L’organisation sous régionale a dépêché une mission de médiation dans notre pays. Les acteurs politiques et d’autres parties prenantes ont donné leurs points de vue
L’ancien Premier ministre, Moussa Mara, président du parti Yèlèma, livre ses impressions sur l’issue de cette mission de médiation. Il fait d’abord le constat que la mission de la Cedeao n’a pas été couronnée de succès. Pour l’ancien chef du gouvernement, l’objet principal de la mission était d’obtenir un accord entre le pouvoir et le M5-RFP. « Cela n’a pas été le cas car ses propositions ont été rejetées par le M5-RFP. Elles ont également été rejetées par les organisations de magistrats qui constituent un pilier du schéma de sortie de crise en ce qui concerne la Cour constitutionnelle », indique Moussa Mara, pour qui, sans l’application de ce schéma, il ne peut être envisagé de solution même partielle pour la question de l’Assemblée nationale, autre pilier des propositions de la Cedeao.
L’ancien maire et actuel député en Commune IV du District de Bamako pense que cela voudrait dire que les recommandations de l’organisation ouest-africaine deviennent de ce fait inopérantes. Autrement dit, même si le pouvoir voulait avancer sur la mise en œuvre des propositions de la Cedeao, il ne le pourrait pas.
« Il semble même que les tensions croissent car la frustration du M5-RFP est manifeste à travers ses différentes communications depuis samedi dernier. Ce qui n’augure pas de bonnes nouvelles pour les jours à venir », prévient Moussa Mara. D’après lui, il est urgent que la médiation nationale soit plus dense et qu’elle engage des propositions plus concrètes à l’endroit des acteurs. Aussi, il estime qu’il est indispensable qu’elle s’affirme davantage notamment face au chef de l’état en mettant en évidence sa responsabilité première dans ce qui se passe et dans ce qui se passera si rien de profond et de pertinent ne sortait de cette crise.
Du côté de l’alliance Ensemble pour le Mali (EPM) qui soutient le président de la République, la conférence des présidents réunis dimanche, félicite la délégation de haut niveau de la Cedeao conduite par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan pour la qualité des propositions contenues dans son communiqué final. La conférence des présidents de cette alliance politique relève avec satisfaction que la mission ait rappelé l’importance et la nécessité du respect des institutions de la République, notamment les voies constitutionnelles d’accession au pouvoir. L’alliance EPM se réjouit de la proposition de mise en place d’un comité technique pour assurer le suivi de la mise en œuvre des recommandations qui sera composé des représentants du gouvernement, du Parlement, de la société civile, de la magistrature, des femmes, des jeunes et de la représentation de la Cedeao au Mali.
La conférence des présidents de l’EPM soutient la proposition de l’organisation intergouvernementale relative à la reconstitution de la Cour constitutionnelle. Elle insiste sur l’urgence de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Aussi, la conférence des présidents de l’alliance politique exhorte le gouvernement à diligenter des enquêtes sur les violences ayant entraîné des pertes en vies humaines et des destructions de biens publics afin de situer toutes les responsabilités et prendre les sanctions appropriées.
Le Syndicat autonome de la magistrature et le Syndicat libre de la magistrature ont produit un communiqué conjoint pour soutenir qu’ils n’ont pas adhéré aux mesures proposées par la mission de médiation de la Cedeao. Les syndicats de la magistrature précisent qu’à l’occasion de leur rencontre le 17 juillet, ils ont fait remarquer à la délégation, l’inconstitutionnalité de ses propositions en ce qui concerne le remembrement de la Cour constitutionnelle. Mieux, les syndicats des magistrats disent avoir suggéré que ce choix, compte tenu de la position de son président (président de la République) et des membres de droit, soit opéré uniquement par les membres élus du Conseil supérieur de la magistrature.
Dieudonné DIAMA
Source : L’ESSOR