendre leur courage, à se battre, à mériter le respect, au lieu d’en faire des fils et filles à Papa, des poussins de la mère poule, constamment à leur chevet pour leur éviter toute souffrance, leur venant en aide pour se faufiler en douce sans subir, contourner les épreuves, sauter le mur, passer, réussir à l’examen, être engagé même si…
Ceux qui ont commencé cette pratique sont indéniablement des personnes peu morales, peu honorables, sans grand mérite au fond, assez limitées le plus souvent, certainement qui ont toujours préféré tricher, eux-mêmes, chaque fois qu’ils en avaient l’occasion, au lieu de peiner dignement, gagner honnêtement, et donc exiger de leurs enfants la part d’effort qui vous légitime et impose le respect de tous.
Il n’est donc pas étonnant, que ces différents acteurs venus par effraction aux affaires, de façon irrégulière, déloyale, frauduleuse, aient entrainé le pays dans cette chute vertigineuse dont nous vivons les spasmes, parce qu’ils n’ont eu aucun respect du mérite des autres, des enfants d’autrui, agissant sournoisement contre ceux qui leur ont damé le pion, les inscrits au tableau d’honneur jalousés pour leurs titres. Combien avez-vous connu de premiers, de majors, de brillants, à la tête de nos institutions de 1968 à ce jour ? Faites le compte et vous verrez et comprendrez. On a l’impression que le Mali n’a presque pas de sommités. Pourtant, ils existent, les bons, les excellents, les talentueux, les éminences grises, bien qu’il semble qu’un macaque du système les ait cherchés vainement, jusqu’à ignorer le seul champion du monde que nous ayons jamais eu. Chacun a ressenti que les incapables des régimes de cette sombre période ont mené une politique de nivèlement par le bas. Quelques têtes bien faites ont dû faire carrière politique pour monter, s’échapper. Le Chef se prenant pour un élu divin, au sommet du savoir, fort des informations obtenues de ses services, qui lui donnent une longueur d’avance, joue au mystère-mystère pour créer le mythe. Tous les autres doivent s’agenouiller, se décoiffer, s’aplatir, se liguer dans l’échelle de valeurs qui commence et fini par sa couronne : conception de colonisé obscur du pouvoir.
Voilà le type de déraison qui a prévalu dans ce pays, et continue jusqu’à ce jour, car en vérité, l’Etat Woloso n’est autre que l’Etat des Wolosos. Comprenne qui pourra. L’Etat porte l’empreinte de ses principaux animateurs. L’Etat des impurs ne peut-être qu’un Etat impur. Dire cette vérité peut coûter. Mais, la lâcheté fait mauvais ménage avec la dignité. Il n’y a pas d’issue au problème du Mali, si l’on continue dans la couardise à taire les causes évidentes de notre malheur, à étaler pour briser l’envoutement maniaque du système. Le mensonge est dans les gènes de cette république des illégitimités.
La problématique de l’énoncé
Je me devais d’objectiver les facteurs et acteurs de la sortie de piste de notre grande nation pour que soit compris de tous le problème de son avilissement, condition sine qua none pour espérer préconiser une solution à sauver le grand Mali de cette merde. Bien sûr, les ingérences extérieures qui ont favorisé la venue au devant de la scène de personnalités ambivalentes, influençables, ambitieuses, perverses, n’ont pas été évoquées, car ce n’est pas l’objet de ma thèse. Il fallait mettre en évidence le tissu de mensonges imbriqués dont nous avons-nous-mêmes, Maliens, été les malheureux protagonistes, et qui nous vaut de faire le jeu des ennemis de notre nation, qui nous veulent dans le rôle misérable de peuple assujetti à jamais, vache à traire et réservoir à puiser de leur système de domination planétaire insatiable.
Les partis politiques, les leaders et autres agitateurs sur la scène, passés et présents, incapables de poser un diagnostic sérieux de notre accès d’inconscience et de dépravation écervelée, ne sauraient apporter au peuple malien l’espoir d’une réponse appropriée, d’un remède efficace à la crise en progression géométrique dont ils sont, eux-aussi, des agents actifs à divers titres.
