Les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad étaient réunis les 16 et 17 juillet 2022 à Kidal, la grande ville du nord du Mali, toujours sous leur contrôle.
Le fossé se creuse entre Bamako et Kidal, bastion de l’ancienne rébellion touareg, menaçant le fragile processus de paix lancé en 2015. Les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), réunis les 16 et 17 juillet 2022, “dénoncent avec inquiétude l’abandon de la mise en œuvre de l’Accord (d’Alger) notamment depuis l’avènement du gouvernement de transition”. La CMA, poursuit le communiqué diffusé le 17 juillet, “se réserve le droit d’en tirer toutes les conséquences”.
Les Touaregs proches de la rupture
La CMA, alliance de groupes touareg et nationalistes arabes du nord Mali en rébellion contre le pouvoir central, regrettait déjà en mars 2022 ” ‘l’absence totale de progrès dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger”, après les deux coups d’Etat militaires d’août 2020 et mai 2021.
C’est la première fois que les ex-rebelles de la CMA ne réaffirment pas leur attachement à l’accord de paix d’Alger signé en 2015. Il prévoit l’intégration d’ex-rebelles dans les forces de défense maliennes ainsi qu’une plus grande autonomie des régions. L’application de l’accord demeure à l’arrêt alors qu’il est considéré comme crucial pour une stabilisation du Mali, pris dans la tourmente depuis plus de dix ans.
Un nouveau leader
Autre signe d’inquiétude, la réunion de Kidal a acté un changement à la tête de la CMA, où Bilal Ag Acherif a été remplacé par Alghabas Ag Intalla, présenté comme proche du chef touareg malien Iyad Ag Ghaly, dirigeant du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Une nomination, lourde de menaces, qui pourrait annoncer un possible rapprochement des ex-rebelles touareg avec les groupes jihadistes. Le GSIM (ou Jnim en arabe) est la principale alliance jihadiste au Sahel, liée à Al-Qaïda. L’organisarion est responsable de centaines d’attaques contre les soldats maliens et les populations civiles ces dernières années.
Une certitude : les indépendantistes touareg et les plus radicaux gagnent du terrain au sein du CMA et proposent de quitter le processus de paix. L’histoire politique des Touaregs a été marquée depuis la colonisation française par ce débat interne entre partisans de la négociation et ceux de la résistance armée.
Protéger les populations
La CMA a toutefois “condamné toutes les formes de violences et de terreurs exercées sur la population civile” et “déplore l’absence d’une réponse appropriée à cette situation dramatique”, dans son communiqué. La crise politique au Mali va de pair avec une grave crise sécuritaire en cours depuis le déclenchement, en 2012, d’insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord.
Ces violences, qui ont gagné le centre ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins, ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés au Mali.
Source: francetvinfo