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Mali : l’interdépendance des problématiques environnementales et sécuritaires

La note sur la situation de la protection au Mali (juillet-septembre 2024), du HCR, met en lumière un pays pris dans les tourments des conflits armés, des catastrophes naturelles et des crises humanitaires. Cette note appelle à une réflexion sur les liens entre instabilité, vulnérabilité des populations et opportunités pour une paix durable.

La note sur la situation de la protection au Mali, couvrant la période de juillet à septembre 2024, offre un tableau frappant d’un pays pris entre les tourments de la nature, les méandres des conflits armés et les défis structurels de son système de gouvernance. Au-delà des chiffres et des événements rapportés, il interroge les dynamiques profondes qui régissent les sociétés fragilisées par l’instabilité. Que révèle cette situation à propos de l’avenir de la région et des leçons à tirer pour l’Afrique et le monde ?

Avec plus de 8 312 violations documentées au cours de ce trimestre, le Mali demeure prisonnier d’une insécurité persistante, selon le HCR. Bien que ces chiffres montrent une baisse de 23 % par rapport au trimestre précédent, ils traduisent néanmoins une augmentation de 70 % comparée à la même période en 2023. Les régions du nord et du centre, comme Gao, Mopti ou Kidal, concentrent une grande partie de ces violations, qu’il s’agisse de déplacements forcés ou de restrictions imposées par des groupes armés. Ce constat nous rappelle que la violence ne connaît pas de frontières fixes, elle se réinvente et se déplace au gré des dynamiques locales et régionales.

La vulnérabilité exacerbée des femmes et des enfants

Les femmes et les enfants représentent une majorité des populations déplacées, accentuant leur exposition aux violences basées sur le genre. Le rapport documente une hausse de 72 % des cas de violences basées sur le genre par rapport à 2023, avec des mariages forcés et des viols souvent utilisés comme armes de guerre.

Paradoxalement, les inondations historiques de l’année 2024, les plus importantes depuis 1967, ont à la fois atténué l’intensité des conflits dans certaines régions en ralentissant les mouvements des groupes armés, et amplifié la souffrance des populations civiles. Plus de 208 000 personnes ont été affectées par ces catastrophes naturelles, aggravant une crise humanitaire déjà critique. Cette juxtaposition de catastrophes naturelles et de conflits armés souligne l’interdépendance des problématiques environnementales et sécuritaires, appelant à une réflexion globale sur les liens entre climat et instabilité.

L’ombre des acteurs armés et des logiques de domination

Au cœur de ces défis se trouve la question du contrôle territorial. Les « groupes armés non étatiques » imposent leurs lois : prélèvements illégaux, destruction des moyens de subsistance, ou encore enrôlement forcé des enfants. Ces stratégies visent non seulement à asseoir leur autorité sur des zones stratégiques, mais aussi à briser la cohésion sociale. Cette fragmentation du tissu social reflète une quête d’hégémonie dans un espace géopolitique où les alliances se forment et se défont au gré des intérêts économiques et militaires.

Face à cet effondrement systémique, le HCR insiste sur des initiatives cruciales, telles que le monitoring des déplacements ou les interventions pour protéger les enfants et les femmes. Mais ces efforts restent limités par l’ampleur des besoins. La reconstruction d’une paix durable nécessite bien plus qu’une simple réponse humanitaire. Elle exige une approche holistique, intégrant sécurité, justice, gouvernance et développement économique.

Cette note est une illustration parfaite que les crises, aussi profondes soient-elles, sont aussi des révélateurs d’opportunités. Si le Mali et ses partenaires parviennent à tirer les leçons de cette période, à reconstruire des institutions solides et à promouvoir une gouvernance inclusive, ce pays pourrait devenir un laboratoire de résilience et d’innovation pour toute l’Afrique de l’Ouest. Mais pour cela, il faudra transformer la situation actuelle en une force motrice d’un avenir réinventé.

Alassane Diarra 

Source : Sahel Tribune
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