Il n’est donné à personne de résoudre un problème sans énoncé, une équation mal posée, un sujet non compris. Désormais, maintenant que la pathologie est mise en évidence, la spéculation mensongène prendra libre cours pour s’inspirer de la thèse à sa portée, dans la malhonnêteté intellectuelle qu’on connaît à cette race de vermines. Quant à la solution pour sauver le Mali, elle ne viendra pas parce qu’on a enfin compris de quoi il s’agit, après avoir fait feu de tout bois et essayé toutes les formes de gesticulations, vainement. La métastase de l’Etat Woloso suppose que chacun de nous porte une part de germe. Comment se débarrasser de ce monstre en nous pour nous libérer de ses sortilèges ?
Les leçons de synthèse
En guise de synthèse, on retiendra :
•Que le Président Modibo Kéita, monument de mérite qui n’a pas eu son pareil, et son régime ont commis l’impair de supprimer les chefferies anciennes, jetant ainsi le bébé avec l’eau du bain, au lieu de tamiser et réinvestir les légitimités, qui n’étaient pas toutes forcément complices du pouvoir colonial et ont même, dans certains cas, permis de sauver les meubles. L’Etat socialiste, taillé dans le costume de l’appareillage colonial remanié, devait réussir le challenge de la refondation institutionnelle pour entériner le processus révolutionnaire de l’Indépendance dans et par nos référents. Mais, les errements surtout d’une Milice populaire inculte et mal préparée, ainsi que les sabotages français, ont décrédibilisé la voie socialiste pour se reconstruire. Le coup d’Etat a entériné l’échec définitif du projet.
•Que le Président Moussa Traoré, personnalité jugée sérieuse parmi la bande des putschistes, est auteur du crime de la prise du pouvoir sans une véritable solution de rechange, gouvernant au hasard des rafistolages des débris du régime déchu avec l’aide de renégats et profiteurs. Il n’a pas, lui non plus, daigné séparer la bonne graine de l’ivraie, se contentant des complicités exploitées à la base pour trouver assise et se légitimer, là ou d’autres, parmi ses compagnons, ont gangrené le pays par la prévarication et les pratiques de jeu faussé, comme le népotisme et le favoritisme. La mésaventure de la déchéance malienne a bien commencé avec le CMLN, sous le lieutenant, devenu colonel et puis général Moussa Traoré, dit GMT. L’UDPM, sa création, y a rajouté le clientélisme, donnant l’intrusion sur le tard de sa belle-famille aux affaires. Avec la corruption tentaculaire, a été signé le processus inhibitoire de déclin de la nation.
•Que le Président Alpha Oumar Konaré, éminence politique exceptionnelle, a fini par décevoir l’espoir du peuple de 1991, après un très bon début de revitalisation de la république, qui redonna du souffle à l’Etat et du sens à la gouvernance, malgré la tumulte. N’ayant pu ordonner l’archéologie de nos savoirs et à suffisance le travail de mémoire entamé ni former une saine relève avec sa formation politique, l’ADEMA, où chacun tirait la couverture sur soi, il se retira dans le désordre partisan des luttes claniques, avec la reprise de plus belle de la corruption et de la délinquance financière, dénoncées dans le discours, et le déchirement de son parti, fossoyeur clientéliste de l’idéal démocratique, n’ayant finalement rien changé au système vomi de l’UDPM. Suite à sa tentative ratée de révision constitutionnelle, des mauvaises langues disent qu’il voulait rester, ou revenir.
