La situation dans ce pays d’Afrique de l’ouest reste « extrêmement préoccupante » alors que le processus de paix et la transition politique sont dans l’impasse, alerte l’Onu.« Les civils sont confrontés à d’immenses souffrances. Il n’y a pas eu de progrès notables dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. De plus, malgré les efforts considérables déployés à cet effet, il n’y a pas eu de consensus autour de la durée de la transition », a expliqué, jeudi, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, El-Ghassim Wane, devant les membres du Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies.
S’agissant de la situation sécuritaire, il a indiqué que le mois de mars a vu plusieurs attaques meurtrières perpétrées par l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la région de Ménaka et dans le sud de Gao.
« Même si l’élément déclencheur de la reprise des violences dans la zone des trois frontières semble lié à des trafics locaux et à des dynamiques connexes, il convient de noter que ces incidents surviennent dans le contexte du retrait des forces Barkhane et de Takuba. Faisant face à moins de pression, les groupes terroristes bénéficient d’une latitude d’action plus grande, posant un danger accru tant aux civils qu’à nos opérations », a observé M. Wane, également chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
Selon lui, face à ces défis, il est impératif que le niveau de capacités de la Minusma et de ses troupes soit maintenu. « Il est tout aussi important que des réponses adéquates soient trouvées aux défis liés à l’insuffisance de nos capacités ainsi qu’aux restrictions nationales des pays contributeurs de troupes et de police », a-t-il ajouté.
Concernant le processus de paix, l’envoyé de l’Onu a noté qu’aucun progrès tangible n’a été enregistré. « Au lieu de cela, les trois derniers mois ont été marqués par des actions et des discours inquiétants, non conformes à l’esprit de l’accord », a-t-il dit, ajoutant que la Minuma continuait de dialoguer avec les parties, les encourageant à aller de l’avant.
A l’en croire, « le statu quo actuel comporte d’énormes risques pour l’avenir de l’accord de paix et prive les populations locales des dividendes de la paix auxquels elles aspirent ».
La transition politique au Mali devait s’achever en mars, conformément au calendrier initial de 18 mois négocié par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) après le coup d’État d’août 2020.
« Le non-achèvement de la Transition dans les délais convenus a conduit la Cédéao à imposer des sanctions économiques et financières en janvier dernier, en plus des mesures individuelles décidées un mois plus tôt. L’impasse a malheureusement persisté, exacerbant les tensions entre le Mali et la Cédéao et impactant négativement ses relations avec les autres acteurs internationaux », a souligné M. Wane.
Pour lui, aucun effort ne doit être épargné pour parvenir à un accord sur la transition. « Cela permettrait non seulement de lever les sanctions, mesure critique au regard de la situation humanitaire qui prévaut, mais aussi de créer un environnement plus propice à la poursuite des autres processus fondamentaux à la stabilisation du pays », a-t-il conclu.
Source: journalducameroun