Le jeu politique et l’enjeu de la transition vont-ils peser sur le pouvoir de transition du Président Bah Ndaw ? Rien n’est moins sûr.
Aussitôt installé sous la pression de la CEDEAO, le gouvernement de la transition offre une première lecture de la volonté de la Junte militaire de mettre hors circuit la classe politique malienne, du moins celle qui avait porté le flambeau de la contestation, au sein du M5 RFP ,contre le régime déchu du Président Ibrahim Boubacar Keita(IBK).
La désignation du diplomate Moctar Ouane, et la composition du gouvernement sans les figures de proue de la révolte contre IBK, avec uniquement des technocrates, porte la marque de la charte de transition, mais également emporte l’onction de la CEDEAO.
En effet, l’art 13 rend inéligible tous les membres du gouvernement de transition en plus du Président et du vice- président.
Ainsi, la classe politique est appelée à mieux se pourvoir auprès des électeurs pour les prochaines élections présidentielle et législative. Celle-ci conserve des positions au sein de l’organe législatif de Transition. C’est très logique de mettre les protagonistes hors du champ de l’agenda de la transition surtout en ce qui concerne la préparation et l’organisation des élections, étant entendu qu’aussi bien les membres de la junte que les politiques (il y’en a, même s’ils ont été un moment inactifs sur le terrain) au sein du gouvernement sont insusceptibles de faire acte de candidature à la fin de la transition.
La Charte de la Transition et la Cedeao réussissent le coup à éliminer toute velléité de conservation du pouvoir par la Junte, mais laissent en suspens la question de la vacance du pouvoir non prévue par la Charte et qui peut être dangereuse par la suite, dés lors que le vice- président de la transition est toujours Assimi Goita, le chef de la junte militaire.
Ces verrous ouvrent-ils la voie au retour des civils dans 18 mois. Ce serait l’idéal si ce délai pouvait être tenu.
En tout cas la libération de Soumaila Cissé, ancien premier Ministre et leader de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) apportera certainement une nouvelle donne.
Nonobstant le fait qu’elle enrichit le bilan de la nouvelle équipe gouvernementale, et ce n’est pas rien, même s’il faut admettre que le processus avait été enclenché sous le régime d’IBK, c’est un élément de pacification de l’espace politique malien et de légitimation du pouvoir en place.
L’espace politique sera de fait, complètement reconfiguré avec Soumaila Cissé comme leader reconnu de l’opposition qui se repositionne déjà comme interlocuteur naturel du gouvernement de transition, et pourquoi pas comme futur candidat à la présidentielle.
D’ores et déjà le gouvernement Ouane devra s’atteler à recouvrer l’intégralité du territoire, mais aussi à sa sécurisation pour enfin un redéploiement de l’Administration malienne sur toute l’étendue du pays, ce qui est loin d’être le cas, surtout au Nord Mali.
Allafrica.com