•Que le retour aux affaires du Président Amadou Toumani Touré, après son passage plaisant pendant la Transition, homme sympathique, s’il en est, affable, chafouin, populaire, a cessé d’être le tremplin rêvé contre l’absolutisme insidieux de l’ADEMA, fracturée, pour être un mauvais songe loufoque très illustratif de l’Etat Woloso. Son régime verse dans tous les excès de l’affairisme : la corruption, la débauche, la délinquance financière, avec, de surcroît, l’ingérence et de la famille et de la belle-famille, mais aussi des «potes». Des observateurs parleront d’un Etat voyou. Héro glorifié de la promesse tenue de remise du pouvoir aux civils, il s’adonne dans un populisme démagogique, qui tient lieu d’idéologie, au régionalisme (Mopti), au copinage et la préférence identitaire (Sudu Baba), s’alliant par ses choix à peine voilés des groupes identitaires, instrumentalisés contre la majorité discriminée qui, pourtant, a bien porté le malin ingrat au pouvoir. Seule une catégorie (de patronymes) faisait exception pour camoufler sa grille discriminatoire nauséabonde. Je me permets ici un commentaire. Le Mali n’avait pas besoin d’un Robin des Joies pour créer la suspicion entre des populations ayant vécu jusqu’ici en parfaite harmonie : Peuls, Bamanans, sonrhaïs, Tamasheq… Le cousinage (Sinankunya) alibi avec les Coulibaly était le truc pour cacher son jeu grossier. Selon toute vraisemblance, le bonimenteur s’est fait virer parce qu’il louvoyait, ne voulant pas partir, lui aussi, croyant avoir neutralisé l’armée et s’apprêtant à monter un subterfuge afin d’abuser de la crédulité des masses. Il aurait consisté à inculper et exécuter certains contradicteurs (officiers et civils), accusés d’un putsch scélérat avorté (odieuse mise en scène), où le béni généralissime, après avoir réussi à prendre le dessus, revenait en sauveur, acclamé… emprisonnant ou éliminant des récalcitrants (complices non prouvés) pour continuer à régner sur des abrutis conquis. Dieu épargna au pays (pour le moment), la tragédie de cette énième traîtrise, un plan diabolique qui aurait marché à coup sûr. Il a néanmoins réussi l’exploit de faire chavirer le bateau Mali avant sa chute. On lui doit d’avoir précipité le pays dans l’abîme de la cupidité vorace et de la servilité coupable qui ont refermé sur lui le piège français des trafics et recasements de « l’Après-Libye », dont nous peinons à sortir.
•Que le Président Ibrahim Boubacar Kéita, qui a montré, dans la cinquantaine, une poigne ferme de navigateur à la barre, est finalement, 20 ans après et le poids des ans pesant, le débonnaire en croisière de plaisance, par qui le mauvais songe a tourné au cauchemar du Sahel. Le pays écume, d’insouciance, les fonds de ce qui fut décrit comme excès sous le régime précédent : corruption, délinquance financière, clientélisme d’un parti zombi en session de rattrapage. Si l’excuse d’être venu gérer au départ une situation bien compromise (à laquelle il n’est pas totalement étranger non plus), valait pour lui, elle s’estompe avec l’effet dopé et dopant des gestions et de la famille et des belles-familles, de père en fils, accusant des extrêmes dans la qualification des abus et malversations. Le régime IBK, qui est encore là pour la suite, gère toujours la série noire des scandales révélés, en attendant que d’autres dessous de tripatouillages se découvrent avec le temps. Le Mali continue, sous lui, sa descente aux abysses, avec un Accord pour la paix mal réglé, qui nourrit bien son homme ; une classe politique infertile et insolvable, sans aucun projet de société sensé ; une société civile de gagne-pain et de « mangetous », à la recherche de subsides ; une montée suspecte du religieux en politique, en lien avec des forces obscures ; des prédateurs étrangers venus, sous manteau de l’ONU, pour prétendument faire la paix dans la bergerie malienne. Tandis que la France met tout en œuvre pour priver les Maliens de leur pétrole (avec des complicités de mouvements fantoches et de pays du voisinage), allant jusqu’à démarcher les Russes, Poutine ayant été appelé à la rescousse par des manifestants à Bamako.
Vous l’aurez compris, après Modibo, aucun de ces régimes n’a été capable, or c’est de cela qu’il s’agit, de proposer un projet non emprunté de reconstruction du Mali selon un modèle politique et économique rationalisé, pensé et réfléchi, qui intègre notre être désaliéné, notre héritage civilisationnel, notre mémoire africaine, et les mutations contemporaines d’ordre sociologique, psychosocial, culturel, technologique et environnemental, en plus des exigences de l’Etat moderne dans la société des nations. Où et avec qui avez-vous vu un tel projet ?
