Le Mali, l’un des pays les plus riches culturellement, peine encore de nos jours à peine à se faire reconnaître. Certains acteurs du monde de la culture malienne se sentent délaissés par les autorités, mais, malgré les difficultés, ils restent tous motivés.
Compte tenu de la richesse culturelle du Mali, le paysage culturel connaît toujours des difficultés par rapport à la promotion artistique et à la création musicale et théâtrale. Kary Bogoba Coulibaly, feu Teneman Sanogo, Adama Traoré, Malick Tiénan Dramé se sont donné les mains pour former la première troupe théâtrale privée du Mali, le « Nyogolon », en 1980, à côté du Kotèba national. Sur le plan musical, il y a aussi le Badema national, l’Ensemble instrumental et certains orchestres nationaux comme le Super Biton, qui se sont toujours investis dans la promotion de la culture malienne. « Il fallait un autre souffle pour ce développement culturel, musical et théâtral, et nous nous avons donné le ton pour que les autres puissent inspirer de nous », déclare Kary Bogoba Coulibaly, Secrétaire général de la Fédération des artistes du Mali et Président de l’Union nationale des comédiens du Mali.
Pour pouvoir montrer les savoirs du Mali et s’inspirer de ceux des autres pays, Adama Traoré, Directeur artistique d’Acte Sept, comédien, metteur en scène, auteur et entrepreneur culturel, a initié le festival Théâtre des Réalités en 1996. « C’est ainsi que nous avons découvert que nous manquions de tout, de techniciens au niveau de l’écriture, en son, en lumière », nous a-t-il confié.
Peu ou pas d’aides Malgré la présence d’un Institut national des arts qui est une référence en Afrique, et du Conservatoire multimédia Balla Fasseke Kouyaté, les artistes maliens n’ont pas de fonds d’aide à la création. « Pour tout ce que vous voyez comme produits et créations artistiques, les artistes font des miracles en partant de rien », affirme Kary Bogoba Coulibaly. Certains d’entre eux vivent d’ailleurs dans des conditions extrêmement difficiles. Kary Bogoba estime que la jeune génération doit s’inspirer des œuvres du terroir afin de les valoriser. « Nous avons tellement de richesses que nous n’avons pas besoin de nous laisser perdre dans des choses qui ne collent pas avec notre identité culturelle ».
Avec la crise de 2012, certains partenaires de la culture malienne sont partis et elle ne reçoit plus d’aides venant de certaines coopérations internationales, comme l’UE. « Il n’y a pas d’aide à la création, ni à la diffusion. Il n’y a pas d’aides non plus pour les structures indépendantes comme la mienne », dit Adama Traoré. « Nous sommes dans le sauve-qui-peut, dans la débrouillardise ».
En cinéma, avec Souleymane Cissé, Cheick Oumar Sissoko et Abdoulaye Ascofaré, entre autres, le Mali a remporté de grands prix à travers le monde en 1975, 1983 et 1978. Mais de 2003 à nos jours, les films maliens n’ont plus brillé. « En 2017, nous avons acquis des matériels de dernière génération en grandes quantités, pour que la production cinématographique puisse reprendre partout à travers le Mali », assure Moussa Diabaté, Directeur général du Centre national de la cinématographie du Mali. Renaissance du cinéma malien ? En outre, d’ici 2019, Bamako sera dotée de deux nouveaux complexes cinématographiques sur les rives droite et gauche. Avec des longs-métrages comme le Pari, Cheitane, Noguchi, Zabou, des films d’école ainsi que des courts-métrages, le Mali sera bien présent au FESPACO 2019. « Le CNCM compte bien remporter l’Étalon de Yennenga et entrer à Cannes par la grande porte, avec des longs-métrages et un film de création artistique qui sort de l’ordinaire. Nous sommes très confiants », s’enthousiasme Moussa Diabaté.
De nombreuses salles de spectacles ne répondent plus aux besoins du monde culturel d’aujourd’hui et certaines activités sont confiées à des structures étrangères au pays. « Il est temps que l’on fasse confiance à la jeunesse malienne pour l’évènementiel », estime Ismaël Ballo, promoteur de Prestige Consulting. Il est en train de travailler avec d’autres organisateurs de grands évènements et des producteurs à définir une programmation culturelle et à s’entraider pour la réussite des projets.
Kary Bogoba Coulibaly, de son côté, interpelle l’État, qui doit protéger et promouvoir les créations artistiques afin d’aider les artistes maliens à accéder aux marchés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et surtout à garantir leurs droits d’auteurs. Les humoristes et leurs émissions doivent également bénéficier d’un fonds annuel d’aide à la création. Pour cela, il appelle tous les artistes à l’union sacrée. « Il faut que la Convention de Florence et celle de l’Unesco de 2003 et 2015 soient appliquées, pour que les acteurs de la culture ne soient pas taxés comme n’importe quelle marchandise », ajoute
Adama Traoré
Journal du mali