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MALI: LE VIOL À LA LOUPE

Ces deux dernières semaines,  l’actualité malienne a été dominée par des cas de viols et de tentatives d’abus sur mineurs. Rétrospective d’une forme de VBG qui a indigné tout le pays.

Suite à une vidéo postée sur les réseaux sociaux dans laquelle quatre jeunes violent une fille, une enquête a été ouverte par la police pour identifier les auteurs du crime et la victime afin de l’apporter assistance et soutien. Moins de 24heures après l’arrestation des présumés coupables ayant abusé de la jeune fille, une autre image a circulé sur la toile. Cette fois-ci, c’est un sexagénaire qui tentait d’abuser d’une fille de trois ans. Surpris par un jeune garçon, le « violeur » a été molesté par les habitants de Yirimadjo, le quartier de Bamako où s’est déroulée l’affaire. Conduit à la police, il a reconnu les faits. Comme l’ouverture d’une boite de pandore, d’autres cas ont été signalés un peu partout dans la capitale malienne. Au total, une quinzaine de « bourreaux »ont été arrêtés par la police. L’indignation était totale.

Ces affaires ont suscité colère et débat autour du phénomène de viol. Des hastags comme  #BalanceTonPorc ou encore #MeeToo ont été largement utilisés par les internautes maliens. Beaucoup ont dénoncé la montée en puissance du phénomène et même contribué à l’arrestation des principaux suspects en partageant leurs images sur les réseaux sociaux.

Pourquoi ces séries de scandales ?

En plus de la crise qui porte le Mali à la Une des medias internationaux, les yeux du monde ont été braqués sur le pays durant ces deux semaines. Pourtant le Mali est considéré comme un pays ou plus de 90% de la population est musulmane. Or, selon l’imam, Madou Coulibaly, l’islam condamne avec la dernière énergie le viol. Pis, précise M. Coulibaly, cette religion interdit même aux hommes de toucher à des femmes d’autrui.  S’agissant des auteurs de la vidéo circulée sur la toile, il dira qu’ils sont soumis à de multiples châtiments selon les textes musulmans. « Devant Allah ‘Dieu’,  ils sont coupables de deux forfaitures : le viol et la publication du film du viol, ce qui est d’ailleurs plus grave que le premier acte », a-t-il précisé.

Abondant dans le même sens, Maimouna Dioncounda Dembélé, engagée dans la lutte contre les VBG et responsable de l’égalité Homme/Femme à Avocat Sans Frontière, fait une analyse globale de la situation des VBG au Mali. Selon elle, il est aujourd’hui difficile de donner un chiffre exacte des cas de VBG dans le pays car, seulement 20% des cas sont répertoriés et plus de la majeure partie des victimes acceptent leur sort et ne portent pas plainte. « Elles sont confrontées à nos croyances et coutumes. Elle se sentent obligées d’accepter la torture au motif que leurs enfants seront bénis »«Faux », dit-elle car, ce ne sont que des « préjugés ».

« Nos coutumes sont contre le viol. Autrefois, les violeurs étaient excommuniés. Ils n’avaient plus le droit de se marier, de fonder une famille et même de partir à la guerre car, on disait qu’ils apportaient malheur », rappelle Moussa Touré, un nonagénaire (plus de 90ans) très attaché aux valeurs sociétales. Pour cet ancien militaire, il est absurde d’admettre qu’au Mali, le viol soit impuni. « Non, notre culture est contre et nos aïeuls ont le plus souvent condamné à mort les violeurs. C’était répugnant. A cette époque, toute la famille du bourreau était indexée et des fois, après réparation et justice, cette famille quittait même la contrée», précise-t-il.

Les victimes ont-elles des refuges au Mali ?

Oui, répond Maimouna Dioncounda Dembélé. Elle cite l’ONG Wildaf, Asdaf et d’autres organisations et associations engagées dans le combat contre les VBG. Aussi, ses associations viennent en aide aux femmes et jeunes filles victimes de viol. « Il y a la prise en charge médicale, psychologique et juridique. Mais pour bénéficier de cette prise en charge,  les victimes doivent joindre ses structures afin d’exposer leurs problèmes. Dans d’autres cas comme ceux véhiculés récemment sur les réseaux sociaux, les associations s’autosaisissent du dossier », a rappelé la défenseuse des causes féminines.  Et d’ajouter : « les ONG sont ouvertes à toutes les victimes, mais il suffit de les contacter ».

Pour lutter efficacement contre le phénomène dans le pays, beaucoup de Maliens estiment que c’est à la justice de faire son travail. Elle peut bien contribuer à l’éradication des VBG surtout le viol en traquant les bourreaux et en appliquant strictement les textes.  Aussi, la lutte devra être une affaire de tous : société civile, religieux, homme politique et surtout la jeunesse car le viol, à l’instar des autres formes de VBG, constitue un véritable danger pour l’harmonie dans la société et le vivre ensemble. Il favorise également la prolifération des maladies sexuellement transmissibles comme le Sida, l’hépatite, etc.

Aliou Diallo

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