Qu’est-ce qui doit changer ?
Ce que l’on reproche à l’Etat Woloso, cinquantenaire, c’est avant tout son incurie qui confine à la sclérose. Délesté de toute faculté créatrice, sans une vision fécondante, les responsables promus du relationnel et de la correctionnelle n’étant pas suffisamment armés, apprentis et stagiaires sans imagination fertile, sont de beaux discoureurs incapables de la moindre initiative- syndrome de l’impéritie. Ils viennent occuper les postes offerts pour gérer la routine d’une administration sans âme, démotivées, multipliant des plans d’actions, sans programme, à la recherche de l’argent des bailleurs, qui jouent et font durer le plaisir. Alors, pour exister, et pour tout programme, les ministres se baladent entre les administrations et services, à fort renfort de reportages télés, avec des visites d’ouvrages, de sites, d’établissements, des ateliers et lancements, rien de sérieux. L’élémentaire et l’essentiel échappent à la Wolosocratie : le sens public. Elle ne sait pas, toutes ces décennies qu’elle court, sans but (exemples banaux) :
-Que les médias publics servent à l’Etat à développer des programmes d’éducation populaire des masses, d’utilité publique et de consolidation de la nation, et non à les distraire à perpétuité ;
-Que les semaines ou biennales culturelles et sportives ne relèvent pas des politiques culturelles ou sportives, mais d’une politique de jeunesse et d’armement citoyen à la base. A court d’idées et de sources d’inspiration, regardez ce qui se passe derrière nos cantatrices et artistes en manque de chorégraphie- de la pure foutaise pour la culture malienne ;
-Que la radio nationale, Radio Mali, lien et vecteur de conscience nationale unique, qui, malgré la multiplicité des médiums, ayant l’avantage d’être le seul moyen de parler à toutes les populations maliennes, en même temps, mérite une attention spécifique en termes de programmes de construction et de cohésion nationales, dans lesquels toutes les composantes doivent se connaître et se reconnaître ;
-Que la télé est un miroir de la société dont l’impact éducatif exige que l’on soit plus regardant sur les modèles d’être, de vie et de faire véhiculés à l’écran, avec une pédagogie du contenu et non la promotion de la débauche ;
-Qu’un Etat sérieux, serviteur de son peuple, défenseur de ses intérêts, est le premier en devoir de conseil et d’agent de ses citoyens qui réussissent à l’international. Il manque au devoir en laissant ceux-ci vaquer au hasard jusqu’à s’égarer ou se perdre, victimes de leur succès, ingénuité ou imprudence. Il y a bien en chacune de nos étoiles des sciences et techniques, des arts ou des sports, de la beauté et de l’esthétique, un intérêt public, qui se résume en la fierté nationale, au-dessus de l’individualité et des affaires personnelles, qui ne contredit aucunement la liberté et la vie privées.
-Qu’un Etat digne du nom ne badine pas avec le sort de ses expatriés. Le « …quoi qu’ils aient fait » d’un Nicolas Sarkozy, à la défense des délinquants français dans l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad, est une illustration «acrobatique» de ce principe. Tout ce temps, nous avons eu de nos diplomates dans les pays d’accueil qui disaient à nos compatriotes en difficulté qu’ils n’étaient pas en mission pour eux, confortés en cela par un président qui leur dit : « quand vous partiez, est-ce que j’étais au courant, m’a-t-on demandé ? » ;
– Que célébrer le mérite, la valeur, est une condition motivante de la performance, donc du progrès, quel que soit le domaine considéré. L’Etat ne sacrifiant pas à cette messe de bon sens et de conscience, des jeunes quelconques se proposent, en événementiels (histoire de s’occuper et gagner), d’organiser diverses cérémonies et soirées de galas pour distinguer les «meilleurs», primer «l’excellence», attribuer des trophées, dans différents domaines. La générosité de ces initiatives ne solde pas le caractère gratuit et présomptueux de l’action, qui vaudrait de les taxer d’impostures. En effet, un classement national n’est pas donné au premier venu, et demande plus qu’un jury, plus ou moins valable, un sondage crédible ou des critères d’éligibilité plus ou moins pertinents. Ces choses relèvent d’entités ayant une autorité à la fois légale et, plus encore, légitime. La Wolosomania n’y pense pas, elle s’en fout, et laisse faire, et même l’encourage, sachant que son mérite à elle est très discutable.
Je ne saurais être exhaustif dans ce procès-verbal des carences de la gouvernance Woloso. Il faut cependant que soit compris ceci : le sens public est l’essence de la république.
Quelques preuves de l’impéritie
Après avoir bradé nos sociétés et entreprises d’Etat, bradé les chemins de fer, bradé l’EDM, bradé la BDM, bradé la SOTELMA, bradé HUICOMA, bradé SUKALA, bradé les biens immeubles de l’Etat, bradé nos contrats miniers, bradé le patrimoine aéroportuaire, bradé le foncier, bradé l’Office du Niger, échouant à plusieurs reprises dans le bradage de la CMDT, l’Etat Woloso qui ne crée rien et apporte peu, mais brade tout ce qu’il trouve, brade aussi nos routes, qui ne durent guère trois ans, au lieu des 15-20 ans réglementaires. Qui plus est, il :
-ne sait pas que la régulation automatique des prix du marché est hypothétique et qu’il faut savoir contrôler les prix quand il y a spéculation et surenchère ;
-ne sait pas contrôler les produits sur le marché pour éviter d’empoisonner ses populations sans défense ;
-ne sait pas encadrer les paysans dans l’usage des engrais et produits qui nous empoisonnent tous (céréales, tubercules, légumes, fruits), on n’a pas le choix ;
-ne sait pas protéger nos frontières des intrusions de matières dangereuses et d’infiltration d’agents de déstabilisation (maladie, parasite, déviance, idéologie, mercenaire, espion) ;
-ne sait pas préserver notre patrimoine en péril, ou menacé, n’en a pas entendu parler et ne l’a jamais cherché ;
-ne sait pas comment on développe le tourisme, et manque tout au moins de s’inspirer du savoir-faire pratique de notre famille du Burkina ;
-ne sait pas créer des emplois, mais des agences, oui, pour bouffer ;
-ne sait pas que l’explosion actuelle du diabète chez nous demande enquêtes et étude urgente, tout comme les mutations du palu endémique qui ne répondent à aucune logique, ainsi que d’autres pathologies émergentes qui se multiplient, nous laissant vulnérables, nous en remettre à Dieu ;
-ne sait pas que les thèmes des mémoires des élèves participent à l’éclairage de nombre de questions pour la prise de décision publique et l’orientation politique ;
-ne sait pas calculer les pertes induites par le blocus, exprès, de Kayes ni ce qui se perd par l’absence de route et d’électricité dans le reste du pays ;
-ne sait pas comment sécuriser les populations, bombarde les groupes d’autodéfense pour laisser courir ceux qui massacrent, ignore la « défense civile » qui ne l’arrange pas ;
-ne sait pas les b a ba de la politique extérieure, menant à la sauvette une diplomatie d’arrière-garde, sans boussole, faisant perdre au pays tous les acquis de Modibo ;
-ne sait pas comment sortir nos langues du réduit, pour elles, réservé, derrière le français adopté, pour gagner notre souveraineté linguistique et ne pas condamner nos futures générations à parler le français Woloso jusqu’à la fin des temps.
Il s’en fout, le Woloso Faso, satisfait de trôner, totalement insouciant. Il n’a pas fini de chercher son confort matériel et pécuniaire, de faire des missions inutiles à grand frais, de visiter le monde, de payer de beaux costumes pour le look et la parade, de loger dans les hôtels et palaces inaccessibles, de fêter ses galons et s’offrir du bon temps à la maison et au bureau ; de faire des cadeaux aux douceurs ; de payer des appartements à Dakar, à Paris, à New York et San Francisco… Qu’est-ce que pendant ses plus de 50 ans, il a pu faire de bon ? J’exagère à peine.
En toute générosité
Au seuil du 3è âge, qui me confère des droits d’aîné, que me soit permis par mes respectés et respectables seniors d’énoncer une sagesse, ma foi, opportune. Mortel, chacun doit avoir à l’esprit qu’il ne restera pas éternellement, et que bien mal acquis ne profite jamais. C’est une évidence pour ceux qui savent observer, réfléchir et prendre du recul. Vous n’êtes dignes que par votre respect et utilité à la collectivité, aux autres, et pas qu’à vous-mêmes, dans le «petit cercle» de la famille, ou de vos proches. La générosité n’appauvrit jamais. Pour ce qui est du respect, à l’évidence, je n’ai eu, moi, aucune intention, dans ce long propos, d’en manquer à qui que ce soit, mais convaincu de dire, en termes fussent-ils crus, chargés, ce que j’ai vu et que je vois encore ; ce que j’ai vécu et vis aujourd’hui ; ce que j’ai senti et ressens à présent, pour édifier les jeunes générations sur les auteurs, les responsables et les coupables de l’échouement, si ce n’est l’échouage, du bâtiment Mali.
Parlant « d’impurs », de « roturiers », de gens « d’origine douteuse », « sans dignité », je ne vise nullement des catégories sociales victimes de préjugés (je n’en ai pas), ou des groupes infériorisés dans le statut (nobles malgré tout), ou encore des couches marginalisées par la précarité (fidèles à soi), que nenni. Je pointe ici du doigt, sans complexe ni regret, tous ceux qui, quelle que soit leur prétention de nom et de souche, leur position naturelle ou usurpée dans l’échelle sociale, fi de la fortune, défient les règles élémentaires de la morale publique et foulent au pied les commandements de la vertu par des comportements indécents, des actes immoraux, des agissements délictueux et criminels, des bassesses déshonorantes, la trahison sans scrupule de la confiance publique, en étant irrespectueux des devoirs sacrés de la fraternité (du sang), de l’amitié (fidélité), de l’autorité (confiance), de la citoyenneté (probité), de la nationalité (patriotisme), de la dignité (loyauté) et de la souveraineté (légitimité).
L’effort et la peine font partie de la joie de vivre, tout comme la souffrance nous éduque à la raison et à l’humanité. S’y dérober est une absurdité et un manque de jugement. Vouloir l’éviter à ses enfants est une gageure insensée, un mauvais service, voire une condamnation. Comment voulez-vous qu’ils soient heureux de vivre sans besoin ? Sachez qu’il n’y a pas de bonheur sans privation vécue. Alors, pourquoi voler, vouloir tant accaparer, et surtout nuire aux autres pour obtenir, arracher, sans mériter, quand il va de soi que demain attend une dépouille nue, bredouille. Et, qu’après les méchancetés et torts administrés, ne disparaîtront pas les effets des forfaits perpétrés, ni les douleurs causées, que la progéniture aura sans doute à gérer, si elle n’en tire quelques malheurs. Soyons raisonnables. Réfléchissez au sens de la réussite, et surtout de la vie. Gardez-vous de faire du tort à votre prochain. Si dans l’au-delà vous n’arriviez à trouver le repos du juste à cause de vos contentieux mal réglés sur Terre, soyez sûr avoir pris, sans vous tromper, le billet de l’enfer.
Aimons-nous, soyons grands et plus responsables, en revenant à la culture de la vérité simple, à la raison sans fioritures et au culte du mérite qui ont permis à notre nation d’offrir à l’humanité des figures mémorables et une de ses plus belles civilisations. Arrêtez de détruire ce que vous n’avez pas construit. Nous avons ensemble d’autres combats à gagner, pour notre dignité. Il ne sert à rien de… car il y a bien un Dieu Vérité.`
Masakuru
13 septembre 2019
Source : Info-